Filtres à cigarettes : pourquoi le Comité national contre le tabac réclame leur interdiction

La France compte, selon Santé publique France, 12 millions de fumeurs. Un taux de tabagisme toujours très élevé qui fait plus de 75 000 morts par an en France et environ huit millions dans le monde. Et alors que ce constat alarmant montre pour la énième fois la dangerosité du tabac sur la santé, la question de la réelle utilité des filtres se pose.

Un leurre sanitaire

» Je ne me vois pas fumer sans filtre. Je me dis que ça doit au moins arrêter certaines particules toxiques et que ça limite mon risque de cancer », rassure Quentin, 23 ans, fumeur depuis 4 ans.

Cependant, ce qu’il ne sait pas comme la grande majorité des fumeurs, c’est que ces fameux filtres l’incitent à consommer du tabac plus dangereusement que sans filtre. » Les filtres modifient la perception du tabagisme. Les lobbyistes suggèrent que leur utilisation limite grandement le risque de cancer. En réalité, les cigarettes consommées avec des filtres incitent les fumeurs à prendre des bouffées plus longues, plus profondes, plus dangereuses et ne limitent même pas les risques pour la santé », explique François Topart, chargé de plaidoyer et de recherche au CNCT.

Pour lui, l’utilisation de filtres est un leurre créé par une industrie du tabac qui n’avait d’autre solution, lorsque la dangerosité de la cigarette a été avérée, que de proposer un gadget pour que son marché ne s’effondre pas. . » Les filtres, au-delà d’être inutiles pour la santé, sont nocifs. La recherche en oncologie a démontré leur lien direct avec certaines formes d’adénocarcinome« , précise-t-il.

Le subterfuge du filtre biodégradable

Si le filtre n’est pas le seul polluant plastique sur lequel interrogent les négociations intergouvernementales en cours sur l’élimination de la pollution plastique, ce sont, selon un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 4 500 milliards de mégots jetés chaque année. dans le monde. Des chiffres exponentiels également dénoncés par la CNCT.

» Les lobbyistes savent que les filtres, comme les autres plastiques à usage unique, vont être interdits et se réfugier derrière les biodégradables. Ils font penser aux consommateurs que ces filtres sont une alternative, mais non seulement ils sont tout aussi cancérigènes mais ils ne sont pas non plus bons pour la planète. Il faut des conditions très spécifiques pour qu’elles se dégradent et ces conditions n’existent pas dans la nature», détaille François Toppart.

Depuis la loi AGEC portée par Elisabeth Borne en 2020 qui prévoit plusieurs mesures encourageant une économie circulaire, les cigarettiers se sont plongés dans les failles de celle-ci en mettant en place le projet « Alcome ».

Sous couvert d’une initiative de dépollution et de collecte de mégots dans l’espace public, il s’avère que leurs actions ne sont qu’un subterfuge pour camoufler le vrai problème : la production de cigarettes. «La CNCT, mais aussi 130 acteurs de la santé, veulent que les filtres soient interdits et que les cigarettiers paient pour la pollution. Il est inutile de monter des projets qui ne changent rien à leur système de production polluantconclut le chercheur.