François rappelle à l’Indonésie ses grands principes
Quelques coups de canon envoient une volée de colombes s’envoler dans le parc arboré du palais présidentiel de Jakarta. Indisciplinés, les oiseaux de la paix font demi-tour trop vite, snobant la colonnade néoclassique devant laquelle le pape vient d’arriver. Ce mercredi 4 septembre, au matin, François s’adresse aux autorités politiques du pays qui compte la plus grande population musulmane au monde. Afin de promouvoir une harmonie pacifique et constructive qui garantit la paix (…) L’Église catholique souhaite renforcer le dialogue interreligieux, a déclaré le pape. De cette façon, les préjugés peuvent être éliminés et un climat de respect et de confiance mutuels peut être favorisé. Cela est essentiel pour (…) pour contrer l’extrémisme et l’intolérance qui, en déformant la religion, tentent de s’imposer par la tromperie et la violence.
La veille, dans les rues de la ville, certains Jakartanais ignoraient l’arrivée du chef des catholiques. Le pape est très respecté et il sera écouté, y compris par les musulmans.assure Bambang Trismawan, reporter du quotidien indonésien, sous un acacia de 25 mètres La Grande Merdekaet lui-même musulman, alors que les fonctionnaires entrent dans le palais.
Dans ce pays où s’est tenue il y a soixante-dix ans la Conférence de Bandung entre pays décolonisés, le pape argentin est surtout connu pour ses positions sur les conflits en Ukraine et en Palestine, « non alignées » avec celles de la diplomatie occidentale. Assis aux côtés du président indonésien Joko Widodo dans une salle du palais construit par les colons hollandais en 1796, François a également évoqué la « préambule de votre Constitution de 1945, qui fournit des indications précieuses sur la direction du chemin que l’Indonésie démocratique et indépendante a choisi » Le Pape, qui a assuré que » l’église catholique (…) souhaite renforcer la collaboration avec les institutions publiques ou d’autres acteurs de la société civile « sans faire » pas de prosélytisme « , a notamment salué trois principes fondateurs de la nation indonésienne : » unité dans la multiplicité, justice sociale (et) bénédiction divine « .
Forces spéciales
» « J’ai trouvé le discours du pape très respectueux de notre identité. »analyse le journaliste indonésien Bambang Trismawan. Le ton était diplomatique, mais j’ai quand même noté quelques critiques à la fin. « Quand François a dénoncé cela à « Au cours des événements historiques, les principes inspirants rappelés ci-dessus n’ont pas toujours eu la force de s’imposer en toutes circonstances Peut-être ces mots étaient-ils destinés aux représentants des futurs pays visités lors du voyage papal, à commencer par le Timor oriental, occupé par l’Indonésie entre 1975 et 1999. Ou peut-être François a-t-il voulu s’adresser directement au premier rang, où était assis le ministre indonésien de la Défense Prabowo Subianto, élu en février dernier président de la République indonésienne, poste qu’il devrait occuper à partir du mois prochain. L’homme, marié à l’une des filles de l’ancien dictateur Soeharto, était membre des forces spéciales lors de l’invasion du Timor oriental, où des ONG l’accusent d’avoir participé à des massacres.
Poursuivant son discours, François a également dénoncé, sans parler explicitement de l’Indonésie, l’émergence en » diverses régions (…) de conflits violents, qui sont souvent le résultat d’un manque de respect mutuel, d’une volonté intolérante de faire valoir à tout prix ses intérêts, sa position ou son récit historique partiel, même si cela provoque des souffrances infinies pour des communautés entières et conduit à de véritables guerres sanglantes. « Entre 1975 et 1999, le conflit au Timor oriental a entraîné la mort de près de 200 000 personnes, selon Amnesty International, soit un tiers de la population. » Des tensions violentes se développent parfois au sein des Étatsle pape l’a répété. Parce que ceux qui détiennent le pouvoir voudraient tout uniformiser, imposer leur vision, même dans des domaines qui devraient être laissés à l’autonomie des individus ou des groupes associés. De nombreux Indonésiens, y compris des catholiques, s’inquiètent désormais d’un affaiblissement de la démocratie.
9,4 % des Indonésiens sont pauvres
Après deux tentatives avortées à l’élection suprême en 2014 et 2018, Prabowo Subianto l’a emporté en 2024 après avoir reçu le soutien du fils de l’actuel chef de l’Etat Widodo, qui sera son vice-président. Et un autre fils de « Jokowi », le surnom que les Indonésiens donnent à leur président, vient lui aussi de faire son entrée en politique. Bienvenue au Pape au pays du népotisme et des ambitions cachées « , a déclaré cyniquement un Jakartan qui écoutait le discours, et a dit apprécier cette déclaration de François selon laquelle » Malgré des déclarations politiques convaincantes, de nombreuses situations manquent d’engagement efficace et clairvoyant en faveur de la construction de la justice sociale. « Le pape, qui n’a pas nommé explicitement l’Indonésie, a appelé plus clairement à une approche unifiée. » pour surmonter les déséquilibres et les poches de pauvreté qui persistent encore dans certaines régions » du pays. Alors que l’archipel s’est hissé au rang de 16et Dans l’économie mondiale, 25,9 millions de personnes vivent encore en dessous du seuil de pauvreté national.
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