Geler le barème des impôts ? Cette option offerte à Michel Barnier suscite déjà des protestations
JULIE SEBADELHA / AFP
Arrivée du Premier ministre Michel Barnier au journal de 20h sur France 2 le dimanche 22 septembre (illustration)
POLITIQUE – Une hausse d’impôt qui ne dit pas son nom ? Le Premier ministre Michel Barnier assure qu’il n’en veut pas « alourdir » impôt pour les français « ni sur les plus pauvres, ni sur ceux qui travaillent, ni sur les classes moyennes. » Mais le chef du gouvernement n’exclut pas de taxer les plus riches et pourrait utiliser une astuce qui, sans augmenter à proprement parler l’impôt des ménages, aurait quand même pour conséquence de faire payer davantage certains.
Selon les informations de La Tribune du dimanche Après les déclarations de Gérald Darmanin devant les députés Ensemble pour la République dimanche matin, les équipes du Premier ministre étudient l’option d’un gel du barème de l’impôt sur le revenu. Le barème est rehaussé chaque année pour tenir compte de l’inflation. Mais s’il n’est pas relevé, les ménages dont les revenus ont augmenté changeront alors de tranche d’imposition. Autrement dit : ils paieront plus d’impôts.
En fait, Michel Barnier n’a pas détaillé les mesures par lesquelles il entend redresser les finances publiques et il faudra attendre sa déclaration de politique générale du 1er octobre pour en savoir plus. Mais cette mesure, déjà mise en place à la fin de la présidence Sarkozy et prolongée au début du quinquennat Hollande, est très impopulaire. Et même si elle n’est pas confirmée, l’hypothèse fait bondir l’opposition.
« Augmentation déguisée des impôts », les classes moyennes sont-elles touchées ?
C’est un « augmentation déguisée des impôts » parce que « en réalité on aura fait entrer dans l’échelle supérieure des Français qui n’ont pas vu leur pouvoir d’achat augmenter »s’insurge le porte-parole du Rassemblement national, Sébastien Chenu, sur BFMTV, lundi 23 septembre. « On sait que ne pas indexer le barème rapporte 4 milliards d’euros aux classes moyennes et populaires et que cela rapporte 300 000 personnes qui ne sont pas soumises à l’impôt sur le revenu »renchérit Jean-Philippe Tanguy, député RN, sur France Inter. « Cette affaire d’indexation du barème signifie que nous n’acceptons pas une augmentation frontale des impôts et que nous prenons donc les gens par surprise en utilisant des variantes. »il ajoute.
Pour rester au centre du jeu malgré sa défaite aux législatives, le Rassemblement national insiste sur le fait que le gouvernement Barnier est « sous surveillance » et érige son « lignes rouges »Le gel du barème de l’impôt en fait partie, a affirmé Sébastien Chenu ce lundi.
Du côté du Nouveau Front populaire, l’éventuel gel de la balance passe également mal. « Barnier veut remplir les caisses… En gelant les barèmes de l’impôt sur le revenu. Traduction : en faisant payer les pauvres à partir de 950 euros par mois qui deviendront imposables, les classes moyennes qui changeront de tranche (et) toujours pas les riches »écrit sur X le député France Insoumise Hadrien Clouet. « La réforme du barème de l’impôt sur le revenu à l’étude pourrait coûter cher aux classes moyennes »prévient également le sénateur PS de l’Oise Alexandre Ouizille sur BFMTV.
Au sein même du camp présidentiel, le malaise est palpable. Depuis son arrivée au pouvoir, Emmanuel Macron a fait de la non-augmentation des impôts le dogme ultime de sa politique. Mais avec un Premier ministre issu de LR et donc de l’opposition, ce principe présidentiel cardinal pourrait-il faiblir ? Avec le risque, pour les élus du camp macroniste, de se diviser (un peu plus) ? Invité sur France 2 ce lundi 23 septembre, le député EPR Sylvain Maillard est embarrassé : « Il y aura plusieurs discussions que nous devons avoir »il répond lorsqu’on l’interroge sur la possible « ligne rouge » Que représenterait un gel sur la balance. Le gouvernement formé, la deuxième mission impossible de Michel Barnier commence.
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