Google condamné à une amende pour pratiques anticoncurrentielles avec son moteur de recherche
Le grand groupe américain Google, spécialiste du numérique, a été reconnu coupable de pratiques anticoncurrentielles concernant son moteur de recherche, notamment pour des contrats l’imposant comme logiciel par défaut sur les appareils, selon une décision rendue lundi 5 août par un juge de Washington.
Selon les documents que l’Agence France-Presse (AFP) a pu consulter, le juge a estimé que, « Après avoir soigneusement examiné les témoignages et les preuves, le tribunal est arrivé à cette conclusion : Google est un monopole et a agi de manière à maintenir ce monopole. »Une nouvelle audience doit déterminer le montant de l’amende infligée à l’entreprise, mais cette dernière a rapidement annoncé lundi qu’elle entendait faire appel de la décision.
Selon Kent Walker, président des affaires mondiales du groupe, le juge « reconnaît que Google offre le meilleur moteur de recherche mais conclut que nous ne devrions pas être autorisés à le rendre facilement accessible ». « Dans ces conditions, nous avons l’intention de faire appel »il ajouta.
Des milliards de dollars versés principalement à Apple
Le groupe basé à Mountain View, en Californie, était accusé d’avoir payé des dizaines de milliards de dollars, jusqu’à 26 milliards de dollars (environ 23,75 milliards d’euros) l’an dernier seulement, pour que son moteur de recherche soit installé par défaut sur un certain nombre de smartphones et de navigateurs Internet, l’essentiel de cette somme revenant à Apple.
« Les accords de distribution de Google accaparent une part importante du marché des moteurs de recherche et privent ses rivaux de toute possibilité de rivaliser. »a justifié le juge dans sa décision.
Le ministère américain de la Justice a estimé que cette pratique violait le droit de la concurrence, considérant ces contrats comme illégaux, alors que son outil de recherche est déjà ultra-dominant sur le marché.
Payer le prix fort
Lors du procès, qui s’est tenu début mai à Washington, le juge a émis des doutes sur le fait que le gouvernement ait démontré que ces accords ne respectaient pas le droit américain de la concurrence.
Mais il a aussi mis en doute la défense de Google, se demandant comment un moteur de recherche concurrent pourrait être en mesure de payer le prix fort à Apple pour obtenir une position privilégiée sur ses appareils. Google a également assuré que les recherches effectuées sur Amazon, Facebook ou encore Expedia (agence de voyage) constituaient une concurrence à son moteur de recherche, une affirmation également mise en doute par le juge.
Si l’activité sur ces sites devait être prise en compte pour définir le marché de la recherche sur Internet, cela fragiliserait l’argument du gouvernement. Pour les autorités de la concurrence, le marché pertinent est celui de la recherche générale sur Internet – Google en détient 80 % aux États-Unis.
Selon le site Statcounter, le moteur de recherche de Google représentait début juillet plus de 90% du marché mondial, et même plus de 95% des recherches effectuées sur smartphone.