Google Cloud supprime par erreur le compte du fonds UniSuper et prive 600 000 Australiens de leur pension de retraite

Imaginez que du jour au lendemain vous n’ayez plus accès à votre compte épargne ni à votre rente de retraite. La situation serait un peu stressante les premières heures. Mais au bout d’une semaine, il y aurait lieu de s’inquiéter. C’est pourtant ce qu’ont vécu plus de 620 000 membres du fonds australien UniSuper, dont les services ont été brutalement supprimés de la plateforme de stockage Google Cloud. Le résultat, selon les GAFAM, de« une mauvaise configuration sans précédent » Et « unique en son genre ». Un demi-million de membres de la caisse se sont donc retrouvés sans aucun moyen d’accéder à leur pension de retraite pendant la durée de cet incident.

Le PDG d’UniSuper, Peter Chun, a écrit aux membres mercredi soir, expliquant que la panne n’était pas le résultat d’une cyberattaque. L’homme d’affaires s’est voulu rassurant et a assuré qu’aucune donnée personnelle n’avait été volée suite à cette panne. En revanche, Peter Chun n’a pas manqué de pointer du doigt la responsabilité du service cloud de Google. «C’est un événement sans précédent»a reconnu, pour sa part, le PDG de Google Cloud Thomas Kurian. « Cela n’aurait jamais du se produire. »

Un bug logiciel « inconnu »

Plus précisément, cette situation aurait été provoquée par un « bug logiciel inconnu » entraînant la suppression de l’abonnement d’UniSuper au Cloud privé de Google et donc, la disparition automatique de son compte et de ses services de l’espace de stockage en ligne de Google. « Cela n’aurait pas dû arriver. Google a identifié les événements qui ont conduit à cette perturbation et a pris des mesures pour garantir que cela ne se reproduise plus.ont assuré Peter Chun et Thomas Kurian dans un communiqué commun.

De plus, la caisse de pension n’a pas eu de chance. Alors qu’UniSuper mettait normalement en place une duplication de son compte dans deux zones géographiques, afin de disposer d’un service de secours en cas de panne, la suppression de son abonnement à Google Cloud a également entraîné la suppression de ses services dans la zone géographique d’urgence. .

De quoi donner des sueurs froides à Peter Chun car UniSuper gère environ 125 milliards de fonds. L’Australian Prudential Regulatory Authority (APRA) a également surveillé la situation lorsqu’elle a appris la suppression involontaire du fonds. « Un assureur ne peut pas être directement responsable de la mise hors ligne de son site Internet en cas de panne de la passerelle réseau, mais il sera responsable du résultat »a également rappelé l’entité à la norme financière. « C’est-à-dire l’impossibilité pour ses clients de déposer des demandes d’indemnisation ou d’accéder à d’autres services. »

Une collaboration d’un an seulement

Restituer les fonds en question n’a pas été une tâche facile. C’est grâce aux sauvegardes mises en place chez un autre fournisseur qu’UniSuper a enfin pu relancer ses services sur Google Cloud. « La restauration de l’instance UniSuper Private Cloud a nécessité une quantité incroyable de concentration, d’efforts et de partenariat entre nos équipes pour permettre une restauration complète de tous les systèmes centraux., confirment les deux PDG dans leur communiqué commun. Jeudi 9 mai, les fonds affichaient toujours les soldes de la semaine dernière et devaient être mis à jour progressivement.

Reste que la situation reste embarrassante pour Google. Comme le rappelle le média australien The Register, UniSuper a transféré ses services en ligne vers Google Cloud en 2023, après les avoir longtemps hébergés entre la plateforme Azur de Microsoft et ses propres centres de données. « Moins d’un an plus tard, le fonds subit une longue panne de la part de Google »souligne le journal.

« Je pense généralement qu’utiliser des services comme Google Cloud est bien plus logique que d’essayer de faire les choses en interne »témoigne également sur X (ex-Twitter) le chercheur Michael Nielsen et l’un des nombreux membres d’UniSuper. « Mais c’est peut-être moins vrai que je ne le pensais. Je suis, je dois l’admettre, très soulagé. décrit-il en annonçant avec joie qu’il a retrouvé l’accès à son épargne-retraite.