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Gouvernement. Le profil de Laurence Garnier, pressentie pour rejoindre le ministère des Familles, suscite un tollé

Gouvernement. Le profil de Laurence Garnier, pressentie pour rejoindre le ministère des Familles, suscite un tollé

C’est ce qu’on appelle un tollé. Opposée au mariage pour tous et à l’inscription dans la Constitution de la liberté de recourir à l’avortement : le profil très conservateur de la sénatrice républicaine Laurence Garnier, pressentie pour être ministre des Familles, a fait bondir la gauche et une partie du camp présidentiel, qui dénoncent une « provocation ».

L’élu nantais de 46 ans, chef de file de l’opposition à la maire socialiste Johanna Rolland, fait partie du casting soumis par les LR pour le futur gouvernement du Premier ministre Michel Barnier, selon plusieurs sources au sein du parti de droite et du bloc central.

Ce choix a immédiatement provoqué un tollé, en raison des positions passées prises par ce parlementaire proche de Bruno Retailleau, chef de file des sénateurs LR lui-même proposé à l’Intérieur. Selon un conseiller de l’exécutif, Emmanuel Macron a alerté le Premier ministre sur le « profil délicat » de la sénatrice et beaucoup se sont demandés vendredi si sa présence au gouvernement n’était pas déjà menacée.

« Une colère folle »

« Laurence Garnier est une femme très à droite, qui a eu des engagements sociaux contre lesquels je me suis toujours battue. A ce poste, ce n’est pas un bon signe. C’est un symbole qui est donné », s’est inquiété sur BFMTV le chef de file des sénateurs socialistes Patrick Kanner, qui siège avec Garnier à la commission culture et éducation du Sénat.

« Je n’ai pas de mots. Juste une colère folle », a déclaré sur X l’eurodéputée insoumise Manon Aubry. Sa collègue LFI Sarah Legrain a évoqué une « immense provocation » si le nom de Laurence Garnier était confirmé.

Laurence Garnier, si elle était nommée, serait à l’opposé de la ministre sortante, la MoDem Sarah El Haïry, première femme ministre à rendre publique son homosexualité et sa grossesse issue d’une procréation médicalement assistée (PMA). « Laurence Garnier à la Famille, il faut voir ce que ça donne ! », s’indigne ainsi une parlementaire MoDem, jeudi soir.

Les associations s’inquiètent

Guillaume Gouffier Valente, député de l’aile gauche du parti Renaissance présidentielle, a lui aussi exprimé sa désapprobation à l’égard de X, ciblant Laurence Garnier sans la nommer. « Certaines rumeurs de nomination au gouvernement sont particulièrement inquiétantes concernant la défense des droits des femmes et des personnes LGBTQ+. Ces combats ne seront jamais négociables », a-t-il écrit, demandant « une position extrêmement claire » de Michel Barnier lors de sa déclaration de politique générale.

Sénatrice depuis 2020, Laurence Garnier a mené en 2021 l’examen d’une proposition de loi LREM pour « une réelle égalité économique et professionnelle » qui instaure des quotas de femmes aux postes de direction dans les grandes entreprises. Mais ses positions sur la sexualité et la santé reproductive inquiètent. En 2013, Laurence Garnier s’est opposée au mariage homosexuel et a soutenu la Manif pour tous (contre le mariage gay). En 2021, elle s’est également opposée à la création d’un délit punissant les thérapies de conversion, ces pratiques visant à imposer l’hétérosexualité aux personnes LGBT.

Contre l’inscription de l’avortement dans la Constitution

Et en février 2024, elle vote contre l’inscription dans la Constitution de la liberté garantie d’avorter : « nos concitoyens attendent du gouvernement qu’il s’occupe de redresser notre pays, plutôt que de problèmes qui n’existent pas », justifie-t-elle. Quelques semaines plus tard, elle approuve un projet de loi controversé du Sénat visant à réguler les transitions de genre chez les mineurs, notamment en interdisant la prescription d’hormones intersexuelles et en conditionnant très strictement l’administration de « bloqueurs de puberté » à ces jeunes.

« En tant qu’association œuvrant pour l’égalité des droits LGBTI, nous sommes inquiets de la capacité de Laurence Garnier à défendre les droits de toutes les familles ! », a alerté l’association Gaylib, qui milite pour les libertés des personnes LGBT, sur X.

Ancienne cadre chez PSA Peugeot Citroën, Laurence Garnier est conseillère municipale à Nantes depuis 2008 et a été vice-présidente de la région Pays de la Loire de 2015 à 2020, en charge notamment de la Culture. Ses détracteurs se souviennent qu’elle avait privé de financement le festival de cinéma LGBT Cinépride de Nantes, estimant que ses organisateurs avaient favorisé la GPA.

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