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Gisèle P. témoigne pour « les femmes victimes de soumission chimique »

Gisèle P., arrive au palais de justice lors du procès de son mari accusé de l'avoir droguée pendant près de dix ans et d'avoir invité des inconnus à la violer à leur domicile de Mazan, en Avignon, le 5 septembre 2024.
CHRISTOPHE SIMON / AFP Gisèle P., arrive au palais de justice lors du procès de son mari accusé de l’avoir droguée pendant près de dix ans et d’avoir invité des inconnus à la violer à leur domicile de Mazan, en Avignon, le 5 septembre 2024.

CHRISTOPHE SIMON / AFP

Gisèle P., arrive au palais de justice lors du procès de son mari accusé de l’avoir droguée pendant près de dix ans et d’avoir invité des inconnus à la violer à leur domicile de Mazan, en Avignon, le 5 septembre 2024.

JUSTICE – Elle voulait que sa parole soit entendue. Gisèle P., droguée et violée pendant dix ans par son mari et des dizaines d’inconnus recrutés par Dominique P. sur internet, a pris la parole pour la première fois ce jeudi 5 septembre, lors du procès de son mari à Avignon.

Restée stoïque pendant trois jours, la principale victime est entrée dans la salle d’audience, entourée de ses trois enfants. Gisèle P. a d’abord retracé l’histoire horrible qui lui a permis de découvrir des années de viols et de soumission chimique.

Photos horribles

En septembre 2020, son mari de 50 ans l’a appelée pour lui dire qu’il avait eu une « stupidité ». Dominique P. a été surpris en flagrant délit de prise de vue sous des jupes de femmes dans un centre commercial de Carpentras, dans le Vaucluse. C’est la première douche froide.

« Il m’a dit que j’avais une envie pressante, que tu n’étais pas là. Je lui ai répondu : « tu vas devoir t’excuser auprès de ces femmes et voir un psychologue. »Elle a continué à faire face à son mari, rapporte la journaliste de RMC Marion Dubreuil, présente à l’audience.

Elle finit par lui pardonner. Mais deux mois plus tard, le 2 novembre, le couple est convoqué au commissariat. Gisèle P. raconte : « Le policier m’a demandé si j’étais adepte de l’échangisme ou des trios. J’ai répondu : « Non, je ne peux supporter que les mains de mon mari sur mon corps. » » La prévenant du choc que cela pourrait provoquer, l’agent a alors posé des photos prises d’elle devant Gisèle P., « inerte » sur son lit, à côté de « des étrangers qui la violent », rapporte le journaliste Cécile Ollivier, sur X. « C’est de la barbarie »gronde Gisèle P.

Elle apprendra plus tard que les agissements de son mari ont duré près de 10 ans, de juillet 2011 à octobre 2020, d’abord lorsqu’ils vivaient en région parisienne, puis surtout dans leur maison familiale de Mazan. Elle a été violée par son mari, dont elle est en instance de divorce depuis la révélation des faits, et par de parfaits inconnus, aujourd’hui âgés de 26 à 74 ans.

« Pour que plus aucune femme ne soit victime de soumission chimique »

« Il ne me reste que mes enfants, deux valises et mon chien. J’ai tout perdu, mon mari, ma vie. Je ne sais plus qui je suis, ni où je vais, je n’ai plus d’identité. »poursuit Gisèle P. derrière la barre. En entendant à nouveau cette succession d’horreurs, les trois enfants de la principale victime pleurent sur les bancs des parties civiles, décrit Marion Dubreuil.

La victime raconte également ses nombreuses absences durant ces années terribles, estimant avoir « La maladie d’Alzheimer ». « Depuis le 2 novembre 2020, je n’ai plus d’absences et je remercie ma fille d’avoir créé son association « Ne dors pas : contre la soumission chimique ».

Rappelant pourquoi elle s’est opposée à l’audience à huis clos dans cette affaire, pour « une publicité complète, totale, du début à la fin » de son histoire, elle dédie son témoignage aux victimes qui « Ils se réveilleront avec des absences, des souffrances gynécologiques. Ils repenseront à mon témoignage. » Et conclut : « pour que plus aucune femme ne soit victime de soumission chimique. »

Pour Gisèle P., ce procès sera « une épreuve absolument terrible »avait prévenu son avocat, Maître Camus, également avocat des trois enfants du couple : elle « vivra pour la première fois, de manière différée, les viols qu’elle a subis pendant dix ans »parce qu’elle n’en a pas « pas de mémoire »a-t-il insisté auprès de l’AFP. Les débats qui ont débuté lundi sont prévus pour durer quatre mois, jusqu’au 20 décembre.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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