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Fin de la retraite paisible de l’ancien gouverneur syrien en Californie

Des détenus syriens après leur libération de la prison d'Adra, dans la banlieue nord-est de Damas, le 15 janvier 2013.

Droit comme un « i », au garde-à-vous et en costume noir, Samir Othman Al-Cheikh fait face au président syrien Bachar Al-Assad dans une salle de réception du palais présidentiel à Damas en 2011. L’homme est au sommet de sa carrière. Il vient d’être nommé gouverneur de la province de Deir ez-Zor, qui borde l’Euphrate. Alors que la Syrie s’enfonce dans la guerre civile, M. Al-Cheikh doit prendre en main la situation dans cette région de l’est du pays : une tâche qu’il s’acquittera avec zèle.

C’est une autre image, prise onze ans plus tard, en 2022, qui allait provoquer sa chute. Samir Othman Al-Sheikh était alors établi en Californie, où il avait obtenu un visa d’immigrant. Il a été reconnu, sur une photo partagée sur les réseaux sociaux, par une de ses compatriotes, originaire d’Idlib comme lui. Elle a alerté le militant des droits de l’homme Omar Alshogre. Ce rescapé des geôles syriennes, devenu un visage connu de l’opposition anti-Assad, s’est lancé sur la piste de Samir Othman Al-Sheikh, l’a localisé et a transmis l’information aux autorités américaines.

Le 10 juillet, des agents du département américain de la Sécurité intérieure ont arrêté M. Al-Sheikh, 72 ans, à l’aéroport international de Los Angeles alors qu’il s’apprêtait à embarquer sur un vol pour Beyrouth, la capitale libanaise. La veille, un juge avait émis un mandat d’arrêt à son encontre à la demande des services de sécurité. Il est le plus haut responsable du régime syrien arrêté à l’étranger depuis 2011. Il est accusé d’avoir menti aux services d’immigration lors de sa demande de visa puis de sa demande de citoyenneté américaine.

Localisé via les réseaux sociaux

« Samir Othman Al-Sheikh a été arrêté pour tentative de fraude à la naturalisation. Il a menti sur ses documents officiels, notamment sur sa demande de visa. », explique Maria Cure, membre de l’ONG américaine Syrian Emergency Task Force. M. Al-Sheikh a ainsi déclaré sous serment qu’il n’avait « commis, ordonné, instigué, aidé ou participé de quelque manière que ce soit à des exécutions extrajudiciaires, des assassinats politiques ou d’autres actes de violence. » M. Al-Sheikh est également accusé d’avoir fourni de faux documents et de fausses informations. Ces délits sont passibles d’une peine pouvant aller jusqu’à dix ans de prison.

Lire aussi (2023) | Article réservé à nos abonnés Le régime syrien visé par une plainte pour torture devant la Cour internationale de justice

Avant de prendre la tête du gouvernorat de Deir ez-Zor, le responsable syrien a dirigé la prison d’Adra, dans la banlieue de Damas, où des milliers d’opposants politiques ont été incarcérés, de 2005 à 2008. Au moins cinq anciens détenus de ce pénitencier ont porté plainte contre lui pour torture et meurtre. Ils affirment que M. Al-Sheikh se promenait dans la prison, approuvant les exécutions et regardant les détenus se faire pendre dans une cour de l’établissement appelée « place des exécutions ».

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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