Le 28 mars, le groupe Thales, spécialiste français de l’électronique de défense, a annoncé la création d’une nouvelle entité qui, baptisée « cortAIx », regroupera l’ensemble de ses compétences dédiées à l’intelligence artificielle (IA). afin de fournir « aux armées, aux avionneurs et à tous les opérateurs d’infrastructures critiques des solutions hautement sécurisées leur apportant plus d’efficacité dans l’analyse des données et la prise de décision, tout en tenant compte des contraintes spécifiques, telles que la cybersécurité, l’embarquement et la frugalité, liées aux environnements critiques ».
« Thales est depuis une décennie un acteur majeur de l’IA fiable, transparente, explicable et éthique. Le Groupe est en tête en Europe du classement des déposants de brevets en IA pour systèmes critiques. Elle intègre l’IA dans plus d’une centaine de ses produits et services », rappelle encore l’industriel.
Dans le détail, la structure cortAIx sera organisée selon trois pôles. Ainsi, situé à Saclay, cortAIx Lab sera le « laboratoire intégré le plus puissant dans le domaine de l’IA critique en Europe ». Ses travaux de recherche seront exploités par cortAIx Factory, l’usine « technologique » de Thales dédiée à l’intelligence artificielle. Celui-ci aura pour mission d’accélérer « la qualification et l’industrialisation des outils de développement de l’IA ainsi que des cas d’usage des données système ».
« Thales équipe déjà ses systèmes en IA et continue d’identifier de nouveaux cas d’usage pour accélérer les performances, comme la planification de missions, la gestion du trafic aérien, le pilotage de drones et de robots », précise le groupe.
Enfin, le troisième pôle, baptisé cortAIx Sensors, se concentrera sur l’intégration d’algorithmes d’IA dans les capteurs développés par Thales (sonars, radars, optronique, etc.). L’objectif est d’« augmenter » leurs capacités, que ce soit en termes de perception et d’identification de la menace et des cibles.
Pour illustrer ce que l’IA peut faire dans ce domaine, Thales a pris l’exemple de la nacelle Talios (pour Targeting long-range Identification Optronic System), qui permet d’identifier et de suivre des cibles mobiles de toute taille, de jour comme de nuit, grâce à son capteurs électro-optiques et infrarouges haute résolution.
En novembre 2022, la Direction générale de l’armement (DGA) indiquait qu’elle venait de livrer à l’armée de l’air et de l’espace un pod TALIOS enrichi de « deux nouvelles capacités », dont un « capteur grand champ de couleur visible » et une nouvelle liaison de données permettant « transmettre des vidéos ainsi que des métadonnées aux troupes sur le terrain afin d’améliorer la coordination des opérations ».
Mais selon Thales, l’intelligence artificielle qui sera intégrée à la nacelle TALIOS permettra d’aller encore plus loin en accélérant la « recherche de cibles dans le cadre de missions d’appui aérien, faisant ainsi gagner un temps précieux à l’équipage ». »
« L’IA intégrée au capteur analyse les images en temps réel et fournit la position des cibles détectées 100 fois plus rapidement que par recherche manuelle. L’affichage des cibles détectées permet à l’équipage de confirmer leur identification et de décider d’engager le combat. L’IA fait office d’assistant du pilote, qui a la décision finale d’ouvrir le feu », explique l’industriel.
Et d’ajouter : « L’IA embarquée dans le pod Talios répond aux exigences de frugalité en termes de puissance de calcul. Il est le résultat des travaux de recherche du laboratoire Thales AI, qui
a développé le Neural Processor de Thales, c’est-à-dire une interface homme-machine « adaptée au cockpit ».
Ces avancées en matière d’IA seront intégrées au standard Rafale F4.3.
A noter que, pour le Rafale F5, dont le développement est prévu par la loi de programmation militaire (LPM) 2024-30, il est question de fusionner les nacelles TALIOS et RECO NG, les études ayant été confiées à Thales LAS dans le cadre du « Projet «Pod TR».