La Chine paie le prix de ses difficultés économiques. L’agence de notation Fitch a annoncé mercredi avoir abaissé à négative la perspective du crédit souverain du pays. » La révision des perspectives reflète les risques croissants qui pèsent sur les finances publiques chinoises alors que le pays est confronté à des perspectives économiques plus incertaines », a justifié Fitch dans un communiqué.
Le pays a en effet annoncé viser une croissance de l’ordre de 5 % en 2024, l’un de ses objectifs les plus modestes depuis des décennies. Et ce sera sans doute difficile à réaliser. Car l’économie peine à se relancer depuis les années de crise sanitaire. Le gouvernement chinois reste néanmoins plus optimiste que le FMI dans ses prévisions. Selon le Fonds monétaire international, la croissance de la deuxième économie mondiale ne devrait atteindre que 4,6 % cette année.
» Il est regrettable de voir Fitch abaisser sa perspective sur la note souveraine de la Chine. » a immédiatement réagi le ministère chinois des Finances dans un communiqué ce mercredi, estimant que « Les résultats montrent que le système d’indicateurs méthodologiques de notation de crédit souverain de Fitch n’a pas réussi à refléter de manière efficace et proactive les efforts de Pékin pour promouvoir la croissance économique. »
Fitch a néanmoins confirmé la note de crédit de la Chine à « A+ « , une décision qui, selon l’agence, reflète » l’économie vaste et diversifiée du pays, ses perspectives de croissance du PIB toujours fortes par rapport à ses pairs, son rôle essentiel dans le commerce mondial des marchandises, ses finances extérieures solides et le statut de monnaie de réserve du yuan « .
L’agence a toutefois précisé que « ces atouts sont contrebalancés par un endettement élevé à l’échelle de l’économie, des défis budgétaires croissants, un revenu par habitant et des scores de gouvernance inférieurs à ceux des pairs +A+. « .
Le secteur immobilier en crise
La reprise tant espérée de la croissance se heurte à un chômage record chez les jeunes, au manque de confiance des ménages qui freine la consommation, mais surtout à la crise immobilière qui frappe le pays depuis 2021. Après deux décennies de croissance fulgurante avec l’augmentation du niveau de vie de la population, le secteur a longtemps représenté, au sens large, plus d’un quart du PIB chinois.
Mais il a été victime de son enthousiasme. En effet, pendant des décennies, les nouveaux logements en Chine étaient payés avant même leur construction par leurs propriétaires. Dans le même temps, les groupes ont facilement financé leurs nouveaux projets à crédit. Cependant, le gouvernement a estimé que l’endettement massif du secteur représentait un risque majeur pour l’économie et le système financier de l’Empire du Milieu. Pékin s’est donc engagé à durcir les conditions d’accès au crédit pour les promoteurs immobiliers à partir de 2020, tarissant les sources de financement de groupes déjà endettés comme Evergrande qui s’est retrouvé en défaut de paiement pour la première fois en 2021. Le géant de l’immobilier L’entreprise, comme d’autres, cherche désormais à restructurer sa dette par tous les moyens. Le promoteur Country Garden est également en grande difficulté. Quant à Vanke, elle a annoncé fin mars une baisse de 46% de son bénéfice net l’an dernier.
Depuis, plusieurs mesures de soutien au secteur ont été annoncées, comme, en janvier dernier, de nouveaux prêts destinés à parer aux faillites d’entreprises. En 2023 déjà, les banques chinoises avaient accordé près de 10 000 milliards de yuans (1 290 milliards d’euros) de prêts immobiliers, sans que cela n’ait de réels effets sur la crise.
L’Empire du Milieu doit faire davantage pour stimuler l’emploi et stabiliser son marché immobilier, ont reconnu plusieurs ministres le 9 mars. La pression globale sur l’emploi n’a pas diminué et les contradictions structurelles restent à résoudre », a reconnu Wang Xiaoping, ministre des Ressources humaines et de la Sécurité sociale, lors d’une conférence de presse en marge de la session parlementaire annuelle.
Faisant référence aux promoteurs immobiliers » sérieusement insolvable « , il a estimé que » ceux qui ont besoin de faire faillite devraient le faire, et ceux qui ont besoin d’être restructurés devraient l’être. « .
Un déficit public qui se creuse
Ces mesures de soutien au secteur immobilier et, de manière générale, toutes les mesures destinées à soutenir une économie en reprise – les finances sont exsangues après trois années de dépenses faramineuses pour lutter contre le Covid – ne sont pas sans conséquences. Cela a en fait creusé le déficit public à 3% du PIB. En 2024, ce ratio doit rester le même, a soutenu le Premier ministre chinois Li Qiang.
Car les dépenses publiques vont augmenter avec un budget fixé à 28 500 milliards de yuans (3,649 milliards d’euros). C’est 1,1 milliard de yuans (141 milliards d’euros) de plus que l’année dernière. La Chine va également émettre 1 000 milliards de yuans (128 milliards d’euros) d’obligations d’État pour « renforcer (ses) capacités » dans des domaines clés. Dans le même temps, 3 900 milliards de yuans (près de 500 milliards d’euros) d’obligations seront émises pour soutenir les autorités locales. Dans le même temps, la crise immobilière prive le pays d’une importante source de revenus.
(Avec l’AFP)