France : stabiliser la dette publique implique 60 milliards d’euros d’économies en 2025, selon Rexecode – 10/07/2024 à 18h09
Vue du ministère des Finances et du Budget à Paris, le 9 août 2013 (AFP / BERTRAND GUAY)
Stabiliser la dette publique française impliquerait, à croissance constante, des économies de 60 milliards d’euros en 2025, nettement supérieures à celles prévues par le gouvernement sortant, a estimé mercredi l’institut Rexecode.
Rappelant que la dette publique avoisinait les 110% du PIB fin 2023, l’institut réputé proche du patronat juge dans une note qu’après les élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet, « la nouvelle Assemblée nationale va rapidement se retrouver confrontée au déséquilibre des finances publiques et à la hausse de la dette publique de la France ».
« La plupart des mesures proposées pendant la campagne électorale ont un coût budgétaire élevé et leur mise en œuvre entraînerait un déséquilibre encore plus marqué et de nouvelles augmentations de la dette publique », prévient Rexecode, qui élabore quatre scénarios de finances publiques « pour éclairer les orientations possibles ».
Sur la base d’une prévision de croissance du PIB de 1% en 2025 et d’une fiscalité stable, le deuxième scénario cherche à identifier le montant d’économies nécessaires pour stabiliser la dette à environ 110% du PIB.
« Le calcul montre que stabiliser » la dette à son niveau de fin 2023 nécessiterait « une réduction des dépenses publiques de 60 milliards d’euros à partir de 2025 », écrit Rexecode, qui juge ce scénario insatisfaisant car il implique des coupes radicales et ne permet pas d’investir suffisamment dans « la décarbonation et la transition climatique ».
Le gouvernement sortant a jusqu’à présent communiqué autour d’un objectif d’économies de 20 milliards d’euros d’ici 2025.
Mais elle table sur une croissance de 1,4% en 2025 et une légère hausse de la fiscalité, souligne Rexecode.
De plus, il ne vise pas à réduire la dette publique dès 2025, sa baisse n’étant attendue qu’à partir de 2026. Autant de paramètres qui peuvent expliquer l’écart entre les 60 milliards d’économies avancés par Rexecode et les 20 milliards envisagés avant la dissolution de l’Assemblée nationale par le gouvernement.
Il n’en demeure pas moins que la prévision de croissance du gouvernement pour 2025 est supérieure à celle de la Banque de France (1,2%) ou de l’OCDE (1,3%) et reste dépendante de la politique économique du futur exécutif.
Avec une croissance faible, « il est illusoire d’espérer stabiliser la dette publique, augmenter les dépenses publiques pour mener la transition climatique et augmenter le pouvoir d’achat des ménages », conclut Rexecode.
Dans une note publiée mercredi et consacrée également à la dette publique, les économistes de La Banque Postale Maël Blanchet et Corentin Ponton soulignent que « la prolongation d’une situation de déficit des finances publiques pourrait progressivement éroder » la position avantageuse de la France, qui « a longtemps bénéficié d’un statut d’emprunteur privilégié du fait de sa stabilité politique, de la crédibilité de ses politiques économiques et de son rôle influent au sein des institutions européennes ».
« L’instabilité politique actuelle pourrait être un catalyseur de cette évolution », ajoutent-ils. « A l’inverse, une clarification de la trajectoire financière par le gouvernement au sortir des élections et des assurances sur les actifs traditionnels français (éducation, infrastructures, taille du marché) seraient de nature à rassurer les marchés. »