France Inter : vague de démissions des comédiens de la station en soutien à Guillaume Meurice
En haut à droite, comme une copie d’étudiant, la date : 12 juin 2024. Au lendemain de son licenciement pour, soi-disant, « déloyauté à répétition », selon la direction de Radio France. Paragraphe de droite, « Chère France Inter ». Guillaume Meurice a choisi d’écrire une lettre à son antenne de longue date, celle qui « était là aussi longtemps qu’il se souvienne « , celui qui » satire savante, liberté de ton, irrévérence Aujourd’hui, il fait ses valises, sous la contrainte : la présidente de Radio France, Sibyle Veil, reproche à l’humoriste d’avoir « enflammé la polémique depuis des mois » avec sa plaisanterie sur le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.
Un homme « triste » laisser l’antenne à « des âmes si sans scrupules »
Si les premières lignes de l’écriture de Guillaume Meurice laissent place à la nostalgie de « ses premières chroniques » au sein de la Maison Ronde, et aux dix années dans l’exposition qui « a changé sa vie », le ton se durcit alors. « Aujourd’hui, mon cœur est lourd », commence-t-il au troisième paragraphe.
Il se dit « triste » laisser l’antenne à « des âmes si sans scrupules « , qui l’oubliera « dès la fin de leur mandat, pour diriger une autre entreprise, benchmarker une start-up ou un ministre « . La suite développe cette idée d’un État qui salit la liberté d’expression, dirigé par des libéraux qui « sont en train de remettre le pays clé en main à l’extrême droite « .
Son licenciement, comme une énième victoire idéologique « . Ce qui suit alors qu’il énumère les menaces qui pèsent sur l’humour et le journalisme est une belle ode à ce qu’ils représentent : le véritable pouvoir démocratique. Il finit par citer Romain Gary à travers les mots de l’héroïne Teresina dans son roman Les Enchanteurs et sélectionne, entre autres , ces mots: « C’est pourquoi, aujourd’hui encore, tous les fléaux du monde craignent par-dessus tout le rire, car il possède des propriétés désinfectantes mortelles pour les Puissants. « .
Mais qui va encore vous faire rire derrière le micro ? Qui fera trembler ces Puissants ? Depuis le présinkate et le licenciement du comédien, les départs se succèdent. D’abord Djamil le Shlag, le 5 mai dernier en direct dans l’émission de Charline Vanhoenacker, après la suspension de Guillaume Meurice.
Depuis, les comédiens Aymeric Lompret » Plus de Guillaume = Plus d’Aymeric » et GiedRé, la linguiste Laélia Véron, ou encore le comédien Thomas VDB qui a déclaré sur X ce 12 juin : « Contrairement à ce qui a été annoncé, je n’animerai finalement pas « Qui veut gagner la flûte à bec » cet été et quitte naturellement France Inter après 16 ans. » Juliette Arnaud, également chroniqueuse sur France Inter, lui emboîte le pas : «Cher Guillaume, là aussi le petit poste de radio qui a toujours été allumé va devoir s’éteindre… Un immense merci à vous et à toute l’équipe, notamment pour votre fidélité. L’Inter est saccagé, mais pas nos luttes, pas nos rires. »
Un seul survivant ?
C’est un mauvais Koh-Lanta, où une seule d’entre elles semble survivre : Charline Vanhoenaker. Si elle semble tenir le coup sur l’île des résignations, elle a tout de même tenu à rendre hommage à sa plus chère coéquipière de l’humour. » intégré » Et « doué », comme elle le décrit sur Instagram.
« Bref, pendant 10 ans, Guillaume a jeté une drôle de lumière sur tous les excès de la haine ordinaire, ce que l’on appelle pudiquement aujourd’hui le « discours décomplexé ». Par son savoir-faire, l’absurde, il a poussé ces excès jusqu’à leurs limites pour faire exploser leur logique toxique. N’est-ce pas ce qu’on appelle « une mission de service public » ? » s’interroge-t-elle avant d’écrire sur le triste avenir réservé à son émission Le Grand Dimanche Soir : « le bouffon licencié, plusieurs de mes camarades ayant démissionné, ma troupe amputée, je vais devoir encore une fois m’adapter. »
Mais avec cela, les journalistes, producteurs, réalisateurs et personnels de production de France Inter semblent tenir le coup. Ils ont rapporté « leur consternation et leur désaccord » dans un message intitulé « On ne rigole plus « . » Cette décision achève le démantèlement prévu depuis plus d’un an d’un programme qui pratique la satire politique. Où d’autre est-il pratiqué aujourd’hui ? La liberté de satire politique reflète la santé d’une démocratie « , ils écrivent.
À l’unisson, le syndicat Sud Radio France auquel appartient l’humoriste, dénonce « un retour à la censure » et estime que « Sibyle Veil déstabilise toute l’entreprise en cédant aux pressions du gouvernement, de l’extrême droite et des groupes privés « . La Maison ronde ne fonctionne plus bien.
De son côté, l’humoriste Waly Dia, dans sa chronique du 2 juin, après avoir rappelé que « c’est la seule émission où plus ça marche, moins on l’entend », jette un autre regard sur la situation : « Je suis convaincu que le plan de la dame est de nous libérer. Donc le fait que tout le monde parte, je ne sais pas si c’est la bonne stratégie si on veut emmerder le management. » Son soutien semble prendre des allures de lutte, qui résonnent avec encore plus de justesse dans le contexte politique actuel où les extrêmes menacent d’accéder au pouvoir.
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