Le système d’exploitation Android a la réputation d’être plus ouvert qu’iOS, son concurrent développé par Apple. Ce discours est revenu sur le devant de la scène en Europe, suite à la décision d’Apple de se conformer au European Digital Markets Act (DMA). L’écosystème applicatif de la marque à la pomme connaît actuellement des évolutions historiques, se rapprochant d’Android sur plusieurs points. Une petite ressemblance qui ne doit pas faire oublier que le système Android que l’on connaît dépend grandement des actions de Google. Comme on l’a vu avec l’embargo américain qui a frappé Huawei, les services Google (GMS) sont indispensables pour bénéficier d’une expérience complète. Un contrôle sur l’OS qui est régulièrement dénoncé par certains, comme Epic Games.
L’éditeur du jeu Fortnite a entamé une bataille juridique très médiatisée contre Apple, mais aussi contre Google. Il a accusé le géant américain de la recherche de monopole illégal sur le marché des applications avec son magasin d’applications. La justice a finalement donné raison à Epic Games fin 2023, reconnaissant que Google s’était rendu coupable d’abus de position dominante avec son Play Store. Un juge américain impose désormais des changements drastiques à Google et pousse la firme à ouvrir les portes de son Play Store à la concurrence.
Magasins alternatifs, fin des exclusivités… Google doit transformer en profondeur le Play Store
Le juge James Donato vise à offrir plus d’options aux utilisateurs d’Android. Il exige que Google distribue des magasins alternatifs sur le Play Store, ouvrant ainsi le magasin du géant américain à une concurrence sans précédent. Concrètement, les utilisateurs d’Android pourront télécharger l’Epic Games Store ou F-Droid depuis le Google Play Store. Il ne sera plus nécessaire de suivre un itinéraire détourné, comme c’est le cas actuellement. De plus, Google devra autoriser les magasins d’applications tiers à distribuer les applications Google Play, à moins que les développeurs choisissent de ne pas les proposer via des magasins alternatifs.
La décision du juge, comme le rapporte Reuters, marque également la fin des accords financiers entre Google et les fabricants d’appareils ou les opérateurs mobiles. Il est interdit au moteur de recherche de négocier pour avoir des applications exclusivement sur le Play Store ou d’empêcher la concurrence de son magasin. Il devient également impossible pour Google de trouver des accords avec des fabricants ou des distributeurs pour qu’ils préinstallent le Play Store.
Enfin, Google n’est plus en mesure d’exiger le paiement via Google Play pour les applications distribuées dans sa boutique d’applications. Il doit permettre aux développeurs de détailler d’autres moyens de payer depuis le Play Store. Une procédure qui libère le système de facturation du Play Store, qui permet au géant américain de récupérer une commission comprise entre 15 et 30 %. Les développeurs pourront rediriger les utilisateurs vers d’autres stores en intégrant des liens.
Google fait appel de la décision
La seule bonne nouvelle pour Google dans ce dossier, c’est qu’il conserve un certain contrôle sur la sécurité du Play Store. Face aux magasins concurrents, Google est en mesure de « prendre des mesures raisonnables » OMS « sont strictement nécessaires et étroitement adaptés »mais surtout « comparable » à la manière dont l’entreprise surveille actuellement son magasin. Le groupe californien pourra facturer des frais de gestion et Epic a demandé à plusieurs reprises à Google de ne pas profiter de cette opportunité pour dissuader les magasins alternatifs. Tout n’est donc pas encore écrit et il est probable que les discussions se poursuivent entre les deux camps. Le juge donne également huit mois à Google et Epic pour parvenir à un accord sur leurs litiges.
La décision de justice doit prendre effet le 1er novembre, mais Google garde encore l’espoir de renverser la situation. L’entreprise a décidé de faire appel et demande une suspension temporaire du verdict. « Nous faisons appel de cette décision et demanderons aux tribunaux de suspendre les modifications demandées par Epic, dans l’attente de cet appel »explique Lee-Anne Mulholland, vice-présidente des affaires réglementaires chez Google. Cela retarderait la révolution du Play Store et donnerait peut-être le temps à Google de trouver une issue plus favorable.
Pendant ce temps, Tim Sweeney, PDG d’Epic Games, a réagi avec humour à la décision de Google de faire appel :
Suite à sa perte dans l’affaire Epic contre Google et au verdict rendu aujourd’hui exigeant que Google Play s’ouvre aux magasins concurrents aux États-Unis, Google a annoncé qu’il se retirerait. https://t.co/lsBSORHicF pic.twitter.com/EAjXhFV1mQ
– Tim Sweeney (@TimSweeneyEpic) 7 octobre 2024
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