Le petit commerçant à l’origine de l’achat revendait les bouteilles achetées à un prix multiplié par 100.
Coup dur pour le Château Grand Housteau situé à Saint-Germain-de-Grave au sud de la Gironde. Placé en liquidation judiciairele domaine viticole devait se séparer de vos bouteilles de vin (75 cl) à un prix dérisoire : cinq centimeson a appris ce jeudi 10 octobre de Sud Ouest.
Plusieurs centaines d’hectolitres ont été vendus 7 euros. « Nous n’en sommes pas à 750, 600 voire 500 euros le baril, a déploré Didier Cousiney, figure emblématique du collectif vigneron Viti 33, auprès de nos confrères. Franchement, je n’ai même plus d’adjectif pour décrire ce prix… »
Les membres du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) n’ont pas manqué de mots. « La situation est honteuse, inconcevable et moralement insupportable »a déploré le vice-président, Bernard Farges, accusant certains « vautours » par leur comportement, alors que le secteur vitivinicole est en pleine crise. Selon le quotidien, le vin en vrac a été acquis par un petit commerçantun ancien vigneron de l’Entre-deux-Mers, particulièrement touché par la crise et où de nombreuses vignes sont abandonnées.
Bouteilles revendues avec une belle marge
Si l’identité de ce dernier n’a pas été révélée par nos confrères, ils ont pu étudier son site Internet. où les bouteilles acquises sont revendues pour un peu plus de 5 euros. Les cubes de 5 litres sont vendus à 18 euros. Une marge très importante, compte tenu du prix d’achat. « Que ces ventes passent sous les radars du secteur interprofessionnel est totalement inacceptable »» a enragé certains membres du conseil.
Depuis juillet, Bernard Farges dénonce le manque de certification et de contrôle qualité lors de ces enchères et affirme avoir déjà multiplié les courriers cet été pour sensibiliser les autorités.
En faillite depuis 2023
Le Château Grand Housteau a été vendu à des investisseurs étrangers il y a quelques années. Depuis, les trente hectares autrefois cultivés sont laissés à l’abandon et LE la succession a été mise sous séquestre en 2023avant d’être placé en liquidation judiciaire cet hiver. La vente aux enchères de son matériel et de son stock de vin a eu lieu le 26 septembre.
« Un risque de faillite générale »
« C’est un sujet autrefois exceptionnel qui va se reproduire »a attristé Bernard Farges dans les colonnes de Sud-ouest. D’autres enchères ont déjà eu lieu, a-t-il rappelé, et d’autres sont encore à venir.
La Confédération paysanne a alerté sur les conséquences de ces « ventes à prix cassés », mettant en garde contre « un risque de faillite générale ». Le syndicat a appelé à une intervention rapide des pouvoirs publics pour éviter que ces ventes ne poussent davantage de domaines viticoles à la faillite.