Frappe meurtrière russe à Lviv, remaniement ministériel majeur
L’Ukraine a subi mercredi de nouveaux bombardements russes qui ont fait sept morts dont trois enfants à Lviv (ouest), à près de 1.000 kilomètres du front, au lendemain d’une frappe particulièrement meurtrière à Poltava (centre).
Pendant ce temps, le gouvernement ukrainien connaît son plus grand remaniement depuis le début de l’invasion russe le 24 février 2022, le ministre des Affaires étrangères Dmytro Kuleba ayant annoncé son départ. Le président Volodymyr Zelensky a expliqué qu’il souhaitait « une nouvelle énergie ».
Moscou, pour sa part, a intensifié ses attaques contre son voisin depuis que Kiev a lancé une offensive surprise sur la région russe de Koursk le mois dernier, s’emparant de centaines de kilomètres carrés.
« Sept personnes, dont des enfants, sont mortes » à Lviv mercredi, a déclaré le parquet ukrainien sur Telegram.
Selon le maire de la ville, Andrii Sadovii, l’attaque a tué quatre membres d’une même famille, une mère et ses trois enfants, laissant le père comme seul survivant.
Au total, 53 personnes ont été blessées, selon l’administration militaire régionale.
« J’ai entendu des cris terribles et inhumains »a déclaré Ielyzaveta, 27 ans, une habitante du quartier touché.
Les bâtiments du centre de Lviv étaient recouverts de suie et des voitures et débris calcinés jonchaient le sol, a constaté un journaliste de l’AFP.
Marquée par son héritage polonais et austro-hongrois, Lviv possède un centre historique classé au patrimoine mondial de l’UNESCO et « au moins sept bâtiments architecturaux » ont été touchés mercredi, selon le chef de l’administration militaire de la ville, Maksym Kozytsky.
Une cinquantaine de bâtiments ont été endommagés, dont deux établissements médicaux et deux écoles, selon le ministère de la Culture.
Située dans l’ouest de l’Ukraine, loin des combats, Lviv a été relativement épargnée par les missiles russes par rapport à d’autres villes du pays, mais elle reste périodiquement ciblée.
Un lourd bilan à Poltava
Une nouvelle frappe a touché Kryvyi Rig, ville natale du président ukrainien Volodymyr Zelensky, dans la nuit de mardi à mercredi, blessant cinq personnes, a-t-il annoncé.
M. Zelensky a dénoncé « Attentats terroristes russes » et a appelé une fois de plus les Occidentaux à fournir à son pays davantage de ressources militaires « mettre fin au terrorisme ».
Il répète ce message à maintes reprises alors que Moscou multiplie ses frappes massives, ciblant les infrastructures énergétiques de l’Ukraine ou visant des villes éloignées du front.
Mardi, au moins 53 personnes ont été tuées et près de 300 blessées dans une frappe de deux missiles balistiques visant un institut militaire dans la ville de Poltava, dans le centre de l’Ukraine.
Selon Zelenky, la frappe a touché l’Institut des communications, qui forme des spécialistes des télécommunications militaires depuis les années 1960.
L’armée russe a déclaré mercredi que son attaque avait touché un centre d’entraînement militaire où, « sous la direction d’instructeurs étrangers, des spécialistes en communications et en guerre électronique (…) ont été formés »tout comme « opérateurs de drones impliqués dans des frappes » sur le sol russe.
Kouleba démissionne
Le ministre des Affaires étrangères Dmytro Kuleba, en poste depuis 2020, a présenté mercredi sa démission, à la suite de plusieurs autres responsables, ouvrant la voie à un remaniement ministériel majeur.
La démission de quatre ministres a été approuvée mercredi par la Rada, le parlement ukrainien, mais le sort de M. Kuleba n’est pas encore décidé. Le vote sur lui a été « reporté d’urgence » et pourrait avoir lieu jeudi, selon une source parlementaire.
En tout, « Plus de 50% des membres du gouvernement seront remplacés »a assuré mardi soir David Arakhamia, chef des parlementaires du parti présidentiel.
Lundi, c’est le directeur de l’opérateur du réseau électrique ukrainien Ukrenergo, Volodymyr Kudrytsky, qui a annoncé avoir été démis de ses fonctions.
Le président Zelensky a procédé à plusieurs remaniements depuis le début de la guerre, notamment en limogeant son ministre de la Défense en septembre 2023 après des scandales de corruption et en remplaçant le chef d’état-major de l’armée à la suite de revers sur le champ de bataille.
Ces changements surviennent alors que l’armée russe a accéléré son avancée dans l’est de l’Ukraine, notamment vers Pokrovsk, un centre logistique majeur dont elle se trouve à moins de 10 kilomètres.
Les troupes russes ont revendiqué mercredi le contrôle d’une nouvelle ville dans la région, Karlivka.
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