Frappes israéliennes à Gaza, tensions au Liban et au Yémen

L’armée israélienne bombarde samedi la bande de Gaza sans aucun signe tangible d’un cessez-le-feu à court terme dans la guerre entre Israël et le Hamas qui a vu ces derniers jours une recrudescence des tensions au Liban et au Yémen.

Au neuvième mois de guerre, le front nord d’Israël, à la frontière avec le Liban, connaît une nouvelle flambée de violence avec d’intenses échanges de tirs transfrontaliers entre le Hezbollah, allié du Hamas, et l’armée israélienne.

Le président français Emmanuel Macron a annoncé jeudi que la France, les États-Unis et Israël travailleraient dans un format « trilatéral » sur une feuille de route française pour contenir les tensions à la frontière israélo-libanaise.

Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a rejeté vendredi cette nouvelle initiative, accusant Paris de« hostilité » à l’égard d’Israël, des déclarations dénoncées comme « déplacé » au sein même de la diplomatie israélienne.

Et les rebelles yéménites Houthis, alliés du Hamas, ont revendiqué ces derniers jours une série d’attaques contre des navires en mer Rouge, ce qui a poussé Washington à  » détruire «  au Yémen sept radars nécessaires à ce type d’opérations.

Parallèlement à ces évolutions régionales, les espoirs d’un cessez-le-feu à court terme à Gaza semblent anéantis, les protagonistes s’en tenant à leurs positions intangibles.

Aux premières heures de samedi, des témoins ont fait état de frappes israéliennes dans le territoire palestinien en proie à une crise humanitaire majeure avec des menaces de famine et où 75% des quelque 2,4 millions d’habitants ont été déplacés selon l’ONU.

Les brigades al-Qassam, la branche armée du Hamas, ont revendiqué des tirs de roquettes sur le territoire israélien, tout proche de la bande de Gaza.

 » Assez « !

« Nous étions assis à la maison et mangions. Soudain, la maison s’est effondrée sur nous. »touchée par une frappe nocturne israélienne sur la ville de Gaza (nord), a indiqué vendredi à l’AFP Anwar Harz. « Assez, assez de guerre et de destruction. »

À l’hôpital des martyrs d’Al-Aqsa à Deir al-Balah (centre), des membres de la famille Hegazi ont pleuré la mort d’Eyad, 10 ans, qui, selon eux, est mort de malnutrition. Des images montrent sa sœur tenant dans ses bras son corps très émacié.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 8 000 enfants de moins de cinq ans ont été traités à Gaza pour malnutrition aiguë, « dont 1 600 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère ».

« Il y a déjà eu 32 décès attribués à la malnutrition, dont 28 chez les enfants de moins de cinq ans »» a déclaré mercredi le chef de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Et vendredi, l’OMS s’est dite préoccupée par l’aggravation de la crise sanitaire en Cisjordanie occupée, où les restrictions, les violences et les attaques contre les infrastructures médicales compliquent l’accès aux soins.

La jetée a déménagé

A Gaza, la jetée temporaire américaine qui permet d’acheminer l’aide humanitaire vers la population gazaouie par voie maritime va être supprimée en prévision d’une mer agitée, a annoncé vendredi le Commandement américain pour le Moyen-Orient (Centcom).

Cette jetée sera déplacée vers le port israélien d’Ashdod, en Israël. « La décision de déplacer temporairement la jetée n’est pas prise à la légère, mais elle est nécessaire » pouvoir « continuer à fournir de l’aide à l’avenir »a ajouté Centcom, promettant qu’il sera réinstallé  » rapidement « .

Washington, principal soutien militaire d’Israël, a installé cette jetée au large des côtes de Gaza, face aux restrictions sévères imposées par Israël sur l’acheminement terrestre de l’aide au territoire palestinien ravagé par la violence.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par l’attaque lancée par le Hamas depuis Gaza dans le sud d’Israël, qui a fait 1.194 morts, pour la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Sur 251 personnes enlevées, 116 sont toujours retenues en otage à Gaza, dont 41 sont mortes, selon l’armée.

En réponse, l’armée israélienne a lancé une offensive à grande échelle à Gaza qui a fait 37 266 morts, pour la plupart des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.

Biden critique le Hamas

Le plan de trêve à Gaza annoncé le 31 mai par le président américain Joe Biden, principal allié d’Israël, est jusqu’ici resté lettre morte, le gouvernement israélien et le Hamas campant sur leurs positions.

Le plan prévoit, dans une première phase, un cessez-le-feu de six semaines accompagné d’un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, de la libération de certains otages détenus à Gaza et de la libération des Palestiniens emprisonnés par Israël.

M. Biden a présenté ce plan comme venant d’Israël. Mais le Premier ministre Benjamin Netanyahu l’a jugé incomplet, réaffirmant la détermination de son gouvernement à poursuivre la guerre jusqu’à la défaite du Hamas et la libération de tous les otages.

Le Hamas a envoyé aux pays médiateurs une première réponse qui, selon une source proche des discussions, contient « amendements » au plan, y compris « un calendrier pour un cessez-le-feu permanent et le retrait complet des troupes israéliennes de Gaza ». Des exigences qu’Israël a toujours rejetées.

En marge du sommet du G7 en Italie, M. Biden a imputé la responsabilité au Hamas jeudi. « J’ai soumis une proposition approuvée par le Conseil de sécurité, par le G7, par les Israéliens, et le principal obstacle à ce stade est le refus du Hamas de signer, même s’ils ont proposé quelque chose de similaire. »

Selon un projet de déclaration, le G7 a appelé vendredi les agences de l’ONU, dont celle chargée des réfugiés palestiniens, l’Unrwa, à pouvoir travailler sans entrave à Gaza.