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Gabriel Attal peut-il être à la fois Premier ministre et chef des députés Renaissance à l’Assemblée nationale ?

Le chef du gouvernement, toujours en poste, est le seul candidat en lice pour présider le groupe de son parti. Ce futur double statut suscite des interrogations, tout comme celui de seize de ses ministres élus ou réélus aux législatives.

« J’ai l’honneur de présenter ma candidature à la présidence de notre groupe. » Dans un message envoyé vendredi 12 juillet aux députés Renaissance, le Premier ministre Gabriel Attal, réélu dimanche député des Hauts-de-Seine, a annoncé son souhait de conduire les troupes du parti présidentiel à l’Assemblée nationale. Le chef du gouvernement, dont la démission a été refusée par Emmanuel Macron, sera le seul en lice, et doit être désigné par un vote électronique samedi matin. « Dans une Assemblée sans majorité, nous devons être essentiels et responsables »il l’écrit dans sa profession de foi consultée par franceinfo, assurant qu’il faudra « tout repenser, tout réinventer, tout reconstruire ».

En sursis depuis les résultats des législatives, qui ont vu la coalition de gauche du Nouveau Front populaire devancer l’ancienne majorité présidentielle, le locataire de Matignon s’apprête donc à retrouver son siège de député, comme seize autres membres du gouvernement, élus ou réélus. Et il compte prendre la tête du groupe Renaissance, réduit à seulement une centaine de membres.

Mais comment Gabriel Attal et ses collègues pourront-ils rester au gouvernement, en attendant la nomination d’un nouveau Premier ministre, et en même temps siéger comme députés ? Cela ne contrevient-il pas à la séparation des pouvoirs ? L’article 23 de la Constitution stipule que « les fonctions de membre du gouvernement sont incompatibles avec l’exercice de tout mandat parlementaire. » Emmanuel Macron compte toutefois accepter la démission du gouvernement le 16 juillet., à deux jours de la première séance de la nouvelle Assemblée, a appris franceinfo auprès d’un participant au dernier Conseil des ministres.

Une échéance qui compte aussi pour Marc Fesneau, toujours ministre de l’Agriculture, réélu député du Loir-et-Cher, et déjà choisi comme patron des députés MoDem. « En eux-mêmes, les groupes ne sont pas encore constitués administrativement »défend le groupe du parti centriste. « Ce qui compte, c’est qu’il ne soit plus ministre le 18 juillet. »

Mais en l’absence d’un nouveau gouvernement à nommer dans la foulée, qui peine encore à se dessiner, les ministres actuels pourraient rester encore un peu en charge des affaires courantes. Contacté par franceinfo, Matignon assure que les membres d’un gouvernement démissionnaire élus à la députation – et donc Gabriel Attal – pourront siéger dès l’ouverture de la session parlementaire, le 18 juillet. Pour les services du Premier ministre, aucun obstacle juridique ne s’oppose à ce qu’il reprenne la présidence du groupe Renaissance. « Les groupes politiques sont des associations. Présider l’une d’entre elles n’est pas une fonction institutionnelle au sens de l’Assemblée »il défend également un fin connaisseur des arcanes du Parlement.

Mais au-delà de la vie interne des groupes, c’est la participation de ces membres du gouvernement aux votes qui pourrait être contestée. Dans un hémicycle sans majorité absolue, dans lequel toutes les voix compteront, celles de Gabriel Attal et de ses 16 ministres pèseront dans les prochaines élections aux postes clés de l’institution, notamment la présidence de l’Assemblée. Et leL’interprétation juridique de Matignon est aujourd’hui vivement débattue par les constitutionnalistes, confrontés à un scénario inédit.

« Objectivement, nous n’avons pas grand-chose »note Benjamin Morel, maître de conférences en droit public à l’université Paris-Panthéon-Assas. « Sauf deux précédents, en 1976 et 1988, où des ministres démissionnaires siégeaient pour élire les membres du bureau, mais cela durait trois jours. Ici, on parle de ministres qui s’occuperaient des affaires courantes pendant beaucoup plus longtemps.

Le Conseil constitutionnel a déjà été consulté par le passé au sujet de l’élection de la présidence de l’Assemblée nationale, pour laquelle il s’est déclaré incompétent, mais jamais sur l’incompatibilité de siéger comme ministre démissionnaire dans l’hémicycle. « Le Conseil constitutionnel n’est pas légitime pour répondre à ces questions »l’institution a indiqué à franceinfo.

Alors, chacun a sa propre interprétation. « Il est très simple »Paul Cassia, professeur de droit public à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, l’affirme pourtant à franceinfo. « LLes ministres ne peuvent pas voter à l’Assemblée, puisque la loi organique prévoit un délai de trente jours (après avoir quitté le gouvernement) avant qu’ils redeviennent députés. En attendant, ils ont leurs suppléants. » Il conteste la position de Matignon, « juge et partie » dans ce cas.

Un autre spécialiste de la Constitution, Thibaud Mulier, de l’Université Paris Nanterre, estime plus pertinent de se baser sur l’article 23 de la Constitution, supérieur aux lois en vigueur. « la hiérarchie des normes »et qui nous permet de considérer « qu’aucun retard n’est à prévoir. » Il a plutôt tendance à interpréter la loi de cette manière : une fois que Gabriel Attal et ses ministres auront démissionné, ils ne seront plus « un gouvernement au sens de l’article 20, (ils) (pourront) « Il n’est plus possible de « déterminer et de conduire la politique de la nation ». L’incompatibilité disparaît. » Ce qui ne résout pas toutes les questions, reconnaît-il :

« Mais à ce moment-là, lors des questions au gouvernement, vous avez M. Attal, député, président de groupe, qui pose une question à M. Attal, Premier ministre, qui s’occupe de l’actualité ? »

Thibaud Mulier, constitutionnaliste

à franceinfo

Un point de vue que Benjamin Morel n’est pas loin de partager. « Le ministre démissionnaire n’est plus ministre, il agit en tant que ministre. Mais si cela dure plusieurs mois, cela devient un problème du point de vue de l’équilibre démocratique. »il croit. Avant de détailler : « Un gouvernement démissionnaire peut-il demander au président de la République une session extraordinaire en septembre ? J’aurais tendance à dire non, mais il n’y a pas de précédent. Je ne vois pas non plus comment on pourrait présenter un budget sous le sceau de l’actualité. »

Reste un point sur lequel les spécialistes interrogés par franceinfo s’accordent : un gouvernement démissionnaire ne peut pas faire l’objet d’une motion de censure car « ça n’existe plus légalement », résume Thibaud Mulier. « On ne peut pas censurer un gouvernement qui est déjà tombé »Benjamin Morel poursuit. Ce qui promet de nombreux débats juridiques si la formation d’un nouveau gouvernement n’intervient pas dans un délai relativement court.

Cammile Bussière

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