Fiscalité aérienne : le patron d’Air France-KLM monte au créneau : Actualités
Le patron d’Air France-KLM s’est prononcé vendredi contre le projet du gouvernement français d’augmenter les taxes sur le transport aérien, le qualifiant de « choc » pour son groupe et de « nouveau coup dur pour l’ensemble du secteur ».
« Si ce projet de taxation était mis en œuvre, il aurait un impact significatif sur la compétitivité de nos compagnies, Air France, KLM et Transavia », a prévenu le directeur général de la compagnie franco-néerlandaise, Benjamin Smith, dans un communiqué transmis à l’AFP.
Le dirigeant, qui ne s’était pas encore exprimé depuis que cette éventuelle mesure a été dévoilée début octobre puis officialisée jeudi soir lors de la présentation du projet de loi de finances (PLF) pour 2025, a prévenu que « la France est en passe de devenir le pays dans l’Union européenne qui taxe le plus le transport aérien.
Bercy a confirmé jeudi l’objectif d’une taxation d’un milliard d’euros supplémentaire, un montant évoqué en début de semaine dernière par la principale organisation française du secteur, la Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (Fnam).
Mais alors que le triplement de la « taxe de solidarité sur les billets d’avion » (TSBA) a été évoqué, une source gouvernementale a refusé de s’engager jeudi sur les modalités. Si la mesure doit être introduite dans le PLF, ce sera par amendement et non dans le texte principal.
« Une mesure visant à augmenter la fiscalité sur les billets d’avion est effectivement envisagée », a précisé cette source, précisant qu' »une étude d’impact est actuellement en cours par les services de l’Etat », car « il y a de nombreux paramètres à prendre en compte ». L’aviation d’affaires sera également visée par ce « verdissement » de la fiscalité, selon Bercy.
– Crainte de distorsion de concurrence –
L’annonce d’une étude d’impact répond à au moins un des constats de la Fnam, qui s’est dite surprise par l’absence d’évaluation préalable.
Son président Pascal de Izaguirre, parlant également d’un secteur « en état de choc », avait alerté d’une perte supplémentaire de compétitivité des compagnies aériennes françaises par rapport aux transporteurs étrangers.
« Face à des concurrents bénéficiant d’un environnement fiscal et réglementaire plus avantageux, les entreprises françaises continuent de perdre du terrain. Les distorsions de concurrence n’ont jamais été aussi fortes en France. Ce n’est plus acceptable», a insisté vendredi M. Smith.
Cette dernière, dont l’entreprise est contrôlée à 28% par l’État français et a été sauvée de la faillite lors de la crise sanitaire en 2020 grâce à l’intervention des pouvoirs publics, a fait valoir qu’Air France-KLM « irrigue des pans entiers de l’économie française – secteur touristique en le leader.
« Nous sommes fortement engagés dans la décarbonation de nos activités, avec des dizaines de milliards d’euros d’investissement dans le renouvellement de notre flotte et l’intégration de carburant d’aviation plus durable, dont nous sommes le plus gros acheteur au monde », a-t-il souligné.
« Nous sommes déterminés à aller plus loin et plus vite, mais nous n’y parviendrons que si nous luttons à armes égales contre nos concurrents », a prévenu M. Smith.
De nombreuses voix dans le secteur aérien se sont élevées contre ce nouveau projet de fiscalité en France, de la puissante Iata, organisation regroupant plus de 330 entreprises du monde entier, aux syndicats de pilotes et de personnel navigant commercial.
Le PDG sortant de l’exploitant des aéroports parisiens (ADP) Augustin de Romanet, dont l’entreprise a déjà été frappée en 2024 par une nouvelle taxe sur les infrastructures longue distance, a également réclamé une étude d’impact, demandant de réfléchir « très sérieusement » aux conséquences. sur « la compétitivité des compagnies aériennes françaises, du transport aérien (et) l’attractivité de notre pays ».
L’ONG Transport & Environnement a en revanche salué « une mesure qui va dans le bon sens » et qui compensera en partie les exonérations fiscales dont bénéficie depuis longtemps le secteur, dont l’absence de taxation des carburants.
Le Réseau Action Climat a pour sa part appelé vendredi à ce que le projet gouvernemental « se concrétise le plus rapidement possible et que les recettes soient orientées vers la rénovation du réseau ferroviaire ».
publié le 11 octobre à 16h43, AFP