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France – Nouvelle-Zélande. « Les Français regardent désormais droit vers les All Blacks » : la belle histoire de la préparation des Bleus

France – Nouvelle-Zélande. « Les Français regardent désormais droit vers les All Blacks » : la belle histoire de la préparation des Bleus

À bien des égards, ce France/Nouvelle-Zélande incarne le point culminant de cette parenthèse automnale. Mais alors, le XV de France est-il prêt ou non à répondre au feu que les All Blacks s’apprêtent à déverser sur lui ?

Rangez vos Crunchs, vos Celtes et vos Springboks : France – Nouvelle-Zélande est à ce jour le seul match de rugby capable de mobiliser à ce point l’inconscient collectif, d’attirer ponctuellement l’attention de la multitude et de remplir le Stade de France huit mois avant lui. a donné le coup d’envoi. Aux yeux de nos amis pour qui le ballon ovale n’est généralement rien d’autre qu’une mode occitane ou le joyeux désordre d’un tambourin basque, il n’y a que les All Blacks pour transposer notre respectable folklore sur une scène de plus grande envergure : car le pseudonyme des Kiwis n’a d’abord pas d’équivalent romantique dans le monde du sport, parce que la couleur de leur maillot ravive aussi en nous d’immuables terreurs infantiles ou parce que l’incantation scénarisée qui leur sert de préambule est une chèque en blanc éphémère pour l’expression, tant bien que mal, des instincts les plus fous contenus en chacun de nous.

A cet égard, vous convenez également que le Haka symbolise un tel déchaînement de violence qu’il est à bien des égards indécent que l’adversaire, subitement relégué au rang de témoin, ne puisse riposter dignement sous peine d’amende, comme le donne la danse macabre. ses interprètes une prééminence psychologique évidente. Car il ne s’agit pas ici seulement d’un tendre hochet destiné à divertir les enfants ou à décupler le prix des coupures publicitaires. Il s’agit d’un chant de guerre, d’un appel au meurtre formel, que l’écrivain néo-zélandais Alan Duff décrit ainsi : « Le défi, pour les milliers de guerriers maoris massés devant le colon, est de tuer puis de manger la chair de l’agresseur. Ils boivent le sang des crânes brisés et consomment les pensées mêmes de l’esprit de l’ennemi. Dans ses principes, le Haka des All Blacks a gardé cette signification. Cela signifie plus que le meurtre. Et c’est pourquoi nous gagnons si souvent.

Mais heureusement, il arrive que les All Blacks soient battus et, sur les trois dernières années, l’équipe de France a même réussi deux fois autant de combats. A la tête du XV de France depuis l’hiver 2020, Fabien Galthié est l’un des rares sélectionneurs invaincu face à la Nouvelle-Zélande et depuis peu, Gaël Fickou, l’un des lieutenants de « Galette » en équipe nationale, nous explique pourquoi les internationaux français regardent désormais droit vers les All Blacks : « En France, nous avons aujourd’hui des joueurs tout aussi techniques que les leurs. (…) Pour ma part, je suis fier de pouvoir dire que j’ai battu les All Blacks à deux reprises (2021 et 2023, NDLR) et que je fais partie de cette génération française capable de les dominer. Peu de gens peuvent dire la même chose, je crois. De toute façon, combien de Néo-Zélandais seraient titulaires en équipe de France aujourd’hui ? Le pilier droit Tyrel Lomax, probablement. Beauden Barrett et son frère Jordie, évidemment. Le finisseur Will Jordan aussi. Quant à savoir si Scott Barrett et Ardie Savea sont intrinsèquement supérieurs à Manny Meafou et Grégory Alldritt, reste un débat qui, par nature chronophage et énergivore, n’a pas vocation à se trancher en ces lieux.

La métamorphose des All Blacks

Alors, d’où vient le sentiment diffus, omniprésent et franchement désagréable, qui semble s’être installé ces derniers jours dans notre noble royaume ? Pourquoi les All Blacks de Scott « Razor » Robertson sont-ils plus effrayants que l’an dernier à pareille époque, lorsqu’ils ouvraient sous nos yeux la Coupe du monde en France ? Disons qu’il y a déjà cette somme de faits qu’Eddie Jones, le sélectionneur japonais, nous a vicieusement jeté à la figure samedi soir, dans les entrailles du Stade de France. « L’intensité du Rugby Championship a considérablement augmenté ces derniers temps. Les résultats récents de la Nouvelle-Zélande, de l’Argentine et de l’Australie en témoignent. Ces équipes sont actuellement supérieures à celles de l’hémisphère nord. »

Il y a aussi ces images, tenaces, dures, d’une Angleterre séduisante et pourtant mise à mort par les All Blacks à Twickenham… Ou quel que soit le nouveau surnom qu’on a récemment donné à ce digne pays pour sauver la Rfu de la faillite. . Ou ceux, plus frais encore, des Diables Verts qui dominaient âprement dans des secteurs de jeu qui jusqu’à ce match étaient leur toute-puissance et, de l’Aviva, un stade intact depuis dix-neuf matches. « Ces Kiwis sont capables de passer d’un système de jeu à un autre sans que le résultat global en pâtisse », écrivait lundi notre chroniqueur Richard Dourthe. Les Néo-Zélandais ont battu l’Angleterre en mettant le feu au terrain avant de réduire la voilure en Irlande et d’écraser les greens avec autorité. ».

C’est vrai, fils de chameau. Et si les All Blacks contemporains se sont heurtés jusqu’à présent à ce problème – à savoir ce mélange désarmant de moyens physiques extraordinaires, de qualités techniques irréelles mais aussi d’une quasi indifférence aux délices du combat collectif -, ils ont visiblement décidé d’accélérer leur mue. A tel point qu’aujourd’hui nous sommes nombreux à craindre que la mêlée française, toujours privée d’Uini Atonio, ne souffre autant dans ce domaine que celle des Celtes et des Britanniques, ces dernières semaines…

En équipe de France, il y a beaucoup de talent

Et quand même, au nom de Zeus ? Jusqu’à preuve du contraire, cette équipe française a encore en sa possession une puissance de feu que l’apparition dans la lignée de ce diable d’attaquant qu’est Romain Buros a le pouvoir d’intensifier, une fraîcheur que ces Néo-Zélandais auront en fin de saison. être presque démunis samedi soir et quelques voyous sont encore enclins à faire la guerre, comme Jean-Baptiste Gros, Gabin Villière ou Paul Boudehent sont l’exemple vivant de ce que la foi du mineur de charbon peut réaliser, sur un terrain de rugby.

Alors courage, sacrebleu ! Que ce simple match sonne le glas d’une parenthèse automnale jusqu’alors bloquée par le grand sud ! Que la nouvelle conviction dans l’offensive scandée par l’équipe de France, cet appétit de passe entrevu le week-end dernier face à un adversaire en haillons et que le règne monastique de la « dépossession » avait si longtemps étouffé, enflamme Saint-Denis ! Que le fantôme de la relance du bout du monde pilotée par Romain Ntamack en 2021 et de l’extension extatique qui s’en est suivie sous nos latitudes jaillit désormais de son sarcophage ! Que Manny Meafou ait le même impact sur le rugby d’en haut que sur les tâches ordinaires du Top 14 ou que le phénix des hôtes de ces bois, Antoine Dupont, échappe enfin à la traque lancée contre lui le croque-mitaine d’en face, Wallace Sititi! Et comme si tout cela ne suffisait pas, les « petits » ont toujours milité pour le droit à la défaite. À condition, bien sûr, qu’elle en soit digne…

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