Géorgie : le Parlement contourne le veto du président et vote la « loi russe »
Le Parlement géorgien a finalement adopté la loi sur « l’influence étrangère ».
Les députés ont ainsi surmonté le veto déposé par le président pro-européen.
Cette loi d’inspiration russe pourrait accroître la répression contre toute dissidence.
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Géorgie : un projet de loi jugé pro-russe ébranle le pays
Le Parlement géorgien a surmonté le veto de la présidente Salomé Zourabichvili pour finalement voter la très controversée loi sur « l’influence étrangère ». Un défi pour l’Union européenne, qui craint que ce nouvel instrument juridique ne serve à réprimer toute dissidence, comme ce fut le cas avec une loi russe similaire.
Une loi d’inspiration russe
Les critiques de cette loi, qui manifestent par dizaines de milliers depuis des semaines, qualifient le texte de « Loi russe »en raison de sa similitude avec la législation sur « agents étrangers », utilisé en Russie depuis 2012 pour réprimer toute voix dissidente. Après l’annonce du vote mardi, des manifestants se sont rassemblés dans la matinée devant le Parlement à Tbilissi, nombre d’entre eux brandissant des drapeaux géorgiens et européens.
« Puissances étrangères »
L’opposition géorgienne et l’Union européenne ont dénoncé une législation qu’elles jugent incompatible avec les ambitions affichées par cette ancienne république soviétique du Caucase d’adhérer à terme à l’UE, et qui la rapproche au contraire de Moscou. Ils y voient également un instrument de répression contre les voix dissidentes à l’approche des élections législatives prévues fin octobre.
La loi, votée le 14 mai, prévoit d’obliger toute ONG ou média recevant plus de 20 % de ses financements de l’étranger à s’enregistrer comme ONG.« organisation poursuivant les intérêts d’une puissance étrangère » et se soumettre au contrôle administratif. La présidente géorgienne pro-européenne Salomé Zourabichvili a opposé son veto le 18 mai, mais un vote à la majorité simple au Parlement a suffi à l’emporter.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a de son côté prévenu la semaine dernière que les États-Unis réexamineraient l’ensemble de leur coopération avec Tbilissi après l’adoption de ce texte. Washington a également annoncé des restrictions de visa ciblant les personnes jugées responsables de « porter atteinte à la démocratie » en Géorgie, ainsi que leurs proches. Le parti Rêve Géorgien a réagi en dénonçant une « chantage aux visas » Et un « tentative flagrante d’empiéter sur l’indépendance et la souveraineté de la Géorgie ».
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Même si la Géorgie est officiellement candidate à l’UE depuis décembre 2023, et que le « Rêve géorgien » soutient formellement l’objectif inscrit dans la Constitution d’adhérer un jour à l’UE et à l’OTAN, ce parti au pouvoir depuis 2012 a multiplié ces dernières années les mesures de rapprochement. avec Moscou. La loi controversée a été adoptée ce mardi par 84 voix pour et 4 voix contre, la plupart des députés de l’opposition ayant quitté l’hémicycle au moment du vote.