François, un regard pastoral sur les questions sociales
La fraternité est un signe des temps. Au cœur de la pensée du pape François
Par le cardinal Michael Czerny et Christian Barone
Préface du Pape François
Artège, 290 p., 17,90 €
L’encyclique Fratelli tutti est loin d’avoir reçu le même écho que Laudato si’, même dans les milieux chrétiens… Pourtant, ce texte est au cœur de l’enseignement du pape François et contribue au renouveau de la doctrine sociale de l’Église. C’est ce que disent les deux auteurs de ce livre, le cardinal Michael Czerny, jésuite canadien et actuel préfet du Dicastère pour le Service du Développement humain intégral, et le père Christian Barone, prêtre italien enseignant à l’Université Grégorienne.
Avant d’aborder l’encyclique, ils commencent par montrer que François déploie son enseignement social en pleine fidélité aux grandes intuitions de Vatican II, qui a notamment permis de« pour approfondir la compréhension du message révélé et le présenter d’une manière plus adaptée aux hommes et aux femmes d’aujourd’hui ». Cependant, s’attaquer aux problèmes sociaux « au look pastoral » a des implications en termes de méthode : l’Église doit renoncer à une « posture asymétrique » et être ouvert à recevoir la contribution d’une expertise laïque dans son travail de discernement des signes des temps.
« Un cercle vertueux entre théorie et pratique »
Cette approche a été cultivée par Jean XXIII et Paul VI, moins par Jean-Paul II et Benoît XVI. La continuité de François avec ses deux prédécesseurs immédiats « n’est pas tant au niveau de la méthode, mais plutôt dans l’accent mis sur certains thèmes et horizons vers lesquels orienter l’avenir de l’Église », estiment les auteurs. Non pas que François ait renoncé à la doctrine, mais il a établi « un cercle vertueux entre théorie et pratique ». Dans Fratelli tutti un péché Laudato si’,« Ce n’est qu’après avoir établi un terrain d’entente sur lequel fonder ses vues que le pape François expose la contribution spécifique que la foi peut jouer dans la crise actuelle. »
Ces détails méthodologiques permettent de mieux comprendre l’apport de Fratelli tutti à l’enseignement social de l’Église. Cette encyclique vise avant tout à nous convaincre que « Lutter contre la dégradation culturelle et éthique va de pair avec la prise en charge de la création. Pour guérir la terre, il faut se guérir soi-même du mal de l’égoïsme« . Un livre très éclairant, écrit par un cardinal jésuite dont la voix comptera au prochain conclave.