Galaxie Mulliez : Barthélémy Guislain conserve les rênes d’un groupe familial distinct
Le conseil d’administration a décidé à l’unanimité. Barthélémy Guislain a été reconduit samedi pour cinq ans à la tête de l’Association des familles Mulliez (AFM), propriétaire notamment d’Auchan fondé par Gérard Mulliez, lors d’une assemblée réunissant ses neuf membres.
Il s’agit de la troisième élection consécutive pour cet homme de 50 ans, élu une première fois en 2014, puis réélu en 2019. Barthélémy Guislain reste donc le président du directoire de l’AMF, une galaxie familiale très unie. de 900 cousins. Ce sont eux qui « élisent les neuf membres du conseil de direction » de l’association, rappelle une source à l’AFP.
100 milliards de revenus
Une direction très discrète et intrigante alors que l’AMF est à la tête de 130 enseignes comme Decathlon, Leroy Merlin, Saint-Maclou, Jules, Kiabi, Pizza Paï ou Electro Depot. Le chiffre d’affaires annuel de cette galaxie d’entreprises, qui comprend également Flunch, Weldom et Boulanger, atteint 100 milliards d’euros, pour 650 000 emplois dans le monde.
Barthélémy Guislain, président de l’Association des Familles Mulliez, est marié à une descendante de Louis et Marguerite Mulliez.Franck Crusiaux/REA
Les membres de ce groupement d’intérêt économique, fondé en 1955, gèrent leurs affaires en famille et dans le plus grand secret. Une sorte de pacte d’actionnaires, mêlant sociétés civiles détenues par la famille et sociétés holding gérant les marques.
Seuls les descendants du couple d’origine Mulliez, Louis et Marguerite, ainsi que leurs conjoints, communément appelés « valeurs ajoutées », sont autorisés à détenir des participations. C’est le cas de Barthélémy Guislain, marié à un Mulliez. Avec 20 milliards d’euros, cette famille venue du Nord était placée en huitième position parmi les plus grandes fortunes françaises en 2023, selon « Challenges ».
Soupçons de fraude fiscale
Les syndicats Auchan, Pimkie, Boulanger, Leroy Merlin et Decathlon tentent depuis des années de faire reconnaître la structure de groupe par la justice. Ils réclamaient la possibilité d’un reclassement dans les milliers de magasins de la « galaxie » en cas de fermeture de tel ou tel autre point de vente.
En 2012, un avocat a même tenté une action devant le tribunal de grande instance de Lille contre 25 entreprises liées à l’AFM. Son argument : selon le Code du travail, « fait partie d’un groupe (…) une entreprise dont le capital est détenu à plus de 50% par une autre ». La justice ne lui donnera pas raison, pas plus que l’Autorité de la concurrence n’a jamais considéré la « galaxie » Mulliez comme un bloc économique.
Aujourd’hui, cette entité assez unique en France qu’est l’AFM se retrouve plongée au coeur d’une enquête, menée à Paris cette fois, et portant sur des soupçons de fraude fiscale. Dans le cadre de cette affaire, plusieurs héritiers de la famille ont été mis en examen. Contactée par l’AFP début mai, la famille s’est dite « totalement sereine » quant à une procédure qu’elle jugeait « dénuée de tout fondement ».
