Goldman Sachs met en avant la banque privée en France

C’est une marque emblématique dans le monde de la banque d’investissement et des fusions et acquisitions. Mais depuis quelques années, elle cherche également à se faire un nom dans le domaine de la banque privée.

La prestigieuse société new-yorkaise Goldman Sachs met en lumière cette activité plus stable et moins cyclique que ses métiers traditionnels de banque d’investissement. La gestion de patrimoine représente actuellement un peu plus de 15 % des revenus du groupe, et près de 10 % des bénéfices avant impôts, selon les estimations des analystes d’Autonomous.

La banque, spécialisée dans les très grandes fortunes (avec en moyenne 60 millions de dollars d’actifs), souhaite continuer à se développer sur ce marché. Et cela inclut la France, où le groupe, via une filiale, vient de renforcer son activité de gestion d’actifs avec l’acquisition de Crystal.

Depuis le Brexit, les effectifs de Goldman Sachs se sont accrus dans la capitale française, pour soutenir les activités de marché de la banque américaine, mais aussi pour développer les revenus de la banque privée.

La cible des entrepreneurs technologiques

A ce jour, ce sont 25 banquiers qui s’occupent de la clientèle fortunée de la banque, depuis le siège français, situé à deux pas de l’Arc de Triomphe. Cela représente une multiplication par 4 en quelques années seulement.

« Nous avons de grandes ambitions en France. C’est un marché très intéressant et qui correspond bien aux spécificités de Goldman Sachs », explique Stefan Bollinger, co-responsable des activités de banque privée pour la région Europe, Moyen-Orient et Afrique.

Si les Américains vivant en France font naturellement partie de la clientèle cible de la banque, la banque s’intéresse également beaucoup aux nouveaux entrepreneurs de la tech. Le secteur s’est considérablement développé en France ces dernières années, avec l’émergence de nouveaux champions et l’accumulation rapide de grandes fortunes.

« Ce sont des profils avec qui nous aimons travailler, l’état d’esprit entrepreneurial correspondant au nôtre. Nous leur donnons accès à un réseau international qui les intéresse », précise Anne-Hélène Illich, co-responsable de la banque privée à Paris.

Synergies avec la banque d’investissement

Le cabinet new-yorkais cherche également à attirer les nouvelles générations au sein de grandes familles françaises, qui travaillent souvent à l’international et peuvent être plus enclines à confier la gestion de leur patrimoine à une banque étrangère que leurs aînés.

Si de grands réseaux nationaux comme BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale mais aussi des spécialistes comme Edmond de Rothschild sont déjà bien implantés dans la région, Goldman Sachs veut s’appuyer sur son positionnement spécifique de banque d’investissement pour se différencier.

« Nous ne proposons pas un simple catalogue de produits financiers, nos clients reçoivent toujours des conseils personnalisés. Parmi ceux-ci, il y a la possibilité d’investir avec et aux côtés de la banque et de nos partenaires dans des opportunités de marché privé, notamment dans les thématiques de private equity auxquelles nous croyons », décrit Stefan Bollinger.

Goldman Sachs n’est pas la seule banque américaine à viser de grosses fortunes en France. JP Morgan et Citi ont également renforcé leurs équipes de banque privée à Paris, dans le sillage du Brexit, et entendent également attirer une clientèle locale.

La société dirigée par David Solomon estime néanmoins avoir sa place sur un marché qu’elle juge très « fragmenté », généralement européen.