Fin de vie, Nouvelle-Calédonie, dette française… Quel avenir pour les travaux en cours à l'Assemblée ?
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Fin de vie, Nouvelle-Calédonie, dette française… Quel avenir pour les travaux en cours à l’Assemblée ?

Fin de vie, Nouvelle-Calédonie, dette française… Quel avenir pour les travaux en cours à l’Assemblée ?

DÉCRYPTION – Les projets de loi et commissions d’enquête ont été suspendus, voire automatiquement supprimés, après la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron.

Une décision qui a surpris tout le monde. Et notamment les fervents défenseurs du projet de loi sur la fin de vie qui était en première lecture à l’Assemblée nationale depuis près de deux semaines. Et pour cause : la dissolution de la chambre basse, prononcée par le président de la République après la défaite écrasante de sa liste aux élections européennes du 9 juin, entraîne la disparition pure et simple du travail parlementaire en cours dans cette chambre.

« Tout ce qui était à l’Assemblée nationale est mort : les projets de loi, les propositions de lois, les commissions d’enquête, les missions d’enquête »explique le constitutionnaliste Benjamin Morel. «Ceux-ci ne sont pas suspendus comme on pourrait le croire, mais ils disparaissentinsiste de son côté le professeur de droit public Guillaume Drago, depuis que les députés ont perdu leur mandat ».

« Commencer depuis le début »

Et parmi les textes les plus emblématiques, le projet de loi sur la fin de vie souhaité par le président de la République lui-même. Pourtant, les députés étaient arrivés à l’article 7 du projet de loi après des jours de débats animés. Mais le texte n’ayant pas été adopté en première lecture, son examen est désormais considéré comme nul. « Je suis triste de voir la loi « Fin de vie » soudainement arrêtée », a déploré Olivier Falorni (Démocrates), député et rapporteur du texte. Lorsque la présidente de l’Assemblée nationale avant la dissolution, Yaël Braun-Pivet, exprimait ses regrets France2 : « Le texte sur la fin de la vie, tout ce que nous avions jusqu’à présent comme voie parlementaire est détruit. » Ce dernier a ainsi regretté « tous les débats qui ont eu lieu en commission spéciale et dans l’hémicycle (et cela) n’existe plus ». De nombreux acteurs des soins palliatifs et soignants opposés au suicide assisté et à l’euthanasie ont au contraire vu une occasion inespérée d’enterrer cette loi.

Si le nouveau gouvernement, nommé à l’issue des élections législatives qui se tiendront les 30 juin et 7 juillet, souhaite engager de nouveaux travaux sur la fin de vie, « il va falloir recommencer le processus depuis le début », précise le constitutionnaliste Guillaume Drago. C’est-à-dire : préparation du projet de loi, consultation du Conseil d’Etat, adoption en Conseil des ministres puis la navette parlementaire entre les deux assemblées avant adoption et promulgation.

Ces élections législatives anticipées enterrent également le projet de loi relatif à la réforme de l’audiovisuel public qui devait être examiné en séance publique – après report – entre le 24 et le 26 juin. Parmi les amendements du gouvernement, le regroupement de France Télévisions, Radio France, France Médias monde et l’INA en holding en 2025 était à débattre. Cette loi, farouchement défendue par Rachida Dati, a provoqué une grève dans le secteur en mai dernier.

Un avenir incertain

Les textes qui ont été adoptés en première lecture à l’Assemblée avant la dissolution connaissent cependant un sort différent. «Si un texte a été déposé sur le bureau du Sénat, les discussions à ce sujet pourront reprendre une fois la nouvelle chambre basse élue. En fait, la coutume veut que le Sénat attende que les députés siègent.», explique le constitutionnaliste Didier Maus. Mais cela peut faire débat, nuance Guillaume Drago. « En termes de logique des institutions, on peut aussi penser que ce qui est dans le placard doit rester dans le placard. Car la législature des députés qui ont voté le texte est terminée, et ce dernier a donc été voté par une Assemblée nationale qui n’existe plus., argumente encore le spécialiste. Reste à savoir quelles options seront retenues.

Il existe enfin des cas plus spécifiques, comme celui du projet de loi constitutionnelle portant dégel du corps électoral de Nouvelle-Calédonie. Ce texte a été adopté par l’Assemblée nationale dans la nuit du 14 au 15 mai, dans les mêmes termes qu’au Sénat, ouvrant ainsi la voie à son adoption définitive au Congrès de Versailles. « Le texte existe, il a été formalisé, il peut donc tout à fait être voté au Congrès »soutient Didier Maus, même si les députés de cette assemblée exceptionnelle ne sont pas ceux qui ont initialement voté le texte.

Le projet constitutionnel devait cependant entrer en vigueur avant le 1er juillet (selon l’article 2), date à laquelle le texte aurait donc déjà dû être voté par les deux chambres réunies au Congrès. « Comme les deux chambres ne peuvent évidemment pas être réunies dans ces délais, le projet de loi ne devient-il pas obsolète ?, interroge le constitutionnaliste Guillaume Drago. Pour l’instant, impossible de savoir ce que deviendra ce texte.

En fin de compte, ce sont les commissions d’enquête qui disparaissent avec les députés. Parmi les plus importantes, celle sur les carences des politiques de protection de l’enfance. «C’est un vrai sujet dans les départements», soutient Guillaume Drago. Idem pour la commission qui a enquêté sur les violences sexuelles et sexistes commises notamment dans l’industrie du cinéma ou celle qui s’est intéressée aux raisons de « la très forte croissance de la dette française depuis l’élection présidentielle de 2017 ».

La réforme de l’assurance chômage, qui doit entrer en vigueur le 1er décembre, n’est pas affectée. Elle fait en effet l’objet d’un projet de décret, qui ne nécessite pas l’intervention de l’Assemblée nationale.

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