Entre la remise en service d’une navette et l’acquisition d’une flotte électrique, la collectivité renforce son offre. Elle y voit également une alternative crédible à l’utilisation de la voiture.
Le Figaro Nantes
Et si vous preniez le bateau plutôt que la voiture pour aller travailler ? A Nantes, tous les moyens sont bons pour réduire l’usage de la voiture. Piétonisation des rues, transports en commun gratuits le week-end, aménagements cyclables… sans oublier les navettes fluviales, dont le développement s’accélère.
Actuellement, quatre navires diesel assurent deux liaisons régulières sur la Loire (Gare maritime – Trentemoult à Rezé et Bas-Chantenay – Hangar à Bananes à la pointe de l’île de Nantes). Dès fin 2026, ils seront progressivement remplacés par une flotte de cinq « e-navibus » de type catamaran, capables de transporter 150 passagers, jusqu’à 55 de plus qu’actuellement. « Il y a une volonté d’accélérer la transition écologique en nous équipant d’une nouvelle flotte de navires à propulsion électrique, avec des prolongateurs d’autonomie thermique, et un système de recharge rapide pour qu’ils soient électriques. aussi souvent que possible », a annoncé lundi Anthony Descloziers, conseiller métropolitain chargé de la Loire, lors d’une conférence de presse. Des systèmes de biberons seront installés sur les quais pour optimiser les ravitaillements lors des escales. L’investissement s’élève à 36 millions d’euros, « un engagement financier majeur pour la métropole ».
Alternative à la voiture
Cette acquisition, dont les modalités seront à l’ordre du jour du prochain conseil métropolitain, s’accompagne d’une extension d’une ligne navibus déjà existante, dès l’année prochaine, sur la Loire. Et ce nouvel itinéraire attendu entre Trentemoult et Bas-Chantenay s’inscrit dans la continuité d’un Grand Débat sur la Loire réalisé en 2014 et 2015, auquel ont participé 40 000 personnes. L’un des 30 engagements pris à l’époque était de développer de nouvelles navettes fluviales.
La présidente de la métropole, Johanna Rolland, associe ces évolutions à cette grande consultation. « Les Nantais nous l’ont dit, nous voulons renouer avec le fleuve », se souvient celui qui est également maire de Nantes. Tout en défendant ces transports alternatifs, elle est consciente que le sujet, à la frontière de plusieurs politiques publiques, n’est pas toujours facile. « Elle est à la croisée d’une approche de mobilité, parfois fonctionnelle, avec un rapport coût-bénéfice, et d’une approche de qualité de vie, avec le rapport au fleuve »elle explique.
C’est justement cette réflexion qui l’a guidée dans son choix d’envisager le retour d’une navette fluviale sur l’Erdre, autre rivière traversant la ville. Un navibus assure déjà les liaisons sur ce fleuve. L’arrivée récente de la navette Grimaudière-Gachet, reliant la zone industrielle de la Chantrerie à Nantes et La Chapelle-sur-Erdre, devrait simplifier la vie des travailleurs. Testé jusqu’à fin juin, il sera remis en service entre septembre 2024 et juin 2025. « A la fin de l’opération, une évaluation sera réalisée pour déterminer si la navette est suffisamment utilisée pour être durable », précise la métropole. Pour Fabrice Roussel, maire de La Chapelle-sur-Erdre, ce transport « s’inscrit dans une démarche de développement des modes de transports alternatifs à la voiture, notamment pour les déplacements domicile-travail ».
« On parie que l’appétit vient en mangeant »plaisante Bernard Lemoult, coordinateur du collectif Franchir l’Erdre, qui depuis 2011 incite l’institution à y travailler. « L’idée est née avec des entreprises de la Chantrerie et des salariés venus de l’autre côté de la banque. Ils ne pouvaient venir ni à vélo ni à pied car il n’y avait pas d’infrastructures », il se souvient. En 2018, les entreprises elles-mêmes ont contribué à la location d’un bateau à la semaine. Sans cela, les salariés devraient faire un détour de 13 kilomètres pour trouver un pont. Après une première démarche de Nantes Métropole en 2019, qui leur a prêté un bateau, c’est en 2020 que la collectivité a repris le flambeau en demandant à Semitan, qui gère les transports de la ville, de s’en charger. Jusqu’à l’année fatidique de 2023 où, faute notamment d’usagers insuffisants, tout s’est arrêté.
La nouvelle épreuve était inattendue pour Bernard Lemoult, alors que la décision d’arrêter avait été « unilatéral » selon lui. « Nous commençons avec 10 mois par an. C’est bien au-delà de ce que nous pensions initialement. La métropole a mis en place les conditions matérielles et financières pour changer les modes de vie », se réjouit-il. Il est bien conscient des enjeux d’assiduité et du fait que se séparer de sa voiture prend du temps. Si certains se garent dans le quartier avant de monter à bord du bateau, d’autres combinent leur trajet avec le tram-train, tandis qu’une autre catégorie fait tout à vélo en montant à bord. « Cette offre de transport maritime permet de renforcer le maillage du réseau en proposant des traversées de ses fleuves, complémentaires et reliées à tous les autres services de mobilité Naolib », informe la métropole de ces branchements d’eau. L’opposition de droite encourage également cette offre de mobilité. Cependant, suggérant une amélioration. « Le seul inconvénient que nous avons est qu’au lieu d’avoir des connexions directes d’une origine à une destination, nous pensons pouvoir avoir des boucles »suggère Julien Bainvel, élu métropolitain.