Gaza : l’assaut contre-productif contre l’UNRWA
LLa menace israélienne pèse plus que jamais sur Rafah, dernière ville de Gaza à avoir échappé aux massacres et aux destructions massives provoqués par l’offensive militaire en cours. En revanche, une autre cible, politique cette fois, semble sur le point d’échapper au gouvernement de Benjamin Netanyahu. En annonçant le 26 avril, avec d’autres pays, la reprise de son aide à l’agence des Nations Unies chargée des réfugiés palestiniens, l’UNRWA, l’Allemagne, qui figure parmi ses principaux contributeurs, vient de témoigner que cette dernière n’avait pas perdu confiance.
Le 26 janvier, l’agence onusienne a annoncé que 12 de ses 13 000 employés palestiniens à Gaza étaient accusés par Israël d’avoir participé aux massacres de civils israéliens perpétrés le 7 octobre 2023, lors de l’assaut des miliciens du Hamas à Gaza. origine de la guerre. La nouvelle, alors fondée uniquement sur des allégations, a immédiatement entraîné une cascade de retraits parmi les bailleurs de fonds internationaux, à commencer par les États-Unis, la France restant plus prudente. Comme si des erreurs individuelles pouvaient condamner toute une agence, dont les finances ont toujours été fragiles.
Benyamin Netanyahou s’est jeté dans la brèche pour accuser l’UNRWA d’être « totalement infiltré par le Hamas » et demander sa suppression. Fidèle à une stratégie éprouvée des faits accomplis, le Premier ministre y voit l’occasion d’une nouvelle attaque contre une institution créée en décembre 1949 après la première des guerres israélo-arabes, qui avait entraîné l’exode de dizaines de milliers de Palestiniens. . chassés des territoires conquis par l’État juif.
Politique de la terre brûlée
Israël a toujours considéré que cela entretient artificiellement l’un des principaux différends du conflit qui l’oppose aux Palestiniens : le sort des réfugiés des guerres israélo-arabes de 1948-1949 et 1967, dont le nombre augmente aujourd’hui. maintenant plusieurs millions. La question de leur indemnisation, ou pour une partie de leur retour, a été au cœur de toutes les négociations qui sont restées infructueuses.
Le 22 avril, un rapport publié par un groupe d’experts indépendants, présidé par l’ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a toutefois balayé une grande partie des accusations israéliennes. Tout en reconnaissant les problèmes de « neutralité politique »ce rapport a révélé que l’UNRWA « a plus de mécanismes pour assurer » cette neutralité « que ce que possèdent les autres agences des Nations Unies ».
Il a également noté qu’Israël n’a pas encore fourni de preuves pour étayer ses accusations, ce qui montre que les retraits internationaux ont été pour le moins précipités. Le rapport évalue en outre que l’UNRWA reste « irremplaçable et indispensable »sans convaincre les Etats-Unis, qui ont gelé leur contribution jusqu’en 2025 alors qu’ils viennent en revanche d’accorder une nouvelle aide militaire massive à l’Etat hébreu.
L’assaut contre cette agence, à un moment où Gaza est aux prises depuis longtemps avec une crise humanitaire multidimensionnelle, voire existentielle, est une politique irresponsable de la terre brûlée. Il existe une bien meilleure façon de répondre aux questions et aux critiques sur le statut de l’UNRWA : faire enfin tout son possible pour qu’une perspective politique remplace l’horizon désormais obscurci par la guerre.