France.tv arrête ses émissions scientifiques, “une hérésie à l’heure de l’urgence climatique”
« Vert de rage », le « Magazine Santé »… La cascade d’arrêts de diffusion pourrait ouvrir la voie à la désinformation, estiment neuf associations de journalistes dans un article publié dans « Libération ».
Publié le 26 avril 2024 à 15h21
LLa science est-elle en danger dans le service public ? Après l’annonce récente de la fermeture du magazine écolo Vert de rage, neuf associations de journalistes ont décidé de tirer la sonnette d’alarme. « Cette décision de le supprimer est une hérésie à une époque d’urgence climatique et de crises environnementales. » ils estiment dans une chronique publiée dans Libérer. Le risque ? Laisser proliférer la désinformation, et donc s’écarter de leurs engagements de service public.
Cette décision récente peut en effet surprendre, à l’heure où les scandales écologiques se multiplient et représentent un enjeu majeur de santé publique. A la tête de France Télévisions, difficile de justifier l’arrêt du programme dont les deux derniers numéros seront diffusés en mai et à la rentrée. « C’est une conjonction de facteurs avec, par ordre chronologique, le départ de Martin Boudot, qui portait la série dès le premier jour ; ensuite, l’équation compliquée à garder en tête de la désynchronisation entre les révélations et la diffusion de l’émission », expliquait Antonio Grigolini, directeur des documentaires à France Télévisions, début avril Télérama.
Cette annonce de suppression est d’autant plus inquiétante qu’elle intervient quelques mois après une autre similaire : celle de l’arrêt des Revue Santé, déconnecté de France 5 après vingt-six ans de bons et loyaux services. L’émission jouée par Marina Carrère d’Encausse s’est révélée particulièrement incontournable pendant la crise du Covid, avec plus d’un million de téléspectateurs quotidiens.
À qui profitera ce vide ? « A l’heure où toutes les études alertent sur la montée des fake news dans ce domaine (celui de la médecine, ndlr) – notamment sur les réseaux sociaux, canaux majoritairement consultés par des utilisateurs méfiants à l’égard des médias traditionnels –, nous attirons votre attention sur les conséquences d’une telle décision », poursuivent les signataires de la tribune publiée dans Libérer.
Trop peu d’émissions scientifiques
Une autre source d’inquiétude est la diminution de la part des programmes consacrés à la science et à la médecine en général – comme la boîte Sciences grand format, ce qui ne permet pas « elle couvre à elle seule toute la variété des champs disciplinaires ».
Pourtant, l’information scientifique continue de susciter l’intérêt du grand public. Comme en témoigne le succès rapide du magazine Épsiloon, lancé par l’ancienne équipe mensuelle Sciences et vie. A peine deux ans après son lancement, le titre scientifique a réussi à générer ses premiers bénéfices en 2023 dans un contexte de crise de la presse papier, révèle Les Informés. Les raisons d’un tel succès ? « La science était mise de côté jusqu’il y a peu, mais elle est revenue au cœur des enjeux de société avec la crise du Covid, le réchauffement climatique et l’émergence de l’intelligence artificielle », estime la rédactrice en chef du journal Mathilde Fontez. Parole aux sages…
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