Fonction publique : vers une féminisation accrue des postes d’encadrement

Publié le 5 avril 2023 à 06h30Mis à jour le 5 avril 2023 à 6h43
Le climat social et politique est orageux. Et pourtant, un projet de loi sera examiné mercredi soir au Sénat, qui pourrait rapidement gagner du terrain. Le but? « Renforcer l’accès des femmes aux responsabilités dans la fonction publique ».
Ce texte est l’aboutissement d’une réforme. La loi Sauvadet du 12 mars 2012 a imposé 40 % de premières nominations féminines dans 6 000 postes d’encadrement et de direction dans l’ensemble de la fonction publique.
Elle a été suivie d’effets puisque ces premières nominations féminines, qui ne représentaient que 33 % de ces 6 000 postes d’encadrement en 2013, représentent désormais 42 % pour l’État et les collectivités territoriales, et 41 % pour les hôpitaux. Cela a conduit à une augmentation de la part des femmes dans la haute direction publique. Cependant, il reste inférieur à 40 %.
Objectif supérieur
Porté par l’Union centriste, le projet de loi – qui a été élaboré sur la base des travaux de la délégation aux droits des femmes au Sénat et travaillé avec son homologue à l’Assemblée et au gouvernement – vise à passer à la vitesse supérieure. « C’est la rencontre de deux volontés d’avancer sur le sujet, celle du gouvernement et celle de la délégation aux droits des femmes au Sénat », se félicite le ministre de la Transformation et de la Fonction publique, Stanislas Guerini, insistant sur l’importance de « attirer et retenir ». Il ne boude pas son plaisir de voir débattre « un objet politique qui nous permette de travailler sous une forme consensuelle ».
La loi Sauvadet concernait quelque 6 000 emplois d’encadrement supérieur et de direction. Le texte qui sera débattu mercredi porte ce nombre à 21.600, plus de trois fois plus. La féminisation concernera désormais les établissements publics de l’Etat et le seuil sera abaissé pour les collectivités de 40 000 habitants à 20 000.
Déjà des sanctions
Deuxième point : l’objectif d’augmentation de 40 % du taux de primo-embauche ayant été atteint, elle envisage de le porter à 45 %. « Nous irons encore plus loin par un avenant pour les emplois à la discrétion du gouvernement pour lesquels le taux sera porté à 50 % », précise Stanislas Guerini. Deuxième modification : en cas de non-respect des obligations de premiers rendez-vous, une cotisation est due. Mais des exemptions ont été prévues, dont certaines ont été incluses dans la loi de transformation de la fonction publique. À l’avenir, il n’y en aura plus.
Selon les dernières données financières, 2,16 millions d’euros ont été versés par l’Etat pour non-respect des 40%, qui concernaient six de ses ministères. Le montant versé par les collectivités locales a atteint un total de 1,35 million.
Bientôt un indice d’égalité
Ces deux mesures concernent le flux des rendez-vous, l’objectif étant de faire évoluer les pratiques. Mais compte tenu de la faible féminisation de l’ensemble des postes concernés, la répartition entre femmes et hommes n’évolue que lentement. Sera donc ajouté un critère de stock – l’obligation d’employer au moins 40% de personnes du même sexe -, dont la mise en œuvre s’étalera jusqu’au 1euh janvier 2029.
Enfin, comme Stanislas Guerini l’a annoncé le mois dernier, la fonction publique aura aussi son indice d’égalité tout comme le secteur privé. Il sera inscrit dans le projet de loi et fera l’objet d’un décret, avec trois indicateurs : les écarts de rémunération, les quotas de promotion et les écarts de rémunération des postes d’encadrement. L’objectif est que tout cela soit « opérationnel à l’été », souligne le ministre. Le texte devrait être examiné en juin à l’Assemblée.