Devant le groupe Renaissance à l’Assemblée nationale mardi, le Premier ministre a tenté de convaincre une majorité sceptique.
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Yaël Braun-Pivet le répète, mardi 2 avril, sur franceinfo : elle veut ouvrir le débat sur la fiscalité des entreprises les plus riches. Banco répond Gabriel Attal. Le Premier ministre s’est présenté devant le groupe Renaissance réuni, comme chaque mardi, à l’Assemblée nationale. Face à un déficit public qui a atteint 5,5% l’an dernier, l’idée de se lancer dans une nouvelle réforme du chômage pour économiser de l’argent, plutôt que chercher de nouvelles recettes, laisse la majorité sceptique.
Gabriel Attal tente de calmer le jeu avec d’abord l’idée de taxer les loyers, autrement dit tous les revenus qui ne proviennent pas du travail. Le Premier ministre attend des propositions – et rapidement, d’ici juin, avant les élections européennes – et une mission spéciale est confiée à quatre députés issus de la majorité. Parmi eux, le rapporteur général du budget Jean-René Cazeneuve, l’ancienne ministre Nadia Hai et le président du groupe Modem Jean-Paul Mattéi.
La taxe sur les superprofits ne suffit pas
Pour endiguer l’escalade du déficit, Gabriel Attal se dit également prêt à taxer plus durement les super profits des sociétés énergétiques et pétrolières. Ces grands groupes ont récemment enregistré des bénéfices records grâce notamment à la hausse des prix de l’électricité. Ces derniers mois, cette taxe n’a pas rapporté suffisamment de recettes pour les caisses de l’État, mais le gouvernement a écarté l’idée de taxer les super profits des entreprises d’autres secteurs, même les plus riches. « Le cœur de nos logiciels, c’est le travail », répète inlassablement le Premier ministre, qui défend la cohérence : « Notre projet n’est ni une augmentation d’impôts ni une austérité ».
La semaine dernière, Gabriel Attal est revenu sur le sujet, en proposant une nouvelle réforme de l’assurance chômage. « Il faut aussi écouter une majorité silencieuse, ce sont les Français qui travaillent et qui ont l’impression qu’on leur demande tous les efforts », », lance Gabriel Attal, qui suscite une première levée de boucliers en interne depuis son arrivée à Matignon.
Un vrai risque politique
Le Premier ministre prend des risques, en premier lieu celui d’une motion de censure. La France Insoumise est déjà prête à en présenter une, affirme le député Eric Coquerel, également président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale. A droite, les Républicains – qui font depuis des années de la bonne gestion des comptes publics et des finances du pays l’une de leurs priorités – sont également prêts à appuyer sur le bouton. « Bouton nucléaire »disent même certains membres de la majorité qui se souviennent du vote chaotique sur la loi sur l’immigration à la fin de l’année.
Toujours pour calmer le jeu, Gabriel Attal a confirmé mardi que le gouvernement dévoilerait la semaine prochaine sa trajectoire budgétaire pour atteindre un déficit de 3% en 2027, avant la perspective d’examiner le budget au Parlement à l’automne. « Nous avons un objectif : sortir le pays de la dette » répète le Premier ministre, face aux premiers soubresauts de sa majorité. Elle s’oppose à une hausse des impôts qu’elle juge très impopulaire, alors qu’il y voit une forme de vitalité. « On ne peut pas dire que nous sommes des salauds et, en même temps, dès qu’il y a un débat, dire que la majorité est morte », » déclare le Premier ministre à un peu plus de deux mois des élections européennes. Il sait mieux que quiconque qu’une division de ses troupes serait absolument mortelle.