Deux jours après la fusillade qui a fait quatre morts, dont le tireur présumé, dans la commune d’Espinasse-Vozelle (Allier), le procureur de la République de Cusset Eric Neveu, qui a « exprimé tout son soutien aux familles et proches des victimes », a tenu une conférence de presse lundi en début de soirée. Celle-ci a permis d’en savoir plus sur le parcours meurtrier du quinquagénaire.
Que savons-nous de plus sur ce voyage mortel ?
Ce samedi soir, vers 19 heures, une fête d’anniversaire se déroule dans une maison de la ville, rue du Moulins-des-Gots. L’un des invités arrive en motocross vers 19h30. Lui et le jeune homme qui fête son anniversaire partent en moto jusqu’au domicile de leur voisin, celui qui va plus tard semer la terreur.
Un homme que les jeunes connaissaient « comme étant colérique », comme l’a précisé le procureur Eric Neveu. Devant le domicile de ce dernier, les jeunes ont alors entendu « des cris et des insultes, sans pouvoir en déterminer l’origine ».
Mais, imaginant « qu’une femme pourrait être en danger », les deux amis, après avoir déposé la moto à la fête d’anniversaire, ont décidé de rentrer, à pied, chez leur voisin. Et ce en étant accompagnés de « deux autres jeunes, dont un mineur, et de deux pères de famille ».
Massacre dans l’Allier : les trois victimes sont de la même famille, précise le procureur de la République
Les quatre jeunes, selon le parquet, « se seraient alors postés devant la maison de ce voisin ». C’est à ce moment que ce dernier aurait ouvert le feu, armé d’un fusil de chasse, vers 21h10. Le voisin aurait tiré « à plusieurs reprises sur les personnes présentes devant sa maison », qui « auraient ensuite pris la fuite dans diverses directions ».
Après avoir abattu par balles le jeune homme de 20 ans, celui-là même qui fêtait son anniversaire, l’habitant de la maison, âgé de 50 ans, a finalement quitté les lieux, « avançant de plusieurs mètres, tuant le père du jeune homme puis son parrain ». Le tireur a ensuite tiré sur une voiture où se trouvaient des fêtards, et derrière laquelle d’autres s’étaient cachés, avant de finalement tirer sur la maison du fêtard, où les fêtards s’étaient retranchés.
L’homme armé a finalement « retourné son arme contre lui », selon le parquet. Il a été retrouvé mort à l’extérieur de la propriété, et une autopsie réalisée lundi a confirmé qu’il avait bel et bien retourné l’arme contre lui.
Son périple avait donc fait trois victimes : l’homme de 20 ans, son père, âgé de 53 ans, et son parrain de 54 ans. Quatre autres victimes blessées par balles ont été transportées à l’hôpital de Vichy, mais leur pronostic vital n’était pas engagé.
Qu’a révélé la perquisition au domicile du tireur présumé ?
Il a permis la découverte d’un « système vidéo importantprotection, ainsi que plusieurs armes à feu dont cinq armes d’épaule, ainsi que 450 cartouches de calibre 12 et plusieurs douzaines22 caisses de munitions Long Rifle. Plusieurs impacts de balles ont également été retrouvés sur la boîte aux lettres du domicile du quinquagénaire, « témoignant de tirs de l’intérieur vers l’extérieur ».
Et qu’en est-il des cris entendus dans la maison ?
Alors que les jeunes qui étaient passés sur leurs motos de cross avaient dit avoir entendu des cris, pensant qu’une femme était peut-être en danger dans la maison de ce voisin « irascible », il s’avère qu’aucune présence féminine n’a finalement été constatée, ni aucune trace de lutte. Les bruits auraient pu provenir de la télévision du quinquagénaire, sur laquelle était branché le jeu de guerre « Call of Duty », « avec un volume très élevé ».
Fusillade dans l’Allier : ce que l’on sait du meurtrier présumé, un ancien militaire
Y a-t-il de nouvelles informations sur la personnalité du tireur présumé ?
Il a été rapidement établi que cet homme de 57 ans était un ancien soldat de l’armée de l’air, ayant servi dans trois bases aériennes de 1991 jusqu’à sa retraite en 2003. Il n’avait jamais participé à une opération extérieure. Né dans le bassin de Vichy, il vivait seul chez lui depuis une séparation. Il était décrit comme « irascible », mais aussi « sauvage et peu sociable ». Il avait arrêté de pratiquer le tir sportif et la chasse. Il était inconnu des services de police et de justice.
Un conflit de voisinage a-t-il été mis au jour ?
A ce stade, non, comme l’a encore souligné le procureur de la République de Cusset, Eric Neveu. L’homme vivait vraisemblablement seul, reclus chez lui.
Confiées à la Section de recherches de la gendarmerie de Clermont-Ferrand et à la Brigade de recherches de Vichy, les investigations se poursuivent. Des analyses toxicologiques et anatomo-pathologiques vont avoir lieu sur le corps du tireur présumé. Les interrogatoires des voisins et des proches vont également se poursuivre.
Denis Lorut et Pierre Geraudie