Depuis une décennie, l’Islande est devenue une destination incontournable pour les amateurs de paysages grandioses et d’expériences authentiques. Pourtant, en ce début 2025, le pays décide de freiner l’essor de son secteur touristique. Hausse des taxes, encadrement des locations saisonnières, baisse des investissements hôteliers… Derrière ces mesures, une volonté claire : réduire la dépendance au tourisme et préserver un équilibre entre développement économique et protection de l’environnement. Une décision qui intrigue autant qu’elle divise.
Un succès qui se tourne au casse-tête
Avec 2,5 millions de visiteurs par an, l’Islande accueille près de six fois sa population. Ce boom touristique, accéléré après la crise financière de 2008, a permis de redresser l’économie, mais à quel prix ? Les infrastructures saturent, les prix de l’immobilier explosent, les sites naturels souffrent. Certains lieux emblématiques, comme le Cercle d’Or, sont envahis au point de perdre leur caractère sauvage. Reykjavik voit ses habitants fuir le centre-ville, où les logements sont accaparés par les locations touristiques.
Autre problème majeur : l’impact sur l’environnement. Routes endommagées, érosion des sols, gestion complexe des déchets, l’Islande peine à contenir les effets d’un tourisme de masse sur un territoire aussi fragile. Les Islandais eux-mêmes commencent à exprimer leur lassitude face à une industrie qui, si elle a sauvé l’économie, pèse désormais sur leur qualité de vie.
Un plan gouvernemental ambitieux et bien pensé
Pour reprendre la main, le gouvernement islandais met en place une série de mesures restrictives. La première cible : la fiscalité. Une nouvelle taxe touristique va voir le jour, destinée à financer l’entretien des infrastructures et la protection des sites naturels. Les locations Airbnb et autres hébergements saisonniers seront davantage encadrés pour limiter leur impact sur le marché immobilier.
Mais la véritable nouveauté réside dans la volonté de diversifier l’économie. Plutôt que de tout miser sur le tourisme, l’Islande veut développer des secteurs à forte valeur ajoutée, comme les énergies renouvelables et les technologies de la donnée. Grâce à son potentiel en géothermie, le pays ambitionne d’attirer des entreprises spécialisées dans les centres de données et l’intelligence artificielle, tout en réduisant son empreinte écologique.
L’Islande mise-t-elle sur un pari risqué, ou visionnaire ?
Cette décision ne fait pas l’unanimité. Les professionnels du tourisme craignent une baisse brutale des revenus et certains investisseurs s’inquiètent d’un coup de frein trop abrupt. Fait intéressant, alors que le gouvernement veut limiter le tourisme, la compagnie aérienne islandaise Play Airlines poursuit son expansion en renforçant ses liaisons vers l’Europe. Un contraste révélateur des tensions entre les acteurs économiques du pays.
D’un autre côté, cette stratégie pourrait faire de l’Islande un modèle de tourisme durable. En misant sur la qualité plutôt que la quantité, le pays espère préserver son environnement tout en maintenant un flux touristique maîtrisé. D’autres destinations confrontées au surtourisme, comme Venise ou Barcelone, observent ce virage avec attention.
Alors, l’Islande signe-t-elle la fin de son eldorado touristique ou ouvre-t-elle la voie à un modèle plus durable ? Si cette transition est bien menée, elle pourrait devenir une référence mondiale en matière de gestion touristique, prouvant qu’un juste équilibre est possible entre attractivité et préservation.
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