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Bourse Entreprise

« Si vous estimez que ce n’est pas acceptable, faites une loi »

Carlos Tavares, PDG de Stellantis, inaugure le nouveau site d'assemblage de transmissions électrifiées à double embrayage (eDTC) du groupe au complexe Mirafiori à Turin, en Italie, le 10 avril 2024.

Un vote non contraignant mais scruté de près : les actionnaires de Stellantis, réunis en assemblée générale mardi 16 avril, ont validé avec 70,2% des voix la rémunération du directeur général du groupe, qui pourrait atteindre 36,5 millions d’euros pour l’année 2023, selon le rapport financier annuel de l’entreprise, contre 23,5 millions d’euros en 2022 et 19 millions d’euros en 2021.

L’augmentation de sa rémunération est notamment liée au versement d’une prime de 10 millions d’euros pour le « transformation » du groupe créé en 2021 avec la fusion de PSA et Fiat-Chrysler. La rémunération de M. Tavares, 65 ans, comprend des pensions de retraite qui seront versées sur le long terme, mais aussi des primes attribuées seulement s’il atteint les objectifs fixés pour 2025, dernière année de son mandat actuel à la tête du constructeur.

Pour l’exercice 2023, M. Tavares recevra dans un premier temps 23,5 millions d’euros. Versée en grande partie en actions, cette rémunération augmente également avec la valeur des actions du groupe, qui a presque doublé ces trois dernières années. Contrairement à ce qui se serait passé si le siège social de Stellantis était situé en France, le vote des actionnaires sera purement consultatif, la société étant régie par le droit néerlandais.

En déplacement lundi à l’usine de Trémery (Moselle), M. Tavares a assumé cette rémunération, « une dimension contractuelle entre l’entreprise et moi comme pour un footballeur et un pilote de Formule 1 ». « Quatre-vingt-dix pour cent de mon salaire proviennent des résultats de l’entreprise, (…) cela prouve donc que les résultats de l’entreprise ne sont apparemment pas trop mauvais »a réagi M. Tavares au micro de France Bleu Lorraine Nord, ajoutant : « Si vous pensez que ce n’est pas acceptable, faites une loi et changez la loi et je la respecterai. »

Dans la foulée, le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, Boris Vallaud, a annoncé sur son compte qu’il comptait soumettre à nouveau un projet de loi visant à limiter les écarts de revenus dans les entreprises. Le texte, déposé pour la première fois en 2020, appelle également le gouvernement à soumettre un rapport au Parlement pour « évaluer la nécessité d’une évolution de la législation européenne relative à la transparence et à la régulation des écarts salariaux au sein des entreprises dont le siège social est situé dans l’un des États membres de l’Union européenne »comme c’est le cas pour Stellantis. « Nous pouvons être d’accord avec M. Tavares sur un point : c’est la politique qui peut fixer une limite décente aux écarts de revenus »a estimé M. Vallaud.

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« Choquant et scandaleux » pour la CGT

Avec ses 14 marques dont Peugeot, Citroën, Fiat, Dodge et Opel, Stellantis a publié le 15 février un nouveau bénéfice record de 18,6 milliards d’euros pour 2023, en hausse de 11% sur un an. Son chiffre d’affaires avoisine les 190 milliards d’euros.

Plusieurs cabinets de conseil aux investisseurs ont néanmoins recommandé de voter contre cette année, notamment l’agence américaine Glass Lewis, qui a émis « de sérieuses réserves ». « La rémunération est excessive même dans ce contexte »a également informé ISS (pour International Shareholder Services), dans une note, que Le monde consulté.

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De son côté, la Confédération générale du travail (CGT) de Stellantis a décrié un salaire « totalement choquant et scandaleux » équivalent à 100 000 euros par jour, « une augmentation de près de 50%, alors que la plupart d’entre nous n’en avaient que 3,7%, et ont du mal à terminer le mois ». Le grand groupe automobile a annoncé le 15 février qu’il allait redistribuer près de 1,9 milliard d’euros à ses salariés dans le monde. En France, cela représente un minimum de 4 100 euros pour les salaires les plus bas – contre 4 300 en 2023, malgré des bénéfices plus élevés cette année chez Stellantis. Les actionnaires du groupe recevront, de leur côté, environ 7,7 milliards d’euros au titre de l’exercice 2023, entre dividendes et programme de rachat d’actions.

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La rémunération du directeur général avait déjà été critiquée en 2022, notamment par le président de la République, Emmanuel Macron, qui jugeait, entre les deux tours de l’élection présidentielle, « choquant et excessif » la quantité « astronomique » de sa rémunération. Stellantis avance que cette rémunération devrait plutôt être comparée à celle de multinationales comme Boeing aux États-Unis (Dave Calhoun, 33 millions de dollars pour 2023). Le groupe réalise en effet la majorité de ses ventes en Europe, mais tire l’essentiel de ses bénéfices du marché américain.

Le Monde avec l’AFP

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Ray Richard

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