Gabriel dos Santos Araujo, le triplé en or du nageur vedette brésilien
PORTRAIT – Le jeune Brésilien a remporté lundi une troisième médaille d’or sur 200 m (S2). Il est devenu l’une des stars des Jeux.
100 m dos (jeudi), 50 m (samedi) et 200 m (lundi) au terme d’une course dominée de bout en bout (devant le Russe Vladimir Danilenko et le Chilien Alberto Abarza Diaz). Le Brésilien Gabriel dos Santos Araujo (22 ans) a décroché les trois médailles d’or dont il rêvait. Pour s’élever d’un cran au-dessus des Jeux de Tokyo en 2021 (2 médailles d’or et 1 d’argent). Et même plus haut. Le porte-drapeau de la délégation brésilienne, star des réseaux sociaux, est un phénomène des bassins. Dans la catégorie S2, réservée aux athlètes souffrant d’un handicap physique sévère. Le Brésilien, né sans bras et avec des jambes atrophiées« Comme nous voulions qu’il ait une enfance normale, nous l’avons emmené dans un club où il y avait une piscine. À quatre ou cinq ans, il savait déjà nager, même s’il n’avait pas de bras. Je pense que c’est un don qu’il a reçu de Dieu », a déclaré sa mère à l’AFP.
Dans l’eau, Gabriel dos Santos Araujo se distingue par sa technique composée de longs flows, puis d’ondulations vives du bassin, du torse, du cou et des jambes. « Il utilise ce qu’on appelle le ‘core’ : les muscles de l’abdomen et de la poitrine. Et il est incroyable, c’est vraiment un exemple. Parce que tout athlète doit se surpasser, mais il a en plus un handicap à surmonter, et c’est très difficile d’être un athlète au Brésil. C’est une icône du sport », détails sur RFI Renata Guerra, nageuse handisport brésilienne, sur la technique, l’endurance et la force mentale qu’elle travaille six jours par semaine, à Juiz de Fora, dans l’état de Minas Gerais (sud-est du Brésil).
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Dans le documentaire À corps perdus (réalisé par Thierry Demaizière et Alban Teurlai ; diffusé sur France Télévisions), Gabriel dos Santos Araujo raconte : « Mon histoire avec l’eau est curieuse, elle est vraiment très particulière. Dans la ville où je vis, Corinto, il faisait toujours très chaud, c’était impossible de ne pas aller dans l’eau. J’ai failli me noyer plusieurs fois et plus cela arrivait, plus j’avais envie d’apprendre à nager et de me dépasser. Cela aurait dû être un traumatisme mais au contraire, ce fut le déclencheur de ma plus grande passion. Quand je suis dans l’eau, je suis dans mon élément, je me coupe du monde extérieur et je suis en symbiose avec l’eau. Quand j’arrive à la piscine, je suis complètement transformée. J’oublie tous les problèmes de la vie et toutes les épreuves que j’ai traversées. J’ai toujours voulu être indépendante et la piscine m’a permis de le faire. »
Inscrit à une compétition, un tournoi scolaire, à la surprise de ses parents à l’âge de 13 ans, Gabriel dos Santos Araujo s’est rapidement distingué. Et n’a jamais arrêté. De nager. Et de gagner (19 médailles internationales, dont 4 aux championnats du monde en 2022). Dans la Paris Défense Arena, qui a vu défiler dans les rues Léon Marchand et les brillants nageurs paralympiques français (Emeline Pierre, Ugo Didier, les frères Alex et Kylian Portal…), le public n’avait d’yeux que pour lui lors de ses courses. Ses mouvements singuliers, son engagement sans faille, étaient accompagnés d’acclamations ferventes.
Et à sa sortie de la piscine, le spectacle continue. Le Brésilien avale une gorgée d’eau de piscine et la recrache en un grand jet. Sur le podium, il s’amuse à faire une petite danse. Toujours illuminé par un immense sourire. Loin des piscines, ce passionné de football « utilise ses orteils pour contrôler l’écran de son téléphone portable, la même technique qu’il utilise avec sa console, avec laquelle il joue principalement au football sur un jeu vidéo, son autre grande passion », raconte O Globo.
Avant de plonger dans ces Jeux Paralympiques, le Brésilien a assuré : « Je suis très compétitive, donc tout ce que je fais, c’est pour gagner. Je souffre beaucoup à l’entraînement, je travaille dur, mais quand je suis dans l’eau, je veux m’amuser et profiter de la natation parce que j’adore ça. Et j’aime l’adrénaline.« Après sa première médaille d’or, il a déclaré au Comité paralympique brésilien : « Mon sourire est porté aux quatre coins du monde. Je me suis senti chez moi. La course a été parfaite, parfaite, parfaite. Les nuits de sommeil que mon entraîneur et moi avons perdues pendant ce cycle en valaient la peine. Tout ce que j’ai travaillé psychologiquement a payé. » Chacune de ses apparitions est depuis enregistrée comme un moment fort des Jeux paralympiques. Le quotidien Zero Hora, cité par Courrier International, résume : « On l’appelle Gabrielzinho, le petit Gabriel, mais même s’il mesure 1,21 m, le talentueux Brésilien est un géant de la natation paralympique. »