Les nouvelles les plus importantes de la journée

Grèves massives au Nigeria : Comment les syndicats ont-ils amené le gouvernement à s’engager à augmenter le salaire minimum ?

Grèves massives au Nigeria : Comment les syndicats ont-ils amené le gouvernement à s’engager à augmenter le salaire minimum ?

La lutte est payante. Le gouvernement nigérian s’est engagé à doubler le montant du salaire minimum, a indiqué l’un des principaux syndicats, le Nigeria Labour Congress (NLC), mardi 4 juin au matin, sur son compte X (ex-Twitter). Le salaire minimum, initialement de 30 000 nairas par mois (environ 20 euros), serait augmenté pour atteindre « un montant supérieur à 60 000 naira » – environ 40 euros-. Le syndicat a indiqué qu’il organisait des consultations internes pour décider des suites à donner au mouvement lancé lundi. En attendant, la grève est prolongée, a-t-on pu lire sur son compte X (ex-Twitter) mardi 4 juin au matin.

Pour mettre en œuvre l’augmentation du salaire minimum, il a déjà été convenu que des réunions auraient lieu entre le gouvernement et les syndicats «  tous les jours de la semaine à venir ». Des progrès obtenus à l’issue d’une réunion, lundi 3 juin, entre les deux élus des principales organisations syndicales du pays, le Nigeria Labour Congress (NLC) et le Trade Union Congress (TUC), et les ministres de l’Information et du Travail. Et qui sont le fruit de la mobilisation massive des travailleurs nigérians.

Une grève massive

Les syndicats des secteurs ferroviaire, bancaire, aérien, de la construction, de la santé, de l’éducation et de l’électricité ont répondu à l’appel du NLC et du TUC, qui avaient exhorté les salariés à rester chez eux. « Les travailleurs nigérians restent chez eux. Oui ! Pour un salaire décent. Non ! Pour un salaire dérisoire », scandaient les syndicats, dans un visuel sur les réseaux sociaux. Le refus de l’augmentation du prix de l’électricité fait également partie des raisons avancées dans un communiqué publié vendredi 31 mai.

Et le résultat de ces appels à la mobilisation a été convaincant. Des coupures d’électricité ont eu lieu, notamment une coupure du réseau électrique national dans la nuit du dimanche 2 juin au lundi 3 juin, provoquant des coupures dans tout le pays, selon l’Agence France-Presse.

Le trafic aérien a également été fortement perturbé en raison de l’annulation des vols intérieurs. « Plusieurs compagnies aériennes nigérianes ont prévu des perturbations pour mardi, d’autant que les syndicats des travailleurs des compagnies aériennes ont annoncé que la grève affecterait les vols internationaux à partir de mardi »rapporte l’AFP.

Les écoles ont également été fermées. « Les travailleurs nigérians, qui constituent l’épine dorsale de l’économie de notre pays, méritent des salaires justes et décents qui reflètent les réalités économiques actuelles. » » ont déclaré les syndicats dans un communiqué publié vendredi 31 mai sur X (anciennement Twitter).

Mobilisations contre la thésaurisation des richesses

Cette grève fait suite à plusieurs autres mobilisations massives au Nigeria. Les Nigérians se sont fortement mobilisés dans les rues en octobre 2023. Les deux principaux syndicats, le NLC et le TUC, ont dénoncé des mesures économiques qui ne profitent pas aux travailleurs, et un prix de l’essence bien trop élevé : « Le gouvernement a complètement abdiqué et a fait preuve d’un manque flagrant de volonté d’agir, abandonnant ainsi le peuple et les travailleurs dans une pauvreté et un découragement atroces. ».

Une réduction des tarifs des bus et une augmentation temporaire du salaire minimum pendant six mois à 55 000 naira ont alors été adoptées. Mais les réformes économiques, condamnées par les syndicats, ont été maintenues. En février et mars derniers, quelques milliers de Nigérians ont de nouveau manifesté contre les conséquences de l’inflation, à l’appel des syndicats, sans obtenir gain de cause.

Une situation économique au bord du gouffre

Ces mobilisations massives interviennent après un an au pouvoir du président Bola Ahmed Tinubu. Le chef de l’État a mis fin aux subventions aux carburants et au contrôle des changes, ce qui a entraîné un triplement des prix de l’essence et une hausse du coût de la vie alors que le naira baissait par rapport au dollar.

En avril, l’inflation s’est établie à 33,6% sur un an, selon les données de la Banque centrale du Nigeria, obligeant de nombreux Nigérians à sauter des repas ou à renoncer à certains produits comme la viande, les œufs ou le lait, rapporte l’AFP.

En plus de sa politique qui permet la monopolisation des richesses par quelques-uns, le président a été accusé par Amnesty International de ne pas agir contre les violations des droits humains. L’ONG a ainsi exhorté le chef de l’Etat, en novembre dernier, à « s’engager publiquement à mettre fin à des décennies de violations des droits de l’homme en veillant à ce que les auteurs présumés des violations passées soient traduits en justice et en mettant en œuvre des garanties qui améliorent considérablement le respect des droits de l’homme ».

Avant de partir, une dernière chose…

Contrairement à 90% des médias français aujourd’hui, L’humanité ne dépend pas des grands groupes ou des milliardaires. Cela signifie que :

  • nous vous apportons des informations impartiales et sans compromis. Mais aussi ça
  • Nous n’avons pas pas les moyens financiers dont bénéficient d’autres médias.

Une information indépendante et de qualité a un coût. Paye le.
Je veux en savoir plus

Quitter la version mobile