Fin des moteurs thermiques : l’objectif 2035 sera « compliqué » à tenir, juge le patron de Renault – 22/07/2024 à 09:17
Luca de Meo, PDG de la marque au losange, a souligné l’ampleur du défi de l’électrification posé aux constructeurs automobiles, qui selon lui auront besoin de quelques années supplémentaires par rapport aux objectifs fixés par la feuille de route européenne.
Luca de Meo, le 6 décembre 2023, à Boulogne-Billancourt (AFP / ALAIN JOCARD)
« Nous ne sommes pas encore sur la bonne trajectoire », a-t-il ajouté dans une interview accordée à plusieurs titres de presse européens, dont
Les échos
Le patron de Renault, Luca de Meo, a exprimé lundi 22 juillet ses réserves sur les objectifs européens de vente de voitures thermiques neuves, dont l’interdiction totale espérée d’ici 2035, un cap « compliqué » à tenir. Le PDG de la marque au losange s’inquiète des échéances à venir fixées par cette feuille de route, appelant à « de la flexibilité dans le calendrier ».
Spectre de sanctions à plusieurs milliards dès 2025
« Vous parlez tous de 2035, mais avant cela, il faut regarder les échéances de 2025 et 2030.
La majorité des pays n’ont pas dépassé à ce jour 7% de parts de marché dans les véhicules électriques, alors que les constructeurs sont appelés à atteindre plus de 20% l’année prochaine.
et que le marché européen est globalement à 15% », prévient-il, exprimant son inquiétude quant au système de pénalités prévu par le règlement CAFE (en termes de seuils d’émission de CO2),
ce qui pourrait coûter aux industriels 10 milliards d’euros par an à partir de 2025
.
« Passer de 10 % de part de marché pour les VE (véhicules électriques, ndlr) à 100 % en douze ans, c’est vraiment très compliqué », juge-t-il. « Il faut un peu plus de souplesse dans le calendrier », a-t-il ajouté, rappelant que lorsque la décision d’interdire la vente de moteurs thermiques d’ici 2035 a été prise, « la position de la France et celle du groupe Renault était plutôt de dire
que 2035 était trop tôt et qu’il fallait plutôt viser 2040″
.
« Il ne faut pas refuser le progrès »
« Nous ne sommes pas encore sur la bonne trajectoire pour atteindre 100% de voitures 100% électriques d’ici 2035. (…) Il ne faut cependant pas exploiter le ralentissement actuel du marché pour abandonner purement et simplement l’objectif. Ce serait une grave erreur stratégique », a également souligné le patron de Renault. M. de Meo rappelle que l’industrie automobile a « investi des dizaines de milliards d’euros dans la transition » vers l’électrique et qu’il ne faut pas « les jeter par les fenêtres ».
Par ailleurs, « il ne faut pas refuser le progrès » et « l’électrification de l’automobile fait partie du progrès », a-t-il insisté. « La question est celle du rythme », a expliqué M. de Meo, soulignant que « la majorité des pays n’ont pas encore dépassé 7% de part de marché dans les véhicules électriques à ce jour ».
« L’écosystème doit avancer ensemble, tous ensemble. C’est de cela que je parle quand je demande de la flexibilité et de l’agilité », explique-t-il.
En février, M. de Meo avait déjà jugé qu’un retour à l’interdiction des voitures à essence et diesel en 2035 serait le bienvenu mais compliqué.
Regardez aussi les carburants
« J’espère que l’interdiction entrera en vigueur un peu plus tard, car je pense que
nous ne pourrons pas le faire sans nuire à l’ensemble du secteur
et l’ensemble de la chaîne de valeur automobile européenne », a-t-il déclaré au Salon de l’automobile de Genève.
Finalement, pour le patron de Renault, « la voiture électrique n’est qu’une des solutions » pour décarboner le secteur automobile. Pour lui, il serait « plus judicieux d’accélérer en même temps la rénovation du parc » et de « regarder ce que l’on peut faire en termes de types de carburants ». « Dans les dix prochaines années, il n’y aura pas assez de voitures électriques pour vraiment impacter la décarbonation. (…) A la roulette, on ne peut pas tout miser sur une seule couleur », conclut-il.