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frères et rivaux, quand le rêve olympique se vit en famille

Aux portes de Colmar, dans leur centre d’entraînement conçu pour les amateurs comme pour les professionnels aguerris, Bassa et Mickael Mawem échangent des sourires. Se tapant dans la main à plusieurs reprises, les deux entrepreneurs se satisfont du succès de leur salle de sport, alors que l’escalade, leur discipline, fait fureur en France. Mais leur apparente décontraction ne cache pas un certain stress à l’approche de l’échéance d’une vie. Entrepreneurs en ville, ils restent des athlètes olympiques sur les murs d’escalade.

En avril dernier, les deux grimpeurs s’apprêtaient à vivre leurs deuxièmes JO, chez eux en France, après Tokyo en 2021. « Nos carrières sont liées, nous l’avons dit avantmême Bassa, l’aîné, l’a dit. On commence ensemble, on arrête ensemble. Si mon frère avait arrêté après Tokyo, j’aurais arrêté, mais la tentation de Paris était là. C’est incroyable de terminer notre carrière aux Jeux Français. » Malheureusement pour les frères, la cruauté du sport les a rattrapés : Mickael n’a pas réussi à atteindre les quotas pour assurer sa qualification.

Stimulation mutuelle

Bassa, qui participera à l’épreuve de vitesse le mardi 6 août, est de la partie. Une discipline qu’il a fait découvrir à Mickael. Depuis, c’est en famille qu’ils vivent leurs rêves de victoires et les rares déceptions. « Mon frère et moi avions un objectif : être les meilleurs du monde.résume Bassa Mawem. Objectif atteint. Les faits lui donnent raison. Tous deux remporteront l’or en Coupe du monde et seront sacrés à de nombreuses reprises en championnat de France. Lors des JO de Tokyo en 2021, Bassa Mawem établira même le tout premier record d’escalade de vitesse aux JO en 5,45 secondes. Malgré sa blessure en finale, il conserve ce record olympique.

« Il y a inévitablement une concurrence entre nous, mais ce n’est pas une concurrence malsaine. »explique ce dernier. « Nous souhaitons le meilleur à l’autre mais nous essayons de faire mieux qu’eux, cela nous élève. » Une rivalité similaire est démontrée par la joueuse de tennis de table Camille Lutz, dont la sœur Charlotte se prépare à participer aux épreuves de tennis de table. « Je serais content pour elle si elle gagnait, mais cela ne m’empêcherait pas de relativiser mon échec. » Elle-même n’a pas été sélectionnée par la Fédération française de tennis de table (FFTT), et soutiendra sa sœur depuis les tribunes. En guise de lot de consolation, elle évitera ainsi la confrontation directe avec sa cadette. Car si certains membres d’une même fratrie présents aux Jeux olympiques jouent ensemble, à l’image des handballeurs Luka et Nikola Karabatic, d’autres pourront concourir dans la même discipline.

Des familles en harmonie

Dans ces cas de compétition très particuliers, les autres membres de la famille, bien conscients d’avoir parmi eux des fleurons du sport français, deviennent leurs compagnons et supporters constants. « On ne peut pas dire qu’on était des enfants modèles, on a fait des bêtises, on n’était pas très scolaires.rit Bassa Mawem, « Mais notre mère et notre beau-père nous ont apporté un réel soutien. Ils ne nous ont jamais gênés. » « Nous n’avions que le sport, et ils nous ont tellement soutenus que cela aurait été une grande déception pour nous de ne pas aller jusqu’au bout et de ne rien faire de notre vie, a ajouté son frère Mickael. Notre entourage est là dans les défaites comme dans les victoires. »

Les parents sont tenus responsables du respect des lois du sport, ce qui signifie souvent que le succès d’une personne est la déception d’une autre. « Quand Charlotte a été sélectionnée, je ne l’étais pas, donc les parents sont là, à la fois pour fêter et pour consoler… J’imagine que ce n’est pas facile », confie Camille Lutz. Fille d’un ancien pongiste et d’un footballeur de bon niveau, la jeune espoir française assure : « Nous baignons depuis toujours dans le sport, avec les aléas qui vont avec, donc nous avons le contrôle sur toutes ces données. »

Des frites sur la ligne ?

De l’aveu même de Tony Estanguet, président du Comité d’organisation des Jeux de Paris 2024 (Cojo), les relations entre frères rivaux ne sont pas toujours faciles. Il a éliminé son frère aîné, Patrice, lors des qualifications pour les JO de Sydney (2000). « Nous sommes vraiment devenus adversaires et ce n’était pas facile. Il a fallu prendre un peu de distance pour que tout le monde puisse rester concentré. « , relate-t-il. Après une déception en demi-finale à Pékin en 2008, le patron de Paris 2024 s’est remis en question et a demandé l’aide de son aîné pour revenir au sommet. Patrice Estanguet rejoint alors le staff du kayakiste et apporte son expérience. Et son petit frère reviendra au sommet de l’Olympe à Londres en 2012, où il remporte à nouveau la médaille d’or.

En fouillant dans sa mémoire, Bassa Mawem nous assure qu’il ne s’est disputé avec son frère qu’une seule fois, « il y a longtemps. » « Nous avons eu une violente dispute parce que Mickael m’a dit qu’il voulait quitter l’écoleil se souvient. Depuis, plus de disputes. Si le ton monte, il y en a toujours un plus lucide pour calmer les choses.  » « Il n’y a pas de jalousiedit aussi Camille Lutz, à propos de sa sœur Charlotte. Nous nous disputons comme des sœurs, mais cela ne dure jamais très longtemps et nous finissons par nous réconcilier.

Mettre de côté cette relation lors d’une confrontation directe est sans doute l’un des plus grands défis entre deux personnes qui se respectent et, au-delà, s’aiment inconditionnellement. « Affronter Charlotte est très différent de n’importe quel autre adversaire.explique Camille Lutz. Mentalement, c’est compliqué, j’essaie d’ignorer ce qui nous entoure. »

« L’approche est différente quand on joue son frère »

« Contrairement à un autre adversaire, il n’y aura pas de préparation mentale particulière car lorsque les deux frères s’affrontent, le travail pour moi est fait »confie Nathanaël Molin, entraîneur des pongistes Alexis et Félix Lebrun, superstars de leur sport. « Quand on les oppose, cela veut dire qu’on est arrivé au bout de ce qu’on peut faire avec eux et c’est à eux d’écrire leur histoire. » « L’approche est différente quand on joue son frère, il suppose cependant. Depuis tout petits, ils ont l’habitude de s’affronter et si cela reste un match particulier, il y a aussi beaucoup de fantasmes autour. Ils vont faire comme pour n’importe quel match, s’échauffer, se mettre en condition… et donner le meilleur d’eux-mêmes.

Lorsqu’Alexis Lebrun a remporté les championnats de France de tennis de table en mars dernier face à son frère Félix (qui n’a jamais battu son aîné, malgré un meilleur classement mondial), la joie de l’un a contrasté avec les larmes de l’autre. Une histoire qui s’est terminée par une chaleureuse étreinte, laissant aux spectateurs des images marquantes, comme le sport sait si bien en produire. Aux Jeux de Paris, la fratrie française a l’occasion d’en livrer de nouvelles.

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Dix frères et sœurs français en lice à Paris

Au 21ème siècle, Plusieurs familles françaises ont placé des membres d’une même génération sur les podiums olympiques. Aux Jeux de Tokyo (2021), cinq frères et sœurs français étaient déjà représentés.

Outre les frères Karabatic, Toujours présents à Paris, plusieurs frères et sœurs français ont déjà marqué l’histoire. Les handballeurs Bertrand et Guillaume Gilles ont tous deux remporté l’or à Londres et Pékin. Brice Guyart, médaillé d’or au fleuret par équipes à Sydney en 2000 et en fleuret individuel à Athènes en 2004, a vu sa sœur cadette, Astrid, décrocher l’argent au fleuret par équipes à Tokyo.

Quant à la nageuse Laure ManaudouReine des bassins en 2004, sur 400 m, elle assistait depuis les tribunes au sacre de son frère Florent, 8 ans plus tard, sur 50 m, à Londres.

William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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