GAFAM et câbles sous-marins | Humanité

Selon le site TeleGeography, il existe actuellement 486 câbles sous-marins dans le monde par lesquels transitent 99% des données numériques échangées dans le monde. Initialement mis en place par les acteurs traditionnels des télécommunications et les Etats, ces câbles sous-marins intéressent de plus en plus Google, Facebook (Meta), Amazon et Microsoft, et ce depuis une dizaine d’années. Et ça va *crescendo* : selon le groupe français Alcatel Submarine Networks, 70% des projets en cours impliqueraient les GAFAM de près ou de loin.
Pourquoi cet intérêt croissant de ces multinationales du numérique pour ce réseau ? Évidemment pour servir leurs propres intérêts. Investir dans ces câbles, c’est avant tout un moyen de contrôler les « tuyaux » qui acheminent les données vers leurs propres centres de données. On peut aussi y voir, et ce n’est pas nouveau, une mainmise des Etats-Unis sur les informations qui circulent dans le Monde. En effet, l’implication des GAFAM dans le tissage de ce réseau sous-marin va jusqu’à modifier sa géographie. La topographie n’est plus la seule raison du choix des itinéraires. Sous l’impulsion du secteur privé, la préférence est également donnée aux chemins les plus courts vers les entrepôts de données situés sur le sol américain.
Sans pouvoir vraiment mesurer les effets à long terme d’une telle évolution, et en mesurant correctement les risques géopolitiques qu’elle comporte, il est difficile de ne pas y voir une nouvelle avancée de la logique capitaliste dans un domaine qui devrait pourtant relever du bien commun . N’est-il pas temps de changer de logique ?
Article réalisé en collaboration avec Alexandre Nicolas (https://le-cartographe.net/)
Code source : https://observablehq.com/@neocartocnrs/gafam-et-cables-sous-marins
Nicolas Lambert est ingénieur de recherche CNRS en sciences de l’information géographique au RIATE : https://riate.cnrs.fr. Il est militant communiste et membre du réseau Migreurop. Il tient également un blog, « cahier néocartographique », et est très actif sur les réseaux sociaux sous le pseudonyme « cartographe encarté » @nico_lambert.
Chaque mois, il nous présente une ou plusieurs fiches accompagnées d’un commentaire pour nous aider à comprendre et appréhender autrement une information, une question de société ou un débat. Nicolas Lambert a participé à la réalisation de plusieurs oeuvres telles que l’Atlas de l’Europe dans le monde (2008), l’Atlas des migrants en Europe (2009, 2012, 2017), Manuel de cartographie (2016, publié en anglais en 2020) et fou Plans (2019). Il enseigne la cartographie à l’Université de Paris.
Retrouvez ici toutes les cartes interactives qu’il a réalisées pour Humanité.
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