Plusieurs centaines de personnes sont venues participer dimanche à Grenoble à une marche silencieuse en hommage à Lilian Dejean, un employé municipal abattu il y a une semaine par un homme toujours en fuite.
Organisée par la famille de la victime, la marche est partie peu après midi du boulevard Jean Pain, où s’est déroulé le drame, pour rejoindre le quartier où a grandi Lilian Dejean, le village olympique, au sud de Grenoble, en faisant un détour par le bureau de propreté urbaine où il travaillait, comme le rapporte Dauphine libérée.
Son frère appelle à ramasser les déchets sur le parcours du cortège
Avant le départ du cortège, Jean-Marc Dejean, l’un des frères de la victime, a remercié la foule d’être là et souhaité que la marche se déroule « dans la bienveillance et la tranquillité ». Il a invité les participants à se munir de pinces et de sacs poubelles pour « ramasser un ou deux détritus sur la route ». « Je pense que là où il est, (Lilian Dejean) aurait aussi aimé qu’on rende sa ville propre, au sens propre comme au sens figuré », a-t-il ajouté. Des sacs poubelles ont été mis à disposition des participants et plusieurs personnes ont commencé à ramasser des déchets pendant la marche.
Dans le cortège, en présence du maire écologiste Eric Piolle et d’autres élus, Virgile Comella, ami et collègue de Lilian Dejean depuis plus de 25 ans, est venu « lui rendre un grand hommage ». « C’était quelqu’un d’investi dans la mairie de Grenoble. Il a mis en place la propreté urbaine, il était investi dans les syndicats. C’était un pilier de la mairie », a-t-il déclaré.
« Je n’ai jamais vu autant de violence que maintenant »
Rose rouge à la main, Evelyne Clavel, 73 ans, est là « pour la famille ». Elle dénonce « un délit car la personne vient travailler, se fait tirer dessus comme un animal », explique-t-elle. « Il faut que cette violence cesse, je n’ai jamais vu autant de violence que maintenant », déplore-t-elle, alors que la métropole alpine a été marquée durant l’été par de nombreux actes de violence et fusillades entre trafiquants de drogue.
Sur une passerelle, près du lieu du meurtre, on peut lire sur une banderole : « Un homme de valeurs, victime d’une violence devenue trop banale. » Une femme participant à la marche tient une pancarte sur laquelle on peut lire : « Lilian Dejean, ton grand cœur t’a volé la vie », avec le mot « cœur » dessiné dessus.
Que savons-nous du meurtrier présumé ?
Le meurtrier présumé, âgé de 25 ans, dont la carte d’identité a été retrouvée dans la voiture accidentée qu’il avait abandonnée sur les lieux, est activement recherché depuis une semaine. La police a mené des perquisitions, notamment à son domicile, à Saint-Martin-d’Hères, dans la banlieue de Grenoble. Aucune personne n’a été placée en garde à vue, selon le parquet.
Une information judiciaire a été ouverte pour « meurtre sur personne chargée d’une mission de service public », « blessures involontaires » « aggravées par vitesse et délit de fuite », et « détention d’armes de catégorie B ». Le suspect est connu de la justice notamment pour « vols, violences et trafic de stupéfiants » et pour avoir tabassé, avec cinq codétenus, un autre détenu de la maison d’arrêt de Varces (Isère) en juin 2023.
Jugé en août 2023 pour ces violences, il a été condamné à quatre mois de prison avec interdiction de détenir une arme pendant cinq ans. Une semaine après son retour en prison, il était impliqué dans de nouvelles violences pour lesquelles il devait être jugé le 3 octobre.
Lilian Dejean sera inhumé mercredi en Guadeloupe
Lilian Dejean, un père de famille de 49 ans, a été blessé par balle au thorax tôt le 8 septembre alors qu’il tentait d’empêcher de prendre la fuite un homme qui avait provoqué un accident de la circulation au volant d’une puissante voiture de location immatriculée en Pologne.
L’employé municipal est décédé peu après à l’hôpital. Son décès a suscité une immense émotion parmi ses collègues et les habitants, qui lui avaient rendu de vibrants hommages dès le lendemain du meurtre. Sa dépouille a été remise à sa famille cette semaine par les enquêteurs et devrait être inhumée mercredi en Guadeloupe.
Le drame s’est produit dans un contexte de tensions dans la métropole alpine. Depuis le début de l’année, au moins 18 épisodes de violences par armes à feu ont été recensés sur le territoire et les autorités n’hésitent plus à parler de « guerre des gangs ». Le dernier en date a eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche, lorsque deux hommes ont été blessés, dont un grièvement, par des tirs à Fontaine, commune limitrophe de Grenoble.
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