Aujourd’hui, notre chroniqueur Richard Dourthe (49 ans, 31 sélections) a décidé de prendre quelques pas de recul par rapport au dernier France/Nouvelle-Zélande afin d’évoquer un sujet plus satellite pour la sélection : la décision de Matthieu Jalibert de quitter le groupe France. …
J’aurais évidemment mille choses à dire sur cet inoubliable France-Nouvelle-Zélande. J’ai néanmoins l’impression qu’au cours des quinze pages que Midol lui consacre, le terrain est plus que décemment parcouru. Je veux donc aborder autre chose, un fait à la fois lié et satellite à ce match en mondovision : la récente décision de Matthieu Jalibert de quitter le groupe France. Ici, j’entends déjà ce que me diront ses avocats des bords de Garonne, à savoir que l’ouvreur de l’Union Bordeaux-Bègles était considéré pour ce test-match comme un simple « réserviste » et que « sauf accident », il se serait figé dans les tribunes samedi soir. Mais des « accidents » surviennent dans un sport comme le rugby. En ce sens, que serait devenue la ligne d’attaque française si Thomas Ramos avait été blessé lors de l’échauffement ? Aurait-on appelé en urgence Léo Berdeu, dont on ne sait rien de la capacité à survivre à ce niveau ? Allez, soyons sérieux… Mettez de côté vos plaidoiries et laissez-moi penser que ce qu’a fait Matthieu Jalibert la semaine dernière est tout simplement indéfendable. On ne dit pas « non » au XV de France. On ne dit pas « non » à l’équipe que des milliers de jeunes à travers le pays regardent avec les yeux de Chimène. On ne dit pas « non » à ce maillot pour lequel nous sommes désormais quelques-uns, bien qu’insignifiants au regard de la grandeur de l’institution, à avoir transpiré et saigné depuis 1906.
« J’aurais préféré qu’il mette cette force de caractère en défense »
Dès que j’ai appris que le meneur de jeu de l’UBB allait être libéré, je me suis d’abord énervé contre Fabien Galthié, que je pensais avoir tort de s’être complètement passé de Jalibert pour un tel match. Puis, quand j’ai réalisé que la décision appartenait en fait au joueur, mon agacement s’est soudainement transformé en colère. Fabien Galthié ? Il est évidemment dans son rôle lorsqu’il évoque « le droit de choisir » et, concernant son ouvreur, une attitude démontrant une certaine « force de caractère ». Cependant, j’aurais préféré que Matthieu Jalibert mette cela « force de caractère » au service de ses plaquages : car s’il s’était un peu intéressé à cette facette de son sport, il aurait longtemps été le titulaire incontestable du poste, en équipe de France…
Je veux aussi dire à Matthieu Jalibert que s’il a un aussi bon contrat en Gironde aujourd’hui, c’est aussi grâce à la visibilité médiatique et populaire que le XV de France lui offre depuis quatre ans. S’il disparaît sous peu, Laurent Marti (le président de l’UBB, NDLR) a même tout le temps de réviser à la baisse leur futur accord. Pardon ? Vous dites ? Cameron Woki a fait exactement la même chose lors du dernier Tournoi des 6 Nations et je ne l’ai pas croisé ? Je ne suis pas d’accord : Woki a alors demandé à être libéré afin de défendre le maillot du Racing, qui luttait au même moment pour sa qualification. Y a-t-il une journée de Top 14 ce week-end France – All Blacks que j’ai raté ?