Un Palestinien pleure la mort de ses proches tués dans une frappe israélienne, à l’hôpital des martyrs d’Al-Aqsa à Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 17 août 2024 (AFP / Eyad BABA)
Le Hamas palestinien a dénoncé samedi les « dictats américains » en rejetant le nouveau projet d’accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza, où 15 membres d’une même famille, dont neuf enfants, ont été tués dans une frappe israélienne selon la Défense civile.
Après plus de dix mois de guerre, des pourparlers sur un cessez-le-feu à Gaza se sont déroulés jeudi et vendredi à Doha entre Israël et les médiateurs — les Etats-Unis, le Qatar et l’Egypte — à l’issue desquels une proposition révisée d’accord a été présentée par Washington, principal allié d’Israël.
De retour des discussions, les négociateurs israéliens ont « exprimé un optimisme prudent » à Benjamin Netanyahu, selon le bureau du Premier ministre.
Le Hamas a cependant rejeté cette proposition révisée, dénonçant les « diktats américains », et exige la mise en œuvre du plan annoncé fin mai par le président américain Joe Biden.
Le plan prévoit une trêve de six semaines dans la première phase, accompagnée d’un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza et de la libération des otages enlevés le 7 octobre, et dans sa deuxième phase, un retrait israélien total de Gaza.
Lancée en réponse à une attaque de l’organisation islamiste contre Israël le 7 octobre, l’offensive israélienne s’est poursuivie lors de ce nouveau cycle de négociations auquel le mouvement islamiste a refusé de participer.
Israël a annoncé dans la nuit de samedi à dimanche avoir tué à Jénine, en Cisjordanie occupée, « deux hauts responsables du Hamas », Ahmad Abu Ara, « responsable de la fabrication d’explosifs », et Raafat Dawasi, un « responsable militaire » local.
Les Brigades Ezzedine al-Qassam, branche armée du Hamas, ont confirmé la mort des deux hommes, soulignant qu’elles avaient été chargées de « planifier et de mettre en œuvre plusieurs opérations de haute qualité ».
Samedi soir, le ministère palestinien de la Santé a signalé la mort de deux Palestiniens dans l’explosion d’une bombe contre leur voiture à Jénine.
Pour Washington, un cessez-le-feu à Gaza permettrait d’éviter une conflagration régionale après que l’Iran et ses alliés ont menacé de riposter à l’assassinat, attribué à Israël, du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh à Téhéran le 31 juillet, et à celui du chef militaire du Hezbollah libanais, Fouad Shokr, tué la veille dans une attaque revendiquée par Israël près de Beyrouth.
– « Illusion » –
Des proches de victimes d’une frappe israélienne se rassemblent à l’hôpital des martyrs d’Al-Aqsa à Deir al-Balah dans le centre de la bande de Gaza le 17 août 2024, au milieu du conflit entre Israël et le mouvement islamiste Hamas (AFP / Eyad BABA)
Un accord de cessez-le-feu «proches» est une «illusion», a déclaré le responsable du Hamas Sami Abou Zohri, pour qui la dernière proposition américaine «suggère un énorme pas en arrière».
Il répondait à M. Biden, qui a déclaré vendredi qu’un accord « n’a jamais été aussi proche ».
Le Hamas accuse Israël d’ajouter de « nouvelles conditions », dont le « maintien de troupes israéliennes » à la frontière de Gaza avec l’Egypte et « un droit de veto » sur les prisonniers palestiniens qui pourraient être échangés contre des otages.
Alors que les négociations devraient reprendre la semaine prochaine au Caire, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken doit s’envoler pour Israël samedi.
Les chefs de la diplomatie britannique, française, allemande et italienne ont pour leur part exhorté dans un communiqué conjoint « toutes les parties à s’engager de manière positive et flexible dans le processus » de négociation.
Une famille palestinienne fuit le camp de réfugiés d’al-Maghazi, dans le centre de la bande de Gaza, le 17 août 2024 (AFP / Eyad BABA)
Benjamin Netanyahu a déclaré à plusieurs reprises qu’il voulait poursuivre la guerre jusqu’à la destruction du Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et considéré comme une organisation terroriste par Israël, les États-Unis et l’Union européenne.
A Tel-Aviv, des milliers de personnes se sont rassemblées pour réclamer un accord sur le rapatriement des otages détenus à Gaza. « Nous savons tous qu’il existe une réelle possibilité d’accord », a déclaré Mor Korngold, le frère d’un otage.
– « Scènes indescriptibles » –
Une femme dont un proche a été tué dans une frappe israélienne pleure à l’hôpital des martyrs d’Al-Aqsa à Deir al-Balah dans le centre de la bande de Gaza le 17 août 2024, au milieu du conflit entre Israël et le mouvement islamiste Hamas (AFP / Eyad BABA)
Dans la bande de Gaza dévastée et assiégée, au moins 15 membres de la famille Ajlah, dont trois femmes et neuf enfants, sont morts dans une frappe à al-Zawayda (centre), selon la Défense civile.
« Trois missiles ont touché directement la maison », a déclaré à l’AFP Ahmed Abu al-Ghoul, qui aidait d’autres Palestiniens à évacuer les corps des décombres.
A la morgue, Omar al-Dreelmi, de la famille Ajlah, a évoqué « des scènes indescriptibles de corps d’enfants démembrés ».
Interrogée par l’AFP, l’armée israélienne a indiqué avoir « frappé une infrastructure terroriste dans le centre de la bande de Gaza », affirmant qu’elle « enquêtait » après avoir « reçu des informations » sur des civils « tués dans une structure adjacente ».
Selon des témoins, les frappes israéliennes ont également visé des tours résidentielles à Khan Younis (sud).
Des Palestiniens inspectent les dégâts causés par une frappe israélienne à al-Zawayda, dans le centre de la bande de Gaza, le 17 août 2024, au milieu du conflit entre Israël et le mouvement islamiste Hamas (AFP / Eyad BABA)
Selon l’ONU, des milliers de Palestiniens ont été contraints de « partir dans la précipitation, sans savoir où aller, au milieu de la mort et de la destruction » après de nouveaux ordres d’évacuation israéliens pour les zones de Deir al-Balah (centre) et Khan Younis.
L’armée a indiqué avoir éliminé plusieurs « terroristes » à Rafah et Khan Younis et annoncé la mort de deux soldats, portant à 332 le nombre de ses soldats tués depuis le lancement de son offensive terrestre le 27 octobre.
Un homme se tient à côté d’un bâtiment détruit après une frappe israélienne dans la région de Nabatieh, au sud du Liban, le 17 août 2024 (AFP/Mahmoud ZAYYAT)
L’attaque menée le 7 octobre par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël a fait 1.198 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 111 sont toujours détenues à Gaza, dont 39 déclarées mortes par l’armée.
L’offensive de représailles israélienne à Gaza a fait au moins 40.074 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas, qui ne fournit pas de détails sur le nombre de civils et de combattants tués.
Elle a plongé le territoire palestinien dans un désastre humanitaire, avec la grande majorité des 2,4 millions d’habitants de Gaza déplacés.