Jannah Theme License is not validated, Go to the theme options page to validate the license, You need a single license for each domain name.
actualité économiqueNouvelles locales

Grégory Montel : « Nougaro m’a donné le courage de dire je t’aime »


L’un est acteur. L’autre accordéoniste. Ils ont en commun une passion commune pour Nougaro. Ensemble, Grégory Montel, bien connu du grand public depuis la série « Dix pour cent », et Lionel Suarez, accordéoniste, avec la complicité du metteur en scène Charif Ghattas, ont imaginé un spectacle unique. Une invitation à pénétrer dans l’univers de l’artiste, disparu il y a bientôt vingt ans. « Ici Nougaro » est une balade chantée dans l’univers de l’artiste toulousain, à travers l’itinéraire de deux personnages un peu perdus, mais qui s’accrochent à la vie. Un peu comme Nougaro s’accrochait au verbe, à l’incandescence du verbe. Cela passe par les mots dits, chuchotés et parfois chantés par Montel ; une partition musicale envoûtante jouée par Suarez. Leur duo fait des étincelles. « Ici Nougaro » est une création qui sort des sentiers balisés des biopics pour se lancer dans l’univers poétique et sensoriel de Nougaro. Un spectacle sincère et généreux.

Parlons de la genèse de ce spectacle, de cette envie de convoquer Claude Nougaro sur un plateau…

C’est la faute de mon père ! Il écoutait Nougaro tout le temps et laissait traîner ses 33 tours que j’écoutais en boucle. J’ai appris à aimer Nougaro, son côté aventureux de la musique. Du Brésil à Harlem, de Toulouse à New York en passant par Bamako, il avait une capacité phénoménale à rechercher, à se réinventer, tout le temps. Et puis il y a l’accent de Nougaro, sa façon de rouler les « r », qui donnait quelque chose de chaleureux à son phrasé. Dans les chansons de Claude, on entend le Sud. Et je me suis retrouvée dans le caractère haut en couleur de ses chansons, simples, populaires et poétiques à la fois.

Qu’est-ce qui vous a attiré dans la poésie de Nougaro ?

Je viens d’un milieu de petits commerçants, qui n’avaient rien à voir avec la poésie. Même si mon grand-père passait son temps à chanter Maurice Chevalier et Charles Trenet toute la journée, je pensais que la poésie n’était pas pour moi. Ou Nougaro, nonchalamment, jouant avec les rimes, vous attire vers la beauté, vers la poésie. Il m’a permis de passer de rien à René Char. Et puis Nougaro ne se prenait pas trop au sérieux, sa poésie était pleine d’humour et ça m’a aidé à surmonter ce petit complexe provincial que j’avais, surtout quand on fait ses études artistiques tout seul. J’ai eu la chance de le voir à Marseille, Bollène, Nice, Juan-les-Pins… Sur scène, j’ai découvert un petit Nougaro trapu qui dégageait tellement de charisme. Je me suis reconnu dans son côté « petit toro », fonceur, boxeur. Dans son rapport aux femmes aussi. « Une petite fille en larmes » me parle beaucoup : cette modeste histoire d’amour est aussi très provinciale. Les provinciaux sont des gens très modestes, alors ils écrivent de très belles choses. A Paris, c’est plus facile de dire je t’aime. En province, c’est plus compliqué. Et Nougaro m’a donné le courage de m’exprimer et de dire je t’aime.

Nougaro ne se prenait pas trop au sérieux, sa poésie était pleine d’humour et ça m’a aidé à surmonter ce petit complexe provincial que j’avais, surtout quand on fait ses études artistiques tout seul.

Comment avez-vous rencontré Lionel Suarez, qui était l’un des accordéonistes de Nougaro ?

C’est par ma femme Marine qui l’a connu, ayant fréquenté les poètes de Belleville et de Ménilmontant. Quand on s’est vu pour la première fois avec Lionel, on s’est tout de suite entendu. J’ai participé à son festival qu’il a créé dans son Aveyron natal, le Festival des Bretelles, avec les frères de Zebda, Jehan. Quand je lui ai parlé du spectacle, il a dit oui, sans hésiter, à condition que ce ne soit pas un tour de chant. Charif considérait que Lionel devait être un personnage à part entière dans la série, pas seulement un accompagnateur. Lionel représente un peu Jacques Audiberti (un ami indéfectible de Nougaro – ndlr), une sorte de figure tutélaire, morale et artistique, l’étoile du berger de ce sosie de Nougaro que je suis sur scène. Si Lionel n’avait pas accepté de faire partie de cette aventure, il n’y aurait pas eu de spectacle. Ce duo que nous formons, je l’adore. Lionel sait faire sur un plateau ce que beaucoup ne savent pas faire : rien. Lionel est très beau, très expressif et il suffit de se regarder pour que le spectateur ressente cette complicité. Charif Ghattas a très bien compris l’enjeu : pas de tournée de chant, pas de biopic. D’où cette idée géniale d’inventer un sosie de Nougaro, un sosie perdu dans toutes les strates de son être, perdu socialement, amoureusement, professionnellement.

Parlons de votre parcours : qu’est-ce qui vous a donné le goût du théâtre ?

C’est la faute à l’éducation nationale ! Cela remonte à mes années collège où je remplaçais au pied levé un ami dans le rôle de Chérubin dans « Le Mariage de Figaro ». Je suis entré dans le plateau et ça m’a fasciné ! Après mon bac, j’étudie le droit. J’ai 25 ans, trop tard pour présenter les concours nationaux scolaires donc je m’inscris au stage Florent. Le seul que je connaisse. Je m’y mets en même temps que je prépare l’école du barreau. Évidemment, j’ai été aspiré par le théâtre. En 2003, nous avons joué « Du vice à la Racine » de et mis en scène par Charif, 150 représentations dans toute la France. J’agrandis ma famille artistique. C’est ainsi que j’ai rencontré Dominique Besnehard, qui m’a engagé dans son agence…

Et puis la popularité vous rattrape avec la série « Dix pour cent »…

Avant de tourner dans « Dix pour cent », j’ai tourné en 2012 dans « l’Air de rien » (un film de Grégory Magne et Stéphane Viard) et j’ai été nommé aux révélations des Césars. Le film est apprécié de la critique et de la profession. Je ne pense pas que j’aurais été pris dans « Dix pour cent » si je n’avais pas tourné dans « l’Air de rien ». Ce film m’ouvre des portes et « Dix pour cent » me fait rencontrer le succès. Et quand on connaît un tel succès populaire, ça change tout.

Icône Citation Les provinciaux sont des gens très modestes, alors ils écrivent de très belles choses. A Paris, c’est plus facile de dire je t’aime. En province, c’est plus compliqué.

Comment gérez-vous le succès ? Peut-il être dangereux ?

Je n’y vois aucun danger si ce n’est de s’enfermer dans un genre, dans un certain type de personnage, celui du gentil, du bon pote que j’incarne dans « Dix pour cent »… Quand tu commences à avoir un image dans ce métier est déjà un bon début. Il y a tellement d’acteurs, bien plus talentueux que moi, qui sont invisibles. Je me suis posé cent fois la question de casser mon image. Finalement, j’ai laissé tomber. C’est à moi de prouver que je peux sortir de ma zone de confort. C’est à moi de prouver que je suis un artiste. Il y a deux ans, je ne vous aurais jamais dit des choses comme ça. Depuis la pièce de Nougaro, j’ai un peu plus de considération pour l’artiste que je suis. Parce que je prouve que je peux chanter, m’essayer à d’autres registres que la comédie, que je suis capable de tenir la scène.

As-tu d’autres projets, d’autres histoires que tu aimerais raconter ?

J’ai beaucoup de choses que je voudrais dire. Mon rêve est de retourner au théâtre avec une troupe. Il y a beaucoup de travail pour trouver un public un peu délaissé, pour l’amener à voir Pommerat ou Ostermeier. C’est ce que j’essaie de faire à Digne-les-Bains. J’ai acheté le cinéma de la ville, Le Top, fermé depuis vingt ans, pour 28 000 euros. J’ai monté une association, une coopérative d’intérêt collectif, avec le soutien de SOS culture. Matthieu Poitevin, l’architecte de la Friche de la Belle de Mai, a conçu notre projet. L’idée est de créer une sorte de tiers-lieu culturel, ouvert toute la journée, qui accueille des spectacles, des concerts, des films, des artistes en résidence ; un lieu de rencontre, de formation et d’intégration. Je me suis battu avec les institutions pour qu’on se donne les moyens de promouvoir la culture dans un territoire qui souffre de ses équipements obsolètes. Nous sommes dans un bassin de 40 000 personnes, loin de la culture. Il faut leur donner le goût. Nous avons prévu d’organiser un festival l’été, le Festival au Top… Qui sera forcément au top !

Ici Nougaro, jusqu’au 23 avril, du mardi au dimanche, au Théâtre de l’Atelier, 1, place Charles-Dullin, 75018 Paris. Réservations : 01 46 06 49 24 ou billetterie@theatre-atelier.com


Grb2

Toutes les actualités du site n'expriment pas le point de vue du site, mais nous transmettons cette actualité automatiquement et la traduisons grâce à une technologie programmatique sur le site et non à partir d'un éditeur humain.
Photo de Cammile Bussière

Cammile Bussière

One of the most important things for me as a press writer is the technical news that changes our world day by day, so I write in this area of technology across many sites and I am.
Bouton retour en haut de la page