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Gaza : quatre jours après, ce que l’on sait de la frappe meurtrière israélienne à Rafah

Quatre jours plus tard, on en sait un peu plus sur la frappe meurtrière survenue dimanche à Rafah. Zone bombardée, armes utilisées… De premiers éléments ont émergé, et permettent d’y voir un peu plus clair les circonstances de ce drame, qui a causé la mort de 45 personnes, et fait des centaines de blessés, selon le ministère de la Défense de Gaza. La santé, contrôlée par le Hamas. Voici ce que nous savons.

Ce qui s’est passé ?

La frappe a été menée dimanche soir par l’armée israélienne près de Rafah, au sud de la bande de Gaza. Cela s’est produit dans une zone située à quelques kilomètres au nord-ouest de la ville, dans la région de Tal Al-Sultan.

Vidéo« Le bruit était terrifiant » : à Rafah, une frappe meurtrière frappe un camp de réfugiés

Selon Jake Godin, journaliste du média numérique d’investigation Bellingcat, cette zone correspond au « bloc 2372 » de la division territoriale établie par l’armée israélienne à Gaza. Cette zone abrite notamment un centre logistique de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) et un camp de personnes déplacées internes, « Koweït Peace Camp 1 », où a eu lieu la frappe, selon CNN.

La frappe a visé une « structure fermée loin de la zone des tentes », a déclaré mardi le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari, à l’appui d’images aériennes. Deux responsables du Hamas se trouvaient à l’intérieur et ont été tués, selon l’armée. Un incendie dévastateur s’est déclaré suite à l’explosion, avant de se propager aux tentes.

La frappe a-t-elle eu lieu dans une zone humanitaire ?

Le Croissant-Rouge palestinien a indiqué dimanche que la frappe s’est produite dans un endroit « désigné par l’occupation israélienne comme zone humanitaire ». Ce que l’armée israélienne a démenti mardi par la voix de son porte-parole, Daniel Hagari : « Contrairement aux informations annoncées, nous avons mené l’attaque en dehors de la zone que nous avons désignée comme zone humanitaire », a-t-il déclaré. -a-t-il déclaré lors de son point de presse.

Le bloc 2372, où la frappe a eu lieu, n’apparaît pas dans la zone humanitaire définie par l’armée israélienne, située sur la carte actuellement disponible sur le site Internet de Tsahal. « Notre frappe a eu lieu à plus d’un kilomètre et demi de la zone humanitaire d’Al-Mawasi », a assuré Daniel Hagari. Mais cette zone ne faisait pas non plus partie de celles que l’armée israélienne avait appelée à évacuer après le début de son opération à Rafah le 6 mai, comme le montre une carte publiée le 11 mai sur X par un porte-parole de Tsahal. Il pourrait donc être considéré comme « sûr », a déclaré lundi un porte-parole de Médecins du Monde aux Observateurs de France 24.

Quelles armes ont été utilisées ?

Lors de son point de presse, le porte-parole de Tsahal, Daniel Hagari, a expliqué que « deux munitions à petites ogives » avaient été utilisées pour cette frappe « ciblée ». « Nous parlons de munitions contenant 17 kg de matière explosive », a-t-il précisé, affirmant qu’il s’agit de « la plus petite munition que nos avions puissent utiliser ».

Le porte-parole n’a pas fourni plus de détails sur ces munitions. Une enquête du New York Times a toutefois confirmé mercredi qu’il s’agissait de bombes américaines GBU-39, comme l’indique un numéro de série, visible sur les débris filmés sur le lieu de l’explosion. Des révélations qui n’ont pas surpris l’historien et ancien colonel Michel Goya. Cette bombe planante de petit diamètre, larguée par avion et guidée vers un objectif, est ce que les Israéliens possèdent « de plus petit et de plus précis », explique-t-il au Parisien. « C’est ce qui semble le plus adapté dans leur gamme pour ce type de frappe », précise-t-il.

Le GBU-39 est notamment utilisé pour « perforer » les obstacles, et sa charge de 17 kg peut suffire à « faire exploser un véhicule », ajoute Olivier Passot, chercheur associé à l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM). ). « Si elle tombait dans la foule, elle pourrait tuer des dizaines de personnes », estime-t-il aussi.

Ces bombes sont-elles à l’origine de l’incendie dévastateur ?

Daniel Hagari a insisté mardi sur le fait que « nos munitions à elles seules n’auraient pas pu déclencher un incendie (de l’ampleur de ce qui s’est propagé aux tentes des personnes déplacées) ». Une affirmation jugée « possible » par Michel Goya : « 17 kg, ce n’est pas énorme, mais cela peut provoquer une explosion secondaire. Ce qui arrive assez fréquemment lorsqu’on se retrouve dans un environnement aussi dense », commente-t-il.

L’armée israélienne a indiqué étudier particulièrement la possibilité d’un incendie provoqué par « des armes stockées dans un complexe à côté de notre cible, dont nous ignorions l’existence ». Les lance-roquettes se trouvaient à une quarantaine de mètres du lieu de la frappe, a-t-elle assuré. « Si des responsables du Hamas étaient sur place, il est en effet probable que des armes et des munitions s’y trouvaient également », juge Olivier Passot, qui juge « tout à fait possible que la charge explosive du GBU-39 ait fait exploser ‘d’autres munitions’.

Mais l’incendie pourrait aussi avoir été provoqué par d’autres éléments, comme des bouteilles de gaz ou du carburant, qui auraient pu se trouver à proximité. Un responsable américain anonyme a déclaré lundi à ABC News que l’armée israélienne avait expliqué aux États-Unis que des éclats d’obus auraient pu enflammer un réservoir de carburant à 100 mètres du site de la frappe – ce que Tsahal n’a pas officiellement confirmé.

«Les Israéliens ne savaient probablement pas tout ce qu’il y avait dans cette zone, mais ils auraient au moins pu soupçonner qu’une partie s’y trouvait, avec le risque de provoquer une catastrophe – et c’est ce qui s’est produit. », indique Michel Goya. Dans une zone dense, comme Gaza, « on peut choisir d’engager des soldats, avec le risque que certains d’entre eux soient tués au combat, ou de mener des frappes aériennes, qui peuvent produire davantage de dégâts collatéraux », explique-t-il avant de conclure : « L’armée israélienne choisit presque toujours de faire peser le risque sur la population. »

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides

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