Gaza : Blinken exhorte le Hamas à accepter la trêve mais relève des divergences avec Israël – 21/08/2024 à 03:19
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken s’adresse aux journalistes sur le tarmac de l’aéroport de Doha, le 20 août 2024. (POOL/Kevin MOHATT)
Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a exhorté mardi le Hamas à accepter la dernière proposition américaine de trêve pour la bande de Gaza, mais a également exprimé ses divergences avec Israël, concluant ainsi un nouveau cycle de navette diplomatique dans la région.
M. Blinken, qui effectuait son neuvième voyage au Moyen-Orient depuis l’attaque meurtrière du Hamas le 7 octobre, a averti que la proposition de trêve pourrait être la « dernière chance » de mettre fin au conflit.
« Le temps presse » après plus de dix mois de guerre, a-t-il souligné après avoir visité le Qatar et l’Egypte, deux pays médiateurs arabes clés, et Israël.
Déclenchée par une attaque du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien, la guerre à Gaza se poursuit sans relâche. Une frappe israélienne mardi contre une école abritant des déplacés dans la ville de Gaza (nord) a tué au moins 12 Palestiniens, dont des enfants, selon la Défense civile locale. L’armée israélienne dit avoir visé des « terroristes cachés » dans l’école.
Israël et le Hamas s’accusent mutuellement de bloquer un accord, dans un contexte d’inquiétudes internationales quant à la propagation de la guerre dans la région.
« Chaque jour qui passe risque d’apporter davantage de misère à de bonnes personnes qui ne le méritent pas », a déclaré Antony Blinken aux journalistes avant de quitter Doha, la capitale du Qatar, où il a rencontré le ministre d’Etat Mohammed ben Abdulaziz al-Khoulaifi.
« Cela doit arriver, et cela doit arriver dans les prochains jours. Et nous ferons tout notre possible pour que cela soit fait », a-t-il déclaré à propos de la proposition de trêve.
Photo publiée par la présidence égyptienne du président égyptien Abdel Fattah al-Sisi (à droite) et du secrétaire d’État américain Antony Blinken, à El-Alamein, en Égypte, le 20 août 2024 (PRÉSIDENCE ÉGYPTIENNE / – )
Vendredi, Washington a soumis une proposition de compromis pour une trêve aux négociations de Doha entre Israël et les médiateurs, et de nouvelles discussions sont attendues en Egypte cette semaine.
Blinken a déclaré lundi que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait « accepté » le plan et appelé le Hamas à « faire de même ». Il a réitéré cette exigence mardi.
Mais le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu insiste pour qu’Israël conserve le contrôle du corridor de Philadelphie, une étroite bande de terre le long de la frontière entre Gaza et l’Égypte, selon les médias israéliens.
– Déclarations « non constructives » –
Interrogé sur les propos rapportés de Netanyahu, M. Blinken a déclaré que « les États-Unis n’acceptent pas une occupation israélienne à long terme de Gaza » depuis le début. Il a ajouté qu’Israël avait déjà accepté « les lieux et le calendrier des retraits » des troupes.
Des ambulanciers transportent un corps depuis le site d’une frappe israélienne sur une école abritant des personnes déplacées, dans la ville de Gaza, le 20 août 2024 (AFP / Omar AL-QATTAA)
S’exprimant sous couvert d’anonymat, un haut responsable américain qui accompagnait M. Blinken s’est montré plus direct, affirmant que de telles « déclarations maximalistes » de M. Netanyahu n’étaient « pas constructives » pour parvenir à une trêve.
M. Blinken a reconnu que des divergences subsistaient et a appelé Israël et le Hamas à faire preuve d’une « flexibilité maximale ».
L’Égypte, premier pays arabe à faire la paix avec Israël, a été irritée par la prise de contrôle de la frontière par l’armée israélienne en mai.
Le Hamas a affirmé pour sa part qu’il souhaitait « aboutir à un cessez-le-feu », mais a protesté contre les « nouvelles conditions » posées par Israël dans la dernière proposition américaine.
Le mouvement palestinien réclame la mise en œuvre d’un plan annoncé le 31 mai par le président américain Joe Biden, et qu’il a accepté début juillet, prévoyant une trêve de six semaines accompagnée d’un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza et de la libération des otages, puis, dans une deuxième phase, un retrait israélien total du territoire assiégé.
Des femmes palestiniennes pleurent après une frappe israélienne sur une école abritant des personnes déplacées, dans la ville de Gaza, le 20 août 2024 (AFP / Omar AL-QATTAA)
M. Netanyahu a déclaré à plusieurs reprises qu’il souhaitait poursuivre la guerre jusqu’à la destruction du Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et considéré comme un groupe terroriste par Israël, les États-Unis et l’Union européenne.
– Quatre morts au Liban –
Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont lancé une attaque qui a fait 1.199 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles.
Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 105 sont toujours détenues à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l’armée.
L’offensive de représailles israélienne a fait au moins 40.173 morts, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, qui ne fournit pas de précisions sur le nombre de civils et de combattants tués. L’ONU affirme que la plupart des victimes sont des femmes et des mineurs.
Mardi, l’armée a annoncé avoir récupéré les corps de six otages israéliens lors d’une opération dans un tunnel de Khan Younis (sud). Cinq avaient été déclarés morts ces derniers mois, le sixième a été annoncé mardi.
Dans la bande de Gaza dévastée, où la quasi-totalité des 2,4 millions d’habitants ont été déplacés, les bombardements israéliens continuent.
Outre la frappe sur l’école, six Palestiniens ont été tués à Rafah (sud), selon des sources médicales. Une autre source médicale a fait état de quatre morts dans des tirs israéliens à l’est de Khan Younis.
Sept personnes ont également été tuées dans un bombardement israélien à Deir al-Balah (centre), a indiqué la Défense civile.
Pour les États-Unis, un cessez-le-feu à Gaza devrait également contribuer à prévenir une éventuelle attaque contre Israël par l’Iran et ses alliés – le Hezbollah libanais, le Hamas et les rebelles houthis du Yémen.
Ce dernier a menacé de riposter à l’assassinat, attribué à Israël, du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh à Téhéran le 31 juillet, et à celui du chef militaire du Hezbollah Fouad Chokr, tué la veille dans une frappe israélienne près de Beyrouth.
Le ministère libanais de la Santé a annoncé mercredi que les frappes israéliennes avaient fait au moins un mort et 19 blessés dans l’est du pays, quelques heures après que quatre personnes ont été tuées dans d’autres attaques dans le sud.