Le criminel, porté disparu depuis plus de vingt ans, a terminé ses jours à 78 ans à l’hôpital Saint-Joseph, après être apparemment revenu vivre avec sa famille dans le quartier Saint-Giniez, près du stade Vélodrome. Il était devenu une figure quasi légendaire depuis qu’il avait dénoncé ses amis et les assassins du juge d’instruction Pierre Michel, magistrat en guerre contre les narcotrafiquants, abattu par deux tueurs à moto le 21 octobre 1981.
« Sa trajectoire reste mystérieuse, et on ne sait pas tout. Il y a eu des rumeurs récemment sur son retour à Marseille, mais il était quand même très difficile d’imaginer qu’il aurait pu revenir vivre auprès de sa famille. » Journaliste spécialisé dans le banditisme, auteur d’une longue enquête pour le magazine XXI parue en 2023, Brendan Kemmet a signé un joli scoop le 13 juillet, en révélant la mort, le 7 juillet à l’hôpital Saint-Joseph de Marseille, d’un homme dont on avait perdu toute trace depuis plus de 20 ans. Un personnage légendaire, qui s’était mérité un surnom peu enviable dans le milieu international.
Car pour les flics comme pour les voyous, François Scapula était « La Balance ». Celui qui avait brisé l’omerta, trahi ses amis et toutes les règles de la mafia, pour sauver sa peau et échapper à une vie en taule.
Derrière l’histoire de cet individu et son surnom peu flatteur, il y a une tragédie qui a marqué l’histoire de la justice française. Le 21 octobre 1981, à Marseille, deux tueurs à moto abattaient le juge d’instruction Pierre Michel, un magistrat de 38 ans qui menait la vie dure aux grands narcotrafiquants du Sud, héritiers de la fameuse French Connection qui approvisionnait l’Amérique depuis vingt ans.
Pendant quatre ans, l’enquête piétine : Jacqueline Michel, sa veuve, et ses deux filles, dont l’une vit aujourd’hui à Montpellier avec sa mère, ignorent qui a voulu la mort de ce magistrat pugnace, parti en guerre contre les mafias. La vérité viendra de Suisse, où Scapula est arrêté en 1985 après une enquête menée en collaboration avec la DEA américaine : dans un chalet près de Fribourg, la police suisse arrête François Scapula, Jean Guy, un gangster nîmois, et met la main sur 10 kg d’héroïne pure. Au moins 300 kg d’héroïne y auraient été fabriqués avant l’intervention policière. François Scapula est condamné à 20 ans de prison, Jean Guy à 14 ans. Mais Scapula sait qu’il lui reste bien d’autres lourdes factures judiciaires à régler, avec la justice française et bien d’autres.
Ainsi, le 1er mai 1986, à 20h30, il s’est assis à la table en face du magistrat français venu l’interroger en Suisse. « Je suis prêt à dire tout ce que je sais » explique celui qui devient La Balance ce soir-là. Il donne les noms des tueurs : Charles Altiéri, qui conduisait la moto, François Chechi, le tireur, et les commanditaires, Homère Filippi, un proche de Tany Zampa, et François Girard, son ami d’enfance et associé en affaires. Ils sont tous marseillais, ils viennent tous du même quartier que lui : la trahison est totale. Tout le monde le dit : la tête de Scapula est mise à prix (un million de dollars) et ses jours sont comptés.
Au procès des assassins du juge Michel, condamnés à la réclusion à perpétuité en 1988 à Aix-en-Provence, François Scapula a refusé de venir témoigner. Dix ans plus tard, il est en semi-liberté dans sa prison suisse. « Il a donné une interview déjantée à France 2, où il expliquait ses tourments, et portait une cagoule, ce qui conforterait l’idée qu’il avait déjà bénéficié de chirurgie esthétique. » déclare Brendan Kemmet.
Et puis deux ans plus tard, la justice suisse révèle que La Balance avait profité d’un laissez-passer pour s’évader. Problème : cette évasion avait eu lieu… un an plus tôt. Étrange. S’agissait-il vraiment d’une évasion ?
« Il avait manifestement passé des accords avec la justice française et avec les Américains, qui lui proposaient des contrats de repentance. François Scapula est allé témoigner à New York contre la famille Benavente, une mafia italo-américaine. Certains disent qu’il a ensuite été recueilli par les Américains. Qu’il a même travaillé pour la DEA à l’aéroport de New York. Un de ses amis m’a dit qu’il voyageait aussi beaucoup, en Amérique du Sud, en Espagne où il avait investi dans l’immobilier. »
D’autres sont convaincus que ce joueur, amateur de vêtements de luxe et de jolies filles, qui avait une splendide maîtresse brésilienne, qui connaissait intimement le roi Juan Carlos et un grand acteur français, est enterré depuis longtemps six pieds sous terre, aux États-Unis, en Thaïlande ou au Liban.
« Vers 2017, 2018, on nous a annoncé son décès. Il a dû se passer quelque chose à ce moment-là, probablement des problèmes de santé. » Brendan Kemmet continue. « Je pense qu’il était au bout du rouleau physiquement et financièrement et il est revenu auprès de sa famille et de son quartier. »
Selon Le Parisien, il avait été hospitalisé en 2018 à Marseille, sous son nom, et avait blessé une infirmière lors d’une crise paranoïaque au réveil. L’affaire avait été classée sans suite en 2019. À Marseille, Scapula se faisait discret, mais les voisins l’avaient remarqué alors qu’il prenait son vélo pour une balade. Malade, il est décédé le 7 juillet : Paris Match Cette semaine, il publie une photo de lui dans son cercueil : un vieil homme émacié, portant le maillot de la Juventus Turin.
« Cela nous ramène encore une fois à ce qui s’est passé il y a presque 44 ans. C’est une douleur sans fin, nous la subissons, et c’est notre croix. » soupire Béatrice Michel, qui a accepté pour la première fois de s’exprimer longuement dans Midi Libre en 2021, pour le quarantième anniversaire de l’assassinat de son père.
« Il est difficile de s’émouvoir de sa disparition. Son rôle dans le crime n’a jamais été très clair, même si ses déclarations ont été utiles pour révéler la vérité. « On a fait en sorte que tout le monde en 1988 ne soit pas là au procès. Il y a eu une vérité judiciaire, et puis le reste. Scapula, on l’a mis dans le reste. Tout cela laisse perplexe, comme sa fin de vie, qui interroge. Et j’ai le sentiment que ça n’intéressait pas grand monde, de savoir si François Scapula avait encore des secrets. »
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