Il ne s’agit ni d’un pari, ni d’un pari, mais d’une décision mûrement réfléchie, préparée depuis un certain temps. La décision du président de la République, omniprésent devant les micros et les caméras, poursuit plusieurs objectifs. Certes, il tente de sortir de la crise politique dans laquelle il est empêtré, sans majorité parlementaire. Il devenait presque certain que le gouvernement serait renversé lorsque de nouvelles lignes budgétaires seraient votées ou que le prochain budget serait adopté. Mais plus fondamentalement, il cherche, au nom du grand capital – pléthorique de contradictions et en pleine guerre interne – à trouver une majorité politique et parlementaire capable de sécuriser le système. Le président sait très bien que l’extrême droite est aux portes du pouvoir. Alors aujourd’hui, il décide de lui permettre de mettre un pied dans la porte. Plus il s’engageait personnellement auprès de la candidate de son camp lors des élections législatives, plus elle perdait des voix. Elle mesure donc le niveau de discrédit, voire de haine, dont il fait l’objet.
Il sait – et ses députés le disent – qu’il peut perdre de nombreux sièges avec ces « élections législatives-TGV »
Il sait aussi que le RN/FN s’est déjà qualifié dans 200 circonscriptions au premier tour des élections législatives de 2022. Et la dynamique des élections européennes permet à l’extrême droite d’espérer des résultats encore meilleurs à la fin de ce mois. M. Macron a donc décidé de s’exonérer de toute introspection, de toute critique, de toute remise en question, de toute remise en cause de son attitude, ainsi que de sa politique qui fait tant souffrir les travailleurs et bloque l’avenir des jeunes. La raison est simple : les intérêts qu’il est chargé de défendre sont plus puissants que les intérêts du pays et de l’immense majorité du peuple. Pour pouvoir mettre en œuvre sa politique, il n’a pas changé de cap : rechercher les conditions d’une union sacrée autour des intérêts du grand capital qu’il tente de confondre avec les intérêts du pays. C’est tout l’objectif des promesses faites aux députés de droite et autres leur garantissant de ne pas s’opposer aux candidats macronistes s’ils se rallient au panache de la majorité présidentielle.
Mais pour s’offrir une assurance tous risques, les puissances monétaires ne mettent pas tous leurs œufs dans le même panier. C’est le sens de l’initiative de M. Ciotti appelant son parti à une alliance avec l’extrême droite. Ainsi une partie de la droite et de la macronie font du RN/FN le pilier de la vie politique.
Les forces politiques, sociales et culturelles de gauche doivent se réveiller, écouter les millions de leurs sympathisants prêts à se mobiliser dès le retour de l’unité. C’est le cas du projet du Front populaire. La gauche doit agir avec audace et tracer ensemble la seule voie d’espoir possible. Seules les forces sociales et progressistes sont en mesure d’éviter le pire. Rien ne dit que les manœuvres du pouvoir fonctionneront, car nos concitoyens ne soutiennent plus une politique qui assure les profits et les dividendes et sème toujours plus d’insécurité de vie parmi les classes populaires.
Discrédités, mais soucieux de conserver une part significative du pouvoir dans le cadre d’un présidentialisme exacerbé, M. Macron et la droite travaillent depuis des mois à une recomposition politique avec pour objectif de construire une union nationale du capital.
Pour cela, ils ne reculeront devant rien. Ne sous-estimons pas le point de bascule vers lequel ils travaillent. Et ils veulent le faire dans une vingtaine de jours après avoir misé sur les dissensions à gauche.
Après avoir organisé son acte duettiste avec l’extrême droite, après avoir installé ses représentants à des postes institutionnels à l’Assemblée nationale, après les avoir débarrassés de leur antisémitisme en défilant à leurs côtés, après avoir repris des bribes de leur programme jusqu’à flirter avec le Concept de « préférence nationale », M. Macron n’exclut plus de gérer les intérêts des milieux d’affaires avec l’extrême droite. Depuis les élections présidentielles de 2017, la macronie, les droites et le RN/FN sont en harmonie sur une question fondamentale : remplacer le rapport de classe, la lutte des classes, par un autre logiciel. Celui d’un combat entre populistes et progressistes, souverainistes et mondialistes, élites contre peuple. Derrière cette stratégie se cache un enjeu fondamental à une époque où les contradictions du capitalisme sont telles que mûrissent les idées autour d’un monde commun de partage du pouvoir, du savoir et des richesses, permettant de vaincre le capitalisme. L’ennemi commun de la droite et de l’extrême droite est la gauche du partage, contestant l’ordre social injuste, combattant un système économique qui détruit les femmes, les hommes et les vivants, portant pour étendard le racisme décomplexé, la haine des jeunes, des chercheurs et des associations engagés. dans la lutte contre toutes les dominations, la survie de la planète, le féminisme. Il a fallu écouter attentivement le garde des Sceaux dépêché dimanche soir pour parcourir les débats post-électoraux, répétant sans cesse qu’en donnant les clés du RN/FN, on fera la preuve de leur nullité qui les discréditera pour le avenir. Il n’a sans doute pas lu Goebbels noircir ces mots dans son journal : « Nous entrons et nous n’en ressortirons plus que si nous mourons. » Les fabricants élyséens d’éléments de langage ne veulent pas non plus que nous ouvrions les yeux sur ce qui se passe en Hongrie, en Italie ou encore en Autriche ou en Allemagne ou même en Israël et en Argentine.
Le grand capital est arrivé au moment où il sait qu’il ne peut plus avancer sans sa béquille. L’extrême droite défend ses intérêts fondamentaux : le marché capitaliste, les choix antisociaux et anti-écologiques, la guerre économique et monétaire et la guerre militaire comme moyen de relance. Conquis par Libération et le Front populaire, ils veulent tout faire disparaître. Les pouvoirs monétaires considèrent qu’un rapport de force électoral plus favorable à l’extrême droite peut, par exemple, accélérer la privatisation de l’audiovisuel public, détruire plus facilement le statut de la fonction publique, de l’assurance chômage et de la sécurité. sociale. La manœuvre est habile. On fait croire aux citoyens qu’on peut augmenter le salaire net en supprimant les cotisations sociales. C’est en réalité le moyen le plus court d’augmenter les profits et d’assécher la solidarité sociale afin d’ouvrir la voie à la retraite par capitalisation et à l’assurance privée. C’est la fin de la couverture des maladies, des accidents du travail et de la vie par la sécurité sociale universelle et solidaire.
Les projets macronistes peuvent être déjoués par une large mobilisation populaire dans la rue et lors des urnes le 30 juin. Il conviendra d’éviter les pièges et certains arguments qui, à notre détriment, peuvent parfois crédibiliser les pires scénarios.
Le front qui se joue entre les forces de gauche et les écologistes, les mouvements syndicaux et associatifs, les mouvements féministes et antiracistes, les organisations de défense de l’environnement, les mondes de la culture, de l’université et de la science, des secteurs importants de la presse et de la justice, est bien loin. -atteindre. Seul ce front uni et populaire peut vaincre l’extrême droite, obtenir la majorité au Parlement et construire un gouvernement d’unité pour abroger les contre-réformes des retraites et de l’allocation chômage, améliorer les petits et moyens salaires, lancer un plan audacieux de rénovation et de développement de l’économie. des services publics dans les quartiers et dans les campagnes, en faisant un effort majeur pour les écoles et les services de santé, en empêchant la cure d’austérité qui s’annonce en cherchant de nouvelles recettes budgétaires en faisant payer au capital ce qu’il doit à la solidarité nationale.
Avec un seul candidat du Front populaire dans chaque circonscription, l’espoir renaît. Le temps presse. Mais de quoi renverser la table et répondre au désir majoritaire de nos concitoyens qui rêvent d’autre chose qu’une start-up nation, d’individualisme forcené, de rejet de l’autre et des divisions, de compétition et de concurrence permanente. , la dévastation du monde et la destruction de la vie. Ils ont à leur disposition les moyens de rejeter les nausées brunes et de rêver de lumières.
Patrick Le Hyaric
11 juin 2024