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Fitch étrille les objectifs de réduction du déficit de la France

 » Peu ambitieux « ,  » de plus en plus hors de portée « … C’est en ces termes que l’agence de notation Fitch décrit ce mardi les objectifs de réduction du déficit du gouvernement français.

Dans ce commentaire, Fitch, qui avait abaissé la note souveraine de la France de AA à AA en avril 2023, rassure toutefois. Elle estime ainsi que « toute nouvelle mesure de notation négative dépendrait d’une nouvelle aggravation significative de la dette publique, ce que nous considérons comme peu probable. « . Fitch doit publier sa nouvelle notation pour la France le 26 avril.

Jusqu’à 80 milliards d’euros d’économies : l’effort nécessaire pour atteindre un déficit de 3% en 2027 avec une croissance faible (OFCE)

Un déficit loin des prévisions

Pour rappel, en 2023, le déficit atteignait « 154,0 milliards d’euros, soit 5,5% du produit intérieur brut (PIB), après 4,8% en 2022 et 6,6% en 2021 ». Bien loin de la prévision du gouvernement qui était de 4,9%, compliquant encore l’objectif de désendettement affiché par le ministre français de l’Economie. Ce n’est cependant pas la première fois qu’il dépasse les 5% : le déficit avait en effet grimpé à 6,4% en 1993, 7,2% en 2009 et même 9% en 2020.

Toutefois, l’agence de notation précise que, « malgré un déficit plus important que prévu, le taux d’endettement public a légèrement diminué, passant de 111,9% du PIB en 2022 à 110,6%  » l’année dernière,  » reflétant une solide croissance du PIB nominal « . Mais pas de quoi crier victoire trop vite. Selon Fitch, ce niveau,  » le deuxième plus élevé des États souverains dans la catégorie AA », devrait encore « augmenter progressivement jusqu’à près de 113 % du PIB d’ici fin 2025 « .

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Des objectifs « peu ambitieux »

Et pour se remettre sur les rails, le gouvernement a néanmoins réaffirmé sa détermination à revenir sous la barre des 3% du déficit public en 2027, pour respecter le critère de déficit de l’Union européenne.

L’exécutif a déjà annoncé 10 milliards de réductions des dépenses de l’État en 2024 et prévoit 20 milliards d’économies supplémentaires en 2025, en faisant cette fois-ci contribuer à l’effort les administrations de sécurité sociale et les collectivités.

Mais l’agence estime qu’en plus des 10 milliards d’euros  » économies d’urgence » annoncé en février pour 2024, « des mesures budgétaires supplémentaires seraient probablement nécessaires pour atteindre l’objectif du gouvernement de 4,4 % en 2024 et réduire le déficit à 2,7 % d’ici 2027. « .

Des arguments qui font écho à ceux de l’agence de notation Moody’s quelques jours plus tôt. Aux yeux de l’agence, une telle dégradation du déficit public » ça rend ça improbable » l’atteinte par le gouvernement de son objectif de réduction du déficit,  » comme le prévoit son plan budgétaire à moyen terme présenté en septembre « . Elle juge par ailleurs insuffisants les 10 milliards d’économies supplémentaires en 2024.

De son côté, la Cour des comptes évoque 50 milliards d’économies d’ici la fin du quinquennat pour atteindre ce déficit public de 3% d’ici 2027. L’OFCE évoque pour sa part un effort de 70 à 80 milliards d’euros.

Le gouvernement insiste, de son côté, vouloir éviter des augmentations d’impôts, malgré les demandes de plus en plus insistantes de certains députés de la majorité. Réforme de l’assurance chômage, taxation des bénéfices exceptionnels des entreprises, taxation des rentes… Le gouvernement étudie différentes pistes pour réduire la facture.

Premières notes fin avril

Il faudra à tout le moins donner des garanties avant le couperet des agences de notation : Fitch et Moody’s le 26 avril, et surtout S&P le 31 mai. Une dégradation de la note de la France pourrait entraîner une hausse des taux d’intérêt auxquels l’État se refinance sur les marchés et rend plus difficile la gestion de la dette.

D’autant que Fitch estime que « le déficit se réduira plus lentement que dans les projections du gouvernement de décembre et que les nôtres « . En mars, rappelle-t-elle, nous avions relevé nos prévisions de déficit pour 2024 à 5,1% du PIB (au lieu de 4,6%) et celles pour 2025 à 4,4% (au lieu de 4,2%). 2023. Fitch a également abaissé sa prévision de croissance du PIB français de 1% à 0,8% en 2024, contre 1% anticipé par le gouvernement.

Même son de cloche du côté de Moody’s qui s’attend également à une nouvelle hausse du niveau de la dette publique. lentement » à partir de 2024, exposant le pays aux coûts liés aux intérêts » jamais vu depuis plus de 20 ans « . Déjà selon le gouvernement, la France devrait dépenser plus de 74 milliards d’euros en 2027 pour rembourser les intérêts de sa dette, contre 38,6 milliards en 2023.

L’agence estime que le dérapage de 2023 « souligne les difficultés auxquelles est confronté le gouvernement français dans un contexte de faible croissance économique et d’environnement politique intérieur difficile « . Pour elle,  » la situation politique intérieure reste délicate « . Elle rappelle que le président Emmanuel Macron  » n’a pas la majorité absolue au Parlement » dans ce quinquennat, et que son gouvernement « a dû s’appuyer sur l’article 49.3 de la Constitution » à de nombreuses reprises pour faire voter les budgets précédents ou la réforme des retraites l’année dernière sans vote.

(Avec l’AFP)

Ray Richard

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