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Gaza, Liban : le terrible prix de l’impunité ! – La chronique de Francis Wurtz – 4 octobre 2024

Par Francis Wurtz, membre honoraire du Parlement européen

« Nous nous dirigeons vers une longue guerre », a déploré la semaine dernière le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell à l’ONU, « mais personne ne semble capable d’arrêter Netanyahu, pas même les États-Unis ». Non ! L’impuissance a un bon dos. Les terrifiantes bombes « brise-bunker » utilisées lors des frappes dantesques de ces derniers jours sur Beyrouth et le sud du Liban provenaient toutes des États-Unis. Leurs dirigeants les ont délivrés sans relâche, en pleine connaissance de l’usage qui en serait fait, tant à Gaza qu’au Liban ! Le veto protecteur systématique de Washington au Conseil de sécurité pour contrecarrer toute tentative de stopper l’escalade de la « machine de guerre dévorante israélienne » (« l’Orient-le jour ») n’a fait qu’alimenter l’arrogance et l’irresponsabilité de la « seule démocratie du Moyen-Orient ». ! Si leur créature échappe aujourd’hui à ses sponsors en risquant d’entraîner toute la région dans une guerre totale que Washington n’a pas voulue, ce n’est ni plus ni moins que le terrible prix de l’impunité garantie, en l’occurrence, à la pire équipe de criminels de guerre. qu’Israël a connu.

Cette nouvelle guerre aux évolutions potentiellement dévastatrices est le résultat d’une année de tolérance sans limites face aux exactions incommensurables de l’armée israélienne à Gaza, dont il faut sans cesse rappeler le bilan monstrueux ! Plus de 40 000 décès recensés – dont 16 756 enfants ! –, d’innombrables disparus « présumés morts sous les décombres », 100 000 blessés – dont 6 168 enfants (selon l’ONU) ! Une situation humanitaire alarmante : population au bord de la famine ; privation délibérée d’eau, de nourriture, de médicaments ; dénuement total; un exode massif sans fin à la recherche désespérée d’un refuge qui n’existe pas… Rien ne saurait excuser un acharnement aussi barbare contre une écrasante majorité de civils, coupables d’aucun crime ! Et pourtant…

Autant la population israélienne mérite notre solidarité face au traumatisme durable provoqué par l’ignoble massacre et la prise d’innocents en otage par le Hamas le 7 octobre, autant cette déshumanisation, par Israël, de la population de Gaza, traitée de manière significative comme  » animaux « vivants » par le ministre de la Défense, elle a immédiatement exigé des sanctions internationales exemplaires, à commencer par l’arrêt immédiat des livraisons d’armes à Israël et la suspension des relations économiques privilégiées (telles que celles induites par l’accord d’association Union européenne-Israël). Au lieu de cela, Washington, Londres et Berlin ont accru la pression sur la Cour pénale internationale pour qu’elle évite de délivrer les mandats d’arrêt demandés par le procureur de la CPI contre Netanyahu et son ministre de la Défense. Même la simple reconnaissance de l’État de Palestine a été jugée « prématurée », voire jugée « prématurée » ! « inapproprié », par les principaux États occidentaux, à l’exception notable d’une poignée de pays européens, mais pas de la France. Il s’agit seulement de revenir à la condition essentielle à la sécurité de tous les pays de la région : le respect des les droits fondamentaux de chaque peuple, et donc la fin de l’occupation des territoires palestiniens !

Ils rétorqueront qu’Israël a « le droit de se défendre contre le terrorisme ». Certainement. Mais pourquoi n’ont-ils pas entendu à temps, à ce sujet, les avertissements répétés d’Avraham Burg, ancien président de la Knesset : « Les bombes ne font pas la guerre au terrorisme (…). La question que je me pose est de savoir si Israël a fait assez pour garantir qu’un enfant de 2 ans aujourd’hui ne explosera pas dans quinze ou vingt ans ? C’était en 2003 (1).

(1) Entretien dans « Haaretz » (14 novembre 2003)

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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