Gironde. Entouré d'une foule de sympathisants, le président controversé de la mosquée de Pessac devant la commission d'expulsion
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Gironde. Entouré d’une foule de sympathisants, le président controversé de la mosquée de Pessac devant la commission d’expulsion

Gironde.  Entouré d’une foule de sympathisants, le président controversé de la mosquée de Pessac devant la commission d’expulsion

jequitta l’étroite salle d’audience et descendit les escaliers du palais de justice de Bordeaux, flanqué de son avocat M.e Sefen Guez Guez, sous un tonnerre d’applaudissements. Abdourahmane Ridouane a avoué être « soulagé » au milieu de 200 fidèles et sympathisants. Sous le coup d’une procédure d’expulsion, le président du Rassemblement des musulmans de Pessac, l’association religieuse de la mosquée, en est ressorti lavé, mais « nettoyé de toute cette souillure d’accusations », veut-il croire, après deux heures et trente minutes de questions-réponses devant la commission départementale de l’expulsion des étrangers (Comex), un organisme administratif dont le rôle est consultatif. Son avis sera rendu d’ici un mois.

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jequitta l’étroite salle d’audience et descendit les escaliers du palais de justice de Bordeaux, flanqué de son avocat M.e Sefen Guez Guez, sous un tonnerre d’applaudissements. Abdourahmane Ridouane a avoué être « soulagé » au milieu de 200 fidèles et sympathisants. Sous le coup d’une procédure d’expulsion, le président du Rassemblement des musulmans de Pessac, l’association religieuse de la mosquée, en est ressorti lavé, mais « nettoyé de toute cette souillure d’accusations », veut-il croire, après deux heures et trente minutes de questions-réponses devant la commission départementale de l’expulsion des étrangers (Comex), un organisme administratif dont le rôle est consultatif. Son avis sera rendu d’ici un mois.

Deux ans après l’épisode de la fermeture préfectorale de la mosquée de Pessac, décision annulée par le tribunal administratif puis le Conseil d’État, Abdourahmane Ridouane se retrouve une nouvelle fois dans la ligne de mire du ministère de l’Intérieur. La procédure d’expulsion vers le Niger, son pays d’origine, couplée à l’assignation à résidence, est motivée, indique le président de la Comex, par « des comportements susceptibles de nuire aux intérêts fondamentaux de l’État et constitutifs d’incitation à la haine contre la communauté juive. »

« Conception rigoureuse »

Ces propos qui lui valent la menace d’expulsion, Abdourahmane Ridouane, qui n’est pas l’imam de la mosquée mais s’exprime au micro avant le prêche et la prière, les distille sur différents profils Facebook, le sien et ceux des associations dont il est président. Il « diffuse une conception rigoriste de la religion », note le représentant de la préfecture, et ses « propos sur Israël, les juifs et le Hamas sont assimilables à l’apologie du terrorisme ».

En « termes percutants et connotés, sous couvert de défendre la cause palestinienne », le président de la mosquée de Pessac tient notamment des propos « visant à glorifier le Hamas comme mouvement de résistance ». Exemple : une publication sur la mort de trois enfants et quatre petits-enfants d’Ismaël Haniyeh, leader du Hamas, dans une frappe israélienne : « L’armée la plus immorale du monde attaque les enfants et petits-enfants sans défense des dirigeants de la résistance. »

Abdourahmane Ridouane a la parole et il la prend volontiers : « toutes ces accusations, ce tableau qu’on dresse de moi depuis des années », soupire-t-il. « Je vis dans une communauté dont vous voyez l’expression. Je vous l’assure, nous vivons en paix. » Et de revenir sur son adolescence nigériane, baignée de littérature française : « Rousseau, Voltaire, Montesquieu… L’héritage du vieil empire colonial. Malgré les douleurs de l’Histoire, il conserve le goût de « la culture, de la rhétorique et du débat ».

Agé de 59 ans, l’homme, arrivé en France pour étudier Bordeaux au début des années 1990, parle la langue française avec aisance. Dans ses critiques, qu’elles visent l’État français sous toutes ses formes, ou Israël, mais aussi, on note en parcourant son profil, ces pays arabes qui « préfèrent œuvrer à la normalisation de leurs relations avec Israël » quand l’Espagne, l’Irlande et La Norvège annonce la reconnaissance d’un Etat palestinien », assume-t-il une dose de « provocation » : « certains mots sont comme des cris d’alarme ou de colère. J’ai essayé de mobiliser la communauté musulmane. »

« Vocabulaire du guerrier »

Deux questions découlent du « vocabulaire guerrier » utilisé par Abdourahmane Ridouane. « Croisade contre les musulmans », « de nouveaux visages dans sa chasse » : « les paroles sont devenues radioactives », répond-il. « Mais avec la responsabilité qui est la vôtre, la culture qui est la vôtre, les références aux penseurs, ne pensez-vous pas que pour des gens qui n’ont pas le même bagage culturel, c’est un appel insidieux à la violence ? », demande le président de la commission, lisant une citation reprise par le président de la mosquée : « Si vous n’êtes pas sur le champ de bataille, peu importe que vous soyez à la mosquée ou au bar. »


A la sortie du palais de justice, le président de la mosquée salué par une foule. Une petite manifestation s’est improvisée dans les rues avoisinantes, avec le drapeau palestinien à l’honneur.

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« C’est le terrain de la résistance, de la lutte contre les inégalités », défend Abdourahmane Ridouane. « C’est comme le jihad qu’on nous jette à la face : pour nous, cela traduit un effort individuel, un effort personnel. » Un mot sur un poème écrit par lui à la gloire de la Palestine, où il est question « d’aiguiser les lames des couteaux » : « Vous êtes sur un seul vers. Je parle de paix. On a épinglé les couteaux, on a oublié la paix. »

Inarrêtable Abdourahmane Ridouane, mais aussi parfois d’une sincérité désarmante, lorsqu’il fait l’éloge du sulfureux Tariq Ramadan, glisse que Dieudonné est « vraiment un artiste, le patron » et assume volontiers « Israël, colonavirus qui infecte le sang du peuple palestinien » : « Je’ Je vous donnerai le bâton pour me battre, mais je suis assez fier du titre… »

« Vous êtes sur une seule ligne. Je parle de paix. On a épinglé les couteaux, on a oublié la paix. »

« Je condamne les positions antisémites de chacun, y compris Dieudonné », a-t-il finalement murmuré, non sans être « profondément choqué par les deux poids, deux mesures » : « Philippe Val, l’ancien directeur de Charlie Hebdo, a dit qu’il avait le droit d’être islamophobe ». . » Encore plus nombreuse qu’en début d’après-midi, la foule de supporters, près de 300 personnes, a commencé à battre les rues, improvisant une manifestation en centre-ville en fin d’après-midi.

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