Fnac Darty porte plainte contre l’assureur de portables Sfam, après de nombreuses réclamations de clients
La confrontation aura lieu devant les tribunaux. Fnac Darty a confirmé jeudi des poursuites judiciaires contre son ancien partenaire, la Sfam (Indexia), qui vendait des assurances pour téléphones et produits multimédias entre 2017 et 2019 dans les magasins du groupe. L’entreprise fait face à des accusations criminelles pour pratiques commerciales trompeuses.
« Nous avons porté plainte », a déclaré jeudi sur BFM Business Enrique Martinez, directeur général du distributeur, dont beaucoup de clients se plaignent de s’être vu indûment prélevé des sommes qui ont parfois atteint plusieurs milliers d’euros en quelques années. D’anciens clients affirment même avoir été à nouveau facturés début 2024 alors qu’ils avaient résilié leur contrat plusieurs mois ou années auparavant. Un groupe Facebook « Entraide aux victimes » de la Sfam notamment est toujours actif aujourd’hui, suivi par quelque 5.800 personnes.
« Nous les avons aidés »
Alors qu’ils n’avaient souscrit aucune modification de leur contrat, les clients qui avaient par exemple souscrit une assurance d’environ 15 euros par mois pour leur téléphone, auprès de la Sfam, ont vu des déductions de la part de plusieurs filiales du groupe Indexia (Foriou, Serena, Hubside ) multiplier. « Les clients qui avaient ce type de contrat de manière abusive, nous les avons aidés », a assuré Enrique Martinez, confirmant une information du média l’Informé.
« Après de nombreuses alertes et rappels adressés au groupe Indexia, la société Fnac Darty Participations et services a assigné la société Sfam devant le tribunal de commerce de Paris en janvier 2023 afin de l’obliger à traiter les réclamations clients, au moyen d’une astreinte », indique le groupe. a déclaré à l’AFP. Le tribunal a plusieurs fois ordonné à la Sfam de communiquer des documents, notamment des « tableaux récapitulatifs de l’avancement du traitement des réclamations clients », selon une décision de février consultée par l’agence de presse. « La procédure est toujours en cours », ajoute Fnac Darty.
En 2018, le patron d’Indexia, Sadri Fegaier, avait discrètement racheté 11,35% de Fnac-Darty pour 335 millions d’euros. Endetté, le groupe a dû vendre en octobre dernier ses actions qui servaient de garantie à un emprunt. La fin du partenariat Fnac/Sfam intervient après que la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a ouvert en 2018 une enquête qui a abouti à une transaction pénale de 10 millions d’euros. .
Une deuxième enquête a été ouverte immédiatement. Indexia sera cette fois jugée fin septembre pour pratiques commerciales trompeuses devant le tribunal correctionnel de Paris. Indexia et Fnac Darty ont également été poursuivies au civil par environ 400 consommateurs. La première audience aura lieu le 12 septembre à Paris, selon leur avocate Emma Leoty, qui espère obtenir le remboursement de ses clients. Début avril, elle a obtenu la saisie d’environ 45 000 euros sur les comptes de l’entreprise, alors qu’elle avait demandé la saisie de 2,9 millions d’euros. La plupart des comptes de l’entreprise faisaient déjà l’objet d’une saisie.
Crise sociale interne
La Sfam a été maintes fois rattrapée ces dernières années, et ne peut plus commercialiser de produits d’assurance depuis avril 2023. Elle a été mise en liquidation judiciaire par l’Urssaf, l’un de ses créanciers qui lui réclame 11,76 millions. , une affaire ajournée au 24 avril.
La situation est également tendue en interne chez Indexia : des dizaines de salariés et anciens salariés du groupe à Romans-sur-Isère en Ardèche, où se trouve le siège de l’entreprise, réclament des retards de paiement. Invitée mercredi sur France Bleu, la maire divers droite de la ville, Marie-Hélène Thoraval, s’est dite « très déçue » de l’entreprise. « Je demande que les contrats signés avec ces salariés soient honorés », a-t-elle insisté. Quant aux clients, « s’ils ont subi un préjudice, ils doivent être indemnisés », a-t-elle ajouté.
Par ailleurs, d’autres sociétés rachetées par Indexia ont également été récemment mises en cause pour déductions indues. La CNIL a également récemment sanctionné ses filiales Hubside. store (magasins de produits multimédias) et Foriou (programmes de cashback et de fidélité) en leur infligeant une amende totale de 835 000 euros pour « manquement » au consentement à la collecte de données personnelles.
Une autre audience doit avoir lieu vendredi au Mans, mais cette fois, c’est Indexia qui a convoqué l’assureur à l’origine d’une partie de ses contrats, le groupe mutualiste MMA, lui réclamant 1,9 million d’euros. . Le contrat entre les deux sociétés a pris fin le 31 décembre 2023, à l’initiative de MMA. L’assureur a adressé début 2024 un courrier aux assurés dont le contrat était encore géré par Indexia, afin de les informer de la résiliation.