Premier portrait de notre série « Ils ont une seconde peau ». Rencontrez Fulvian, un étudiant rouennais de 20 ans. Fan du style « Steampunk », il a une cape sur le dos, des lunettes soudées sur son chapeau et une imagination débordante dans la tête.
La « Salve de Dragon de Flamme » attaque. Les dégâts sur les créatures adverses sont considérables, les hordes du commandant Draccus se déchaînent. Il n’y a plus de doute : le chef de guerre gagnera cette bataille.
Le Flame Burst Dragon est une carte simple. Le champ de bataille, c’est Vizz, un bar à jeux de Rouen (Seine-Maritime), spécialisé dans les cartes Magic. Le Commandant Draccus est le personnage que Fulvian s’imagine être lorsqu’il démarre une partie avec son deck Dragon.
Chaque duel est une plongée dans un monde fantastique. Mais une fois le jeu terminé, Fulvian ne quitte pas vraiment son univers alternatif. La preuve à sa sortie du terrain… enfin, le Vizz.
Fulvian enfile son haut-de-forme surmonté de lunettes de soudure, et enfile sa longue et épaisse cape noire.
Il a 20 ans maintenant, mais a commencé à adopter ce style au collège. Il l’appellerait « Steampunk », un genre qu’il définit comme : « science-fiction basée sur des technologies anciennes, comme la machine à vapeur « . Un mouvement rétro futuriste qui rappelle Jules Verne, et qui inspire largement les cosplayers.
Mais pour Fulvian, cette tenue est bien plus qu’un costume qu’il porte lors de festivals ou de salons professionnels. Pour lui, c’est la façon dont il s’habille, point final.
Cela a commencé avec le fameux manteau noir en 4eaprès avoir découvert les jeux de rôle. Petit à petit, il adopte ce style, ce qui lui permet « être lui-même « . « Je suis heureux d’être moi, il explique simplement. Je suis heureux comme ça, j’aime vivre quelque chose d’alternatif. »
Fulvian nous reçoit dans sa chambre, où nous comprenons vite à qui nous avons affaire. Un jeune homme à l’imagination sans limites. Cet étudiant en histoire, aspirant archéologue, possède des boucliers, des cottes de mailles et des épées près de son lit. Traînant ici et là Livres dont vous êtes le héros », les jeux vidéo de type RPG…
Une pièce qu’il transforme année après année en véritable cabinet de curiosités. Vous y trouverez des livres d’histoire anciens et des mangas plus récents, des illustrations de Lovecraft, et surtout de nombreux objets à l’effigie de dragons.
Fiole de sang de dragon, fourreau de couteau sculpté en forme de dragon… » Ne tuez pas les dragons, protégez les dragons ! » clame-t-il, plus ou moins sérieusement. « Je rêve trop. J’invente une quantité de choses chaque seconde qui est assez énorme « .
Retrouvez le reportage d’Arthur Deshayes et Didier Meunier :
Evidemment, la différence est grande entre jouer dans sa chambre, dans son jardin secret, et sortir avec une cape noire et un costume XIXème siècle.e siècle. Et le regard des autres ? Fulvien distingue trois catégories de personnes. « Il y a ceux qui acceptent et qui sont curieux. Il y a ceux qui s’en moquent. Et il y a ceux qui rient ».
Les commentaires dans la rue sont fréquents. « Nous avons souvent des gens qui crient « Hey Harry Potter ». !’. Pour quoi ? Comment ? Je ne sais pas… » sourit Fulvian. La moquerie ? « C’est désagréable et grossier. Avant, je jetais un regard sombre et j’abandonnais. J’ai fini par accepter. »
On pourrait ajouter un 4e catégorie de personnes, depuis la publication sur les réseaux et plateformes du reportage de France 3 Normandie consacré au Fulvien : ceux qui se retrouvent dans sa manière d’être.
Internet est trop souvent le lieu de propos haineux et moqueurs. Cette fois, des centaines de messages positifs, voire admiratifs, ont été postés.
Nous laissons donc le dernier mot de cet article aux internautes. Anthologie :
« Tellement rafraîchissant de voir de tels modes de vie et de telles philosophies ! »
« Homme passionné et passionnant, il est lui-même et cela le rend complètement unique. »
« Belle philosophie de vie à 20 ans, il est heureux dans son monde, c’est le principal. »
« Protégeons à tout prix l’inventivité et la créativité. Ce jeune homme est tellement beau dans ce monde gris. »
« Nous avons besoin de gens qui rêvent. Des gens qui rêvent « trop ». Célébrons l’imagination et les imaginations, les personnes qui gardent un enfant plein de vie à l’intérieur. »